Une énorme victoire pour la défense, alors que le procès n'a même pas encore commencé. Jeudi 11 octobre, le chef d'accusation concernant le cas de Lucia Evans a été abandonné par un juge new-yorkais. L'ex-actrice, devenue chanteuse, accuse Harvey Weinstein de lui avoir imposé une fellation en 2004, alors qu'elle avait 20 ans, dans une boîte de nuit new-yorkaise.

Selon l'avocat de l’ancien producteur, Benjamin Brafman, un document versé au dossier contredit la version de Lucia Evans, qui lui aurait, en réalité, fait une fellation de son "plein gré", dans l'espoir d'obtenir un rôle. Elle avait été la première à porter plainte, et pourrait être poursuivie pour "parjure" face au jury qui a validé les six chefs d'accusation retenus contre Harvey Weinstein. Il n'y en a donc plus que cinq à ce jour.

C'est une immense victoire pour la défense, qui espère faire annuler toute la procédure. Début août, elle a ainsi déposé un recours, munie d'éléments visant à discréditer une autre des trois victimes présumées, dont le cas a été retenu par la justice. "Il ne s’agit pas de stigmatiser les victimes", a assuré M. Brafman, ni de "suggérer qu’une femme qui témoigne ne devrait pas être crue".

Accusé d'agression sexuelle par 93 femmes

En tout, 93 femmes ont témoigné publiquement contre Harvey Weinstein depuis la publication de l'enquête du New York Times, le 5 octobre 2017. Pour la quasi-totalité des victimes présumées, il y a prescription. Seuls trois témoignages, celui des actrices Lucia Evans, donc, Paz la Huerta (à 2013) et la mannequin allemande sous le pseudonyme d'Emma Loman, avaient été retenus par le tribunal new-yorkais.

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Cette dernière accuse le producteur de l'avoir violée en 2006, lors du Festival de Cannes. Elle a déposé plainte en août dernier. Si les deux premiers témoignages, "valides" juridiquement, ont permis son inculpation pour "agression sexuelle" et "viol au premier degré" (avec usage de force) et au "troisième degré" (sur personne incapable de donner son consentement) par le tribunal de New York, le 25 mai 2018, ce troisième a permis une nouvelle mise en examen, cette fois, pour Predatory Sexual Assault ("agression sexuelle prédatrice"), l'un des crimes considérés comme les plus graves dans le Code pénal new-yorkais. 

En liberté surveillée

Le roi déchu d'Hollywood est actuellement libre, dans sa maison de Westport, une station balnéaire chic dans l'État du Connecticut à 50 kilomètres de New York. Il n'a en revanche pas le droit de voyager hors des États de New York et du Connecticut. Celui qui plaidait non coupable lors de sa première comparution à New York s'en est sorti avec un bracelet électronique, après avoir payé une caution d'un million de dollars.

L'avocat de Dominique Strauss-Kahn

On ne connaît pas encore la date. On sait toutefois qui en seront les acteurs. L'accusé sera représenté par Benjamin Brafman, l'avocat qui a défendu Dominique Strauss-Kahn lors de l'affaire du Sofitel de New York, et James M. Burke, du premier district de la cour Suprême de New York, officiera en tant que juge. Les nombreuses femmes qui ont accusé le producteur et dont les témoignages ont été jugés trop anciens pour charger juridiquement leur présumé bourreau pourront se présenter lors de ce procès. Leurs récits seront écoutés pour aider la justice à établir le profil du prédateur.

Il risque la prison à vie

Depuis ce troisième témoignage et la qualification de "predatory sexual assault", un chef d'accusation est retenu quand il y a viol, abus sexuel aggravé ou crime sexuel prémédités commis sur plus d'une personne, Harvey Weinstein risque la prison à vie.