Ce jeudi 16 janvier, dans l'après-midi, le réalisateur Christophe Ruggia a été mis en examen pour "agression sexuelle sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime", et placé sous contrôle judiciaire, révèle BFM TV. Il lui est également interdit d'entrer en contact avec celle qui a porté plainte contre lui, l'actrice Adèle Haenel.

Mis en examen pour agression sexuelle sur mineure de 15 ans

L'actrice Adèle Haenel (Portrait de la jeune fille en feu, Les Pieuvres, En liberté !) accuse Christophe Ruggia d'attouchements et harcèlement sexuel "permanent", évoquant des "baisers forcés dans le cou" ou des "caresses sur les cuisses". Des faits qui se seraient produits entre ses 12 et 15 ans, quand Christophe Ruggia a réalisé le premier film dans lequel elle a joué, Les Diables (2002). Le réalisateur, désormais âgé de 55 ans, nie les faits qui lui sont reprochés. Ils se seraient déroulés à son domicile, et lors de festivals de cinéma internationaux.

Interpellé mardi, le réalisateur a subi un interrogatoire de 48 heures, révèle BFM TV, mené par les enquêteurs de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), à Nanterre (Hauts-de-Seine).

La veille au soir, une confrontation a eu lieu entre Adèle Haenel et Christophe Ruggia. Selon une source citée par BFM TV, "chacun a campé sur ses positions".

Un scandale révélé par Mediapart en novembre

L'actrice âgée de 31 ans avait révélé ses accusations à Mediapart au début du mois de novembre 2019. Ses propos étaient corroborés par des dizaines de témoins, cités par le média d'investigation, dans une longue enquête très reprise.

Cette mise en examen intervient après que l'actrice ait porté plainte le 26 novembre. Selon les informations du Parisien, le domicile de Christophe Ruggia, situé dans le 11ème arrondissement de Paris, a été perquisitionné par la police.

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Adèle Haenel avait porté plainte 

Le 6 novembre 2019, une enquête préliminaire avait été ouverte, pour des chefs d'"agressions sexuelles sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité" et de "harcèlement sexuel". Si l'actrice ne souhaitait pas porter plainte initialement, elle avait finalement décidé de le faire et avait été entendue par les enquêteurs de l'Office central pour la répression des violences aux personnes, à Nanterre, le 26 novembre.

Je souhaite faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aller au bout du processus judiciaire

"Maintenant que la justice a ouvert une enquête, je ne me dérobe pas, et je souhaite faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aller au bout du processus judiciaire", avait-elle déclaré à Mediapart. Depuis novembre, la prise de parole publique de l'actrice a été largement suivie et saluée. Le 4 novembre, dans une longue interview accordée à Mediapart, Adèle Haenel s'était montrée claire et en colère.

"Les monstres, ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères", avait-elle notamment déclaré, expliquant que pour lutter contre la culture du viol, il est impératif de comprendre qu'il n'y a pas de profil-type d'agresseurs. 

Le cinéaste nie les faits

Le cinéaste de 54 ans, qui nie les faits dont il est accusé, avait adressé un droit de réponse à Mediapart dans lequel il affirmait avoir "commis l'erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu’une telle posture suscite".

Christophe Ruggia avait alors demandé à l'actrice de lui "pardonner", avant de sous-entendre dans l'hebdomadaire Marianne que l'actrice voulait se venger car il lui aurait refusé un film.