Un verdict symbolique, prononcé lors de la Journée internationale des droits de femmes, mercredi 8 mars 2023. Le tribunal de Pontoise (Île-de-France) a condamné un policier âgé de 48 ans pour  avoir insulté une femme menacée de mort par son ex-conjoint. Celle-ci a été déboutée par l'agent et a été victime d'un passage à tabac le lendemain.

Le policier a raccroché au nez de la victime

L'agent avait répondu au standard du 17, le 31 juillet 2022, à 20h08, prenant ainsi l'appel au secours d'Ophélie, 31 ans, qui expliquait que son ancien mari était devant chez elle et qu'elle craignait pour sa sécurité. Selon le procès-verbal de retranscription de leurs échanges, consulté par Franceinfo, le policier ne l'a pas prise au sérieux. 

"Il a dit qu'il va me tuer et tout", aurait paniqué l'interlocutrice. Une inquiétude formulée explicitement mais à laquelle l'agent aurait répondu avec un simple : "Non." Malgré l'insistance de la trentenaire affolée, le représentant des forces de l'ordre ne lui viendra pas en aide.

Pire, la femme appelant au secours est insultée par l'agent qui n'apprécie pas la façon dont elle s'adresse à son ex-mari alors en bas de l'immeuble. Celle-ci a crié par la fenêtre : "Commence pas à crier mon nom en bas de chez moi, casse pas les couilles Issa". Là, le policier s'énerve : "Et tu parles mal grosse merde. Alors tu m'étonnes qu'il te menace. Et rappelez plus, démerdez-vous avec." Il raccroche.

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Ophélie tabassée par son ex-conjoint après l'appel

Une heure et demie plus tard, Ophélie a de nouveau composé le 17, et tombe sans le savoir sur le même policier. Quand elle lui parle des insultes qu'elle a reçues, il fait mine de ne pas savoir de quoi elle parle et lui répond même "ça m'étonnerait". La jeune femme lui explique sa situation de détresse, et évoque la main courante qu'elle a déposée contre son ancien conjoint. "Ça ne sert à rien", estime le policier, avant de lui suggérer de se rendre au commissariat pour porter plainte.

Le lendemain de ces échanges, Ophélie est rouée de coups par son ex compagnon alors qu'elle sort de chez elle. Sa fille de 12 ans explique la scène de violences conjugales à la police : "II est venu et il est sorti de la voiture, il a pris une batte et il a tapé ma mère, il lui a mis des coups de poing et des coups de pied. Il a essayé de l'écraser."

L'individu nommé Issa B. a été alors jugé en comparution immédiate pour violences aggravées et condamné en novembre 2022 à quatre ans de prison, dont trois ferme, précise l'avocate de la victime auprès de Franceinfo.

L'agent pourra de nouveau exercer

Le policier, lui, a été entendu par la police de police (IGPN) en janvier 2023, après l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "non-assistance à personne en danger" initiée par le parquet de Pontoise. Il a reconnu avoir "mal parlé à la dame" mais assure avoir "immédiatement catégorisé cet appel dans les fantaisistes", justifiant qu'il avait "l'impression qu'elle était en train de parler avec le sourire".

La justice a assorti sa peine d'une interdiction d'exercer la profession de policier pendant dix-huit mois et d'une obligation d’indemniser la victime. Il a dix jours pour fait appel de cette décision.