Chaque année, on estime que 50% des enfants dans le monde sont exposés à des moments qu’ils n’auraient pas dû voir ou subir, leur laissant parfois des séquelles mentales. 

Une méta-analyse, publiée dans le European Journal of Psychotraumatology, a ainsi mis en évidence le rôle d’expériences négatives – vues ou subies - pendant l’enfance sur le développement d’une sensibilité accrue à la douleur voire des souffrances chroniques plus tard dans la vie.

Des chercheurs de l’Université de McGill (Canada) et internationaux distinguent les expériences négatives directes – ou subies - comme les abus sexuels, physiques, émotionnels ou une négligence pendant l'enfance, des expériences indirectes, lorsque l’enfant a été témoin de violences domestiques ou a vécu le décès d’un proche, un divorce ou un dysfonctionnement dans l’environnement de vie. 

Ils estiment donc, après avoir identifié 85 études incluant 826 452 adultes, que ces deux types d’événements peuvent être à l’origine de douleurs chroniques voire d’une invalidité liée à la douleur une fois adulte.

Un risque "45% plus élevé" de signaler des douleurs chroniques

Dans le communiqué de presse, les chercheurs évaluent un risque "45% plus élevé" de douleurs chroniques à l’âge adulte pour les enfants et adolescents ayant été exposés à ces types d’événements, comparativement à ceux n’ayant pas été exposés. 

Les résultats indiquent également un risque supérieur d’invalidité, mais démontrent aussi que le risque augmenterait avec le nombre d’événements auxquels l’enfant ou l’adolescent aurait été exposé. La méta-analyse souligne qu’une fois arrivé à l’âge adulte, les patients "pourraient ne pas obtenir des résultats de santé optimaux en raison des effets physiologiques et psychologiques du stress toxique".

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L’équipe internationale de scientifiques s’accorde à dire que la douleur est l’une des principales causes d’incapacités dans le monde. Elle compare d’ailleurs la douleur chronique à une sensation ressemblant "une lésion tissulaire". 

En effet, "les affections douloureuses chroniques comme les lombalgies, l’arthrite, les maux de tête et les migraines peuvent nuire au fonctionnement quotidien d’une personne au point de l’empêcher de travailler, de s’alimenter correctement ou de faire de l’activité physique", détaille le communiqué de presse.

De l’urgence d’agir rapidement

La méta-analyse rappelle l’impact des douleurs chroniques sur les systèmes de santé et estime que leurs coûts représenteraient "2% à 6% du PIB dans les pays européens".

"Il faut, de toute urgence, mettre au point des interventions ciblées et des systèmes de soutien pour briser le cycle de la détresse et améliorer les résultats sur la santé à long terme pour les personnes qui ont été exposées à des traumas durant l’enfance", déclare André Bussières, Ph. D., de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de McGill.

Bien que la preuve soit désormais établie entre traumatismes et douleurs chroniques, la prochaine étape consistera à examiner les mécanismes biologiques par lesquels ces événements affectent la santé tout au long de la vie.