Il arrive qu’une pathologie vasculaire ne se manifeste pas avant la survenue d'un infarctus ou d'un AVC.

Dans ce cas, les premiers signes sont une douleur ou une gêne dans la poitrine, au niveau des bras, un essoufflement ou des difficultés respiratoires, pour un infarctus. Les symptômes les plus courants de l’AVC sont une sensation de faiblesse dans le bras, le visage ou la jambe, une confusion dans les paroles, une difficulté à voir et/ou à marcher voire des céphalées sévères.

Mais les pathologies vasculaires ont aussi des signes avant-coureurs, souvent négligés, notamment chez les femmes, pour qui les symptômes des maladies cardiovasculaires sont encore méconnus.

Toutefois, une équipe de médecins chercheurs de Chicago, vient mettre en lumière deux signes des pathologies vasculaires, spécifiques aux femmes : les douleurs pelviennes et la fatigue inexpliquée.

Leur article a été publié sur le site de l’université Rush (une école américaine privée de médecine) le 1er mai 2024 et repris par le site spécialiste, MedicalXpress.

Les douleurs pelviennes chroniques et la fatigue, des symptômes féminins

Si les hommes et les femmes peuvent voir apparaître des symptômes similaires, les médecins indiquent que des douleurs dans la partie inférieure de l’abdomen (ou “bas ventre”) peuvent indiquer une maladie vasculaire chez la femme.

"Le syndrome de congestion pelvienne survient lorsque les veines ovariennes développent un dysfonctionnement. Davantage de sang se congestionne dans le bassin, ce qui peut entraîner des douleurs pelviennes débilitantes", explique Michèle Richard, chirurgienne vasculaire officiant à l'université Rush, dans l’article médical.

En plus d’être potentiellement ignorés, ces maux sont susceptibles d’être confondus avec des douleurs gynécologiques, écartant ainsi le diagnostic cardiovasculaire et les soins. 

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Mais les femmes peuvent aussi présenter d'autres signes, tels que “la fatigue, la faiblesse généralisée, un changement de l'état mental et une perte de conscience”.

Prise en charge : des différences qui entraînent des complications

Les médecins appuient aussi que les maladies qui touchent les femmes sont moins bien prises en charge et/ou traitées.

En cause ? La plupart des études sont réalisées sur des participants masculins. “Le manque d'études épidémiologiques qualitatives ou d’essais médicaux chez les femmes signifie qu’elles sont diagnostiquées et traitées comme les hommes”, soulignait une étude publiée dans le Journal of Clinical Medicine le 15 février 2024.

De même, ces travaux rappellent que les hommes et les femmes ne réagissent pas de la même façon aux traitements médicamenteux, ou encore, que leurs différences anatomiques sont peu ou pas prises en compte.

Ce constat pousse les médecins de l’université Rush à alerter sur les potentielles complications que cela peut entraîner. "Les artères des femmes sont généralement plus petites que celles des hommes. Cela peut créer des difficultés opératoires et augmenter le risque de complications. Ou encore, les femmes courent un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral, de crise cardiaque et d’autres problèmes après un traitement pour une maladie carotidienne”, souligne la chirurgienne vasculaire.

Les inégalités face aux facteurs de risque

Voilà pourquoi, d'après l'équipe de l'université de Rush, il est primordial de mettre en lumière les symptômes exposés ci-dessus, qui doivent pousser les femmes à consulter.

De même, en plus des facteurs de risque classiques, tels que l'hypertension, l'obésité, le tabagisme, le manque d'activité physique ou des taux de cholestérol anormaux, les femmes sont exposées à des risques supplémentaires spécifiques au sexe et associés aux modifications hormonales

De plus, bien que la plupart des facteurs de risque classiques affectent les hommes et les femmes dans une mesure similaire, “il a été démontré que le tabagisme aggrave considérablement le pronostic chez les femmes”, fait savoir l’étude parue dans la revue médicale. 

Enfin, un autre aspect de la question concerne la connaissance et la sensibilisation des femmes aux maladies vasculaires. Le risque d’AVC est, par exemple, drastiquement sous-estimé par les femmes elles-mêmes, ainsi que par leur entourage, constatent les chercheurs.

Beaucoup continuent de croire, à tort, que le cancer du sein constitue le plus grand risque de décès féminin, alors que les maladies cardiovasculaires demeurent la première cause de mort pour les femmes, et ce, dans le monde entier. En effet, 74% d’entre elles n’identifient pas ces pathologies comme première cause de mortalité féminine, le cancer étant placé en premier par 63% d'entre elles, indique la Fédération française de cardiologie.