Le congé paternité en France double et passe de 14 à 28 jours

Congé paternité
Emmanuel Macron doit confirmer ce mercredi 23 septembre que la durée du congé paternité va doubler en France, à partir de juillet 2021. Les nouveaux pères pourront ainsi bénéficier d'un congé de 28 jours.

Doublé. Ce mercredi 23 septembre, Emmanuel Macron, en déplacement dans un centre de protection maternelle et infantile (PMI) en Essonne, devrait annoncer le doublement de la durée du congé paternité, passant alors de 14 à 28 jours.

Le congé paternité prolongé à partir de juillet 2021

Cette mesure "entrera en vigueur en juillet 2021", a précisé le secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, car elle figurera dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

À partir du 1er juillet 2021, il passera de 11 jours, week-end inclus, à 25 jours, week-end inclus, financés par la branche famille de la Sécurité sociale.

Pour arriver aux 28 jours annoncés, il faut y ajouter les trois jours auxquels ont déjà droit les pères à la naissance de leur bébé ou à l’arrivée dans le foyer d’un enfant adopté, à la charge de l’employeur. De même qu’actuellement, lorsqu’on parle de 14 jours de congés paternité, on additionne ces trois même jours aux 11 petits jours prévus.

L'Élysée indique que le coût de cette mesure est évalué entre 250 millions et 260 millions d’euros pour 2021 (de juillet, mois de sa mise en vigueur, à décembre) et autour de 500 millions d’euros à partir de 2022, pour une année complète.

Le gouvernement n'a pas suivi les recommandations d'experts

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, qui présidait une commission d’experts sur les "1000 premiers jours de l’enfant", a remis son rapport à Adrien Taquet, le 8 septembre dernier. Dans ce document, les spécialistes préconisaient d’étendre le congé paternité à neuf semaines, fractionnables, au nom des "effets positifs sur le développement de l’enfant".

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Leur recommandation n’a donc pas été suivie par le Gouvernement. L’Élysée s’en défend ce mardi soir, en assurant que "cette durée ne recueillait pas les suffrages des Français". "Doubler, c’est déjà un changement massif", dit aussi l’Élysée, qui se félicite de "faire passer la France d’une position médiane au peloton de tête des pays européens les plus en avance, aux côtés de l’Espagne, de la Finlande, de la Norvège et du Portugal".

Le Gouvernement entend introduire "une part obligatoire" pour ce congé paternité, sur le modèle actuel du congé maternité, avec lequel les mères ont l’obligation d’être auprès de leur enfant au moins huit semaines sur les seize auxquelles elles ont droit.

Une part de ce congé obligatoire

"Pour nous, l’obligation, c’est à la fois un enjeu de protection, mais aussi de justice sociale pour que le congé paternité soit bien accessible à tous, indépendamment de la nature du contrat de travail du deuxième parent", détaille l’Elysée.

Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales souligne que les nouveaux pères bénéficiant de ce congé ont, en majorité, des emplois stables. Et 13% seulement de pères demandeurs d’emploi y ont recours. Ces fortes disparités s’effaceraient en rendant une part au mois du congé obligatoire.

Par ailleurs, une amende de 7500 euros est aussi envisagée pour contraindre les entreprises à respecter ce nouveau droit.

Sentiment mitigé du côté des associations

Implication des pères dans l’éducation des enfants, rééquilibrages de la charge mentale au sein des foyers, progrès en matière d’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes... En bien des aspects, cette mesure réjouit les associations, même si ces dernières auraient souhaité que le congé paternité dure au-delà de 28 jours.

"De plus en plus d’hommes souhaitent s’investir dans la coparentalité. Mais on aurait aimé que la durée soit encore davantage allongée", dit par exemple Marie-Andrée Blanc, présidente de l’Union nationale des associations familiales (Unaf), citée par 20 minutes

Petite déception aussi du côté de certains parlementaires. Une proposition de loi portée par le député Guillaume Chiche (ex-LRM, Deux-Sèvres) et son groupe parlementaire, Ecologie démocratie solidarité, se battait pour faire passe le congé paternité à douze semaines, dont huit obligatoires.

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