Camille Sanchez : Pourquoi avez-vous choisi la médecine esthétique ?

Isabelle Sarfati : Cela va paraître étrange mais j’ai longtemps eu envie d’être réalisatrice avant de me tourner vers la médecine. Et là j’ai su que je voulais faire de la chirurgie plastique. Quand j’opère quelqu’un, je me demande juste si ça va être joli. C’est ce challenge qui m’a toujours motivé.

Vous racontez que vous êtes vous-même consommatrice de chirurgie ?

Je voulais absolument être l’élève du grand chirurgien Paul Tessier. Pour le rencontrer le plus facile a été d’aller le consulter en tant que patiente. Je lui ai parlé de mon nez même si je n’étais pas sûre de vouloir me faire opérer. Il m’a convaincue de toucher seulement le menton pour rééquilibrer le visage. Sa vision globale m’a bluffée et j’ai accepté. J’avais 22 ans.

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Vous parlez sans filtre dans votre livre. Comment est née l’idée d’écrire ?

Quand M6 m’a proposé de participer aux Chirugiens de l’espoir – une série documentaire sur la chirurgie plastique, et qu’un caméraman m’a accompagnée pendant 3 mois, l’envie de réaliser ma propre série m’a chatouillée. Finalement c’est un livre que j’ai écrit, et je suis en pourparlers pour l’adaptation du scénario pour une série, mais je ne peux pas en dire plus.

Quelles sont les limites que vous vous donnez avec vos patient(e)s?

Je ne suis pas juge, ni flic. Quand je reçois une patiente, je me pose trois questions : est-ce techniquement réalisable ? Puis-je le faire ? Sera-t-elle satisfaite du résultat ? Si la réponse est oui, je n’ai pas de raison de refuser si je pense que la personne sera vraiment contente. C’est une question de satisfaction du résultat à long terme.

Ne dit-on pas qu’il faut s’accepter comme on est ?

Le principal est le résultat. La chirurgie est une arme de liberté si on l’utilise correctement. On est obligé de s’accepter à 99%. Moi je vais jouer sur les 1%.

Avez-vous été confrontée à des ratages ?

Il arrive –très rarement- qu’il y ait des loupés. Il y a des ratages objectifs, le résultat n’est clairement pas bon, mais aussi des opérations techniquement parfaites mais qui ne répondent pas aux espérances de la patiente.

On lit dans votre livre que pour certaines personnes, en particulier les femmes, cette chirurgie est synonyme de renaissance.

En chirurgie réparatrice, c’est merveilleux de participer à une reconstruction. On est face à des femmes abîmées après un lourd combat contre le cancer du sein, où leur offrir un résultat satisfaisant est une victoire absolue.

Quelles sont les opérations les plus demandées ?

En tête la liposuccion, puis l’augmentation mammaire, suivi de la chirurgie des paupières, et enfin le nez. J’ai eu envie de me spécialiser dans le sein, un domaine que je maîtrise, même si on ne maîtrise jamais complètement un domaine.

Transformer quelqu’un vous procure-t-il un sentiment de toute-puissance ?

On oscille entre humilité et toute-puissance. Pour s’autoriser à prendre un bistouri, il faut avoir du courage. On suit des procédures très précises. Je n’oserai jamais faire quelque chose que je ne sais pas faire, je serai terrifiée.

Vous êtes la fondatrice de l’association Solidarité Perruques. Comment vous est venue l’idée ?

Je me suis rendue compte qu’il y avait une seconde vie pour les perruques dont n’avaient plus besoin mes patientes, anciennement atteintes d’un cancer du sein. Ces perruques pouvaient servir à d’autres femmes qui n’ont pas forcément les moyens de mettre entre 1.000€ et 2.000€ dedans. Aujourd’hui mon association Solidarité Perruques est un peu au ralenti et dans mon livre je lance un appel pour trouver quelqu'un qui veuille bien prendre le relais car je n’arrive pas à m’en occuper à plein temps.

livre sarfati chirurgie couverture 

 « Histoires plastiques », Isabelle Sarfati, éditions Stock. Parution le 1er février 2018, 18.50€