Aux États-Unis, un nouveau scandale vise Brett Kavanaugh, dont l'entrée à la Cour suprême en tant que juge à vie a créé une énorme polémique il y a un an. Sa nomination par Donald Trump avait été rapidement suivie d'accusations de comportement déplacé à connotation sexuelle, et agression sexuelle, lorsqu'il était étudiant à Yale. Elles avaient mené à une audition télévisée des deux parties. 

Samedi 14 septembre, le New York Times a révélé une autre histoire sordide visant l'homme de 54 ans. Elle est tirée d'un livre-enquête à paraître sur les années étudiantes de Brett Kavanaugh, écrit par deux journalistes du quotidien. 

Son pénis dans la main d'une étudiante

Lors d'une soirée arrosée dans un dortoir, alors qu'il était en première année d'études à la prestigieuse université, Brett Kavanaugh aurait baissé son pantalon, avant que des camarades aient mis son pénis dans les mains d'une étudiante, sans son consentement. 

Ces faits supposés, évoqués pour la première fois, ont été rapportés par Max Stier. À l'époque camarade de promotion de Brett Kavanaugh, ce patron d'une organisation non-gouvernementale en a informé des sénateurs, et le FBI. Cette dernière a cependant décidé de ne pas enquêter sur ces allégations.

Max Stier a refusé de s'exprimer publiquement sur cette anecdote, tout comme la femme en question. Des amis ont dit qu'elle ne se souvenait pas de l'incident, précise le New York Times. Brett Kavanaugh ne figure pas dans l'enquête, le journal n'ayant pas réussi à s'accorder avec lui sur les conditions d'une interview.

Dès le dimanche 15 septembre, Donald Trump a soutenu le juge de la Cour suprême sur Twitter. Mais des élus démocrates, dont les sénatrices Elizabeth Warren et Kamala Harris, en lice pour la primaire démocrate, réclament que Brett Kavanaugh soit démis de la Cour suprême, l'accusant d'avoir menti sous serment lors de son audition.

Il doit être démis de ses fonctions.

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"Il n'est pas étonnant que Kavanaugh, accusé d'agression sexuelle sur des faits crédibles, mentirait sous serment pour s'assurer un siège à la Cour suprême, écrit de son côté Alexandria Ocasio-Cortez, élue new-yorkaise au Sénat. Parce qu'une agression sexuelle n'est pas un crime passionnel, c'est un abus de pouvoir. Il doit être démis de ses fonctions."

D'autres accusations corroborées

Les deux journalistes du New York Times ont eu connaissance de cette histoire en enquêtant sur une autre affaire. Celle concernant Deborah Ramirez, déjà évoquée lors de l'audition de Brett Kavanaugh par des sénateurs, l'année dernière. 

En 1983, alors qu'elle était étudiante en première année à Yale, Deborah Ramirez aurait été confrontée au comportement déplacé de Brett Kavanaugh, dans des circonstances similaires à celles nouvellement rapportées par le New York Times.

J'était une fille bien élevée et d'un coup, en une soirée, tout cela m'a été arraché.

Lors d'une soirée arrosée, à nouveau, le futur juge aurait baissé son pantalon avant de tendre son pénis vers la jeune femme, l'obligeant à le repousser avec sa main. Un événement qui avait choqué la jeune femme, qui tenait à rester vierge jusqu'au mariage. “J'étais diplômée du lycée, j'était une fille bien élevée et d'un coup, en une soirée, tout cela m'a été arraché", avait-elle raconté plus tôt dans l'année dans une interview. 

Lors de son audition par les sénateurs en octobre 2018, Brett Kavanaugh avait balayé cette accusation en disant que si ces faits étaient avérées, "tout le monde en aurait parlé sur le campus universitaire" à l'époque. 

Après une enquête de dix mois, le New York Times révèle avoir trouvé sept personnes qui étaient au courant de cette affaire, dont la mère de la victime et deux autres camarades de cours, avant même l'audition télévisée de Brett Kavanaugh.

Le livre d'enquête des deux journalistes du quotidien rapporte par ailleurs que les avocats de Deborah Ramirez ont donné une liste de 25 personnes pouvant confirmer ses dires au FBI, mais qu'aucune d'entre elles n'a été interrogée, et que certaines ont même, en vain, contacté le FBI.

Un scandale national

Le 6 octobre 2018, Brett Kavanaugh avait été élu juge à la Cour suprême des États-Unis, avec un vote serré du Sénat : 50 voix pour, 48 contre. Il avait prêté serment dans la foulée.

Brett Kavanugh avait été accusé, juste après sa nomination par le président américain Donald Trump, d’agression sexuelle et de comportement inapproprié par trois femmes, dont Deborah Ramirez. L’une d’elle, Christine Blasey Ford, avait même été auditionnée en septembre 2018 au Sénat, pour entendre sa version des faits, avant que Kavanaugh soit à son tour entendu par les sénateurs.

Durant cette déposition retransmise en direct et regardée par des millions de téléspectateurs, cette professeure de psychologie de 51 ans avait raconté comment Brett Kavanaugh l'aurait plaquée sur un lit durant une fête en 1982, puis touchée, avant d'essayer de lui enlever ses vêtements, une main sur sa bouche pour l'empêcher de crier. La scène aurait été interrompue par un certain Mark Judge. Ce dernier, ainsi que Brett Kavanaugh, ont tous deux nié ces allégations. De son côté, Mme Ford a ému en disant, en larmes : "J'étais sûre qu'il allait me violer." 

Le FBI n’a pas trouvé de tiers qui puisse confirmer les allégations, il n’y a pas non plus de preuves.

Mais ce qui avait réellement pesé dans la balance était le rapport de l’enquête complémentaire effectuée par le FBI. Ses conclusions ? "Cette enquête n’a trouvé aucune trace de comportement inapproprié" de la part de Kavanaugh a déclaré Chuck Grassley, président républicain de la commission judiciaire du Sénat. "Le FBI n’a pas trouvé de tiers qui puisse confirmer les allégations, il n’y a pas non plus de preuves", avait-il ajouté.

L’opposition démocrate avait considéré cette enquête comme bâclée et incomplète. Réalisée en cinq jours, peu de personnes avaient été entendues et la principale accusatrice n’avait pas été interrogée. Le rapport se résume en grande partie à une étude des antécédents du nommé.

De nombreuses femmes, dont des célébrités comme Amy Schumer et Emily Ratajowski, avaient manifesté à de multiples reprises contre la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême.

Toutefois, les démocrates espèrent que cette affaire mobilisera l’électorat jeune et féminin pour reprendre le contrôle du Congrès aux élections cruciales de mi-mandat en novembre prochain. « Aux Américains, à tous les millions de gens outrés par ce qu’il s’est passé ici, il n’y a qu’une réponse : votez », a enjoint Chuck Schumer, le chef de l’opposition démocrate au Sénat.