Les parfums chics au sillage racé !

Le nom mythique du parfum Shalimar résonne dans le monde entier. Depuis 1925, le palmarès de ses conquêtes fait rêver, de Rita Hayworth à Romy Schneider en passant par Brigitte Bardot. Thierry Wasser, parfumeur attitré de Guerlain, souhaitait se frotter à ce grand « oriental ébouriffant ». A la demande de sa filleule, il ose enfin cette variation, « initiation à l’amour et à la séduction ». Inédite mais familière, cette partition ravira la génération des filles de celles qui aiment tant l’originelle. L’âme est conservée dans son surdosage de bergamote, vanille et fève tonka, mais l’histoire est délivrée du jasmin pour se recentrer sur un cœur de rose tendrement poudré d’iris. Shalimar Parfum Initial est moins animal et plus lumineux, comme si la fourrure était devenue cachemire à fleur de peau. Pour l’abriter, le flacon iconique est revisité, dévoilant dans sa transparence un jus rose peau, rehaussé d’un cabochon gris bleu. Pour l’illustrer, une sublime photo en noir et blanc du top Natalia Vodianova, prise il y a quelques années par son fidèle ami Paolo Roversi. Un nouveau classique est né.

Pour Tamara Mellon, cofondatrice de Jimmy Choo, « le parfum est l’ultime accessoire avant de sortir, juste après avoir choisi son sac et enfilé ses chaussures ». Non contente d’avoir été la première à accessoiriser les stars sur tapis rouge, cette ancienne rédactrice de mode du « Vogue » anglais a eu la riche idée de chausser Sarah Jessica Parker, alias Carrie Bradswhaw dans « Sex and the City », puis de créer une collection capsule pour H&M au succès retentissant. En moins de quinze ans, elle a ouvert cent dix boutiques dans le monde proposant escarpins, sacs et lunettes de soleil au style excentrique, glam et toujours déluré par une pointe d’humour. Sa fragrance, dédiée à celles « qui osent dans la vie », lui ressemble. Ce fruité chypré sensuel bien enveloppant s’emballe sur des notes vertes et sur une poire juteuse avant de s’épanouir dans la rondeur voluptueuse de l’orchidée tigrée, le tout sucré de caramel et réchauffé de patchouli. Il s’habille d’un flacon arrondi, facetté et bien galbé, inspiré des verres de Murano que Tamara aime tant. « En connexion émotionnelle avec ses clientes », elle pose elle-même pour la campagne dans une robe à motif python assortie à l’étui du parfum. Tout pour emballer celles qui n’ont pas froid aux yeux.

«Sans lumière, le cristal est inanimé. Elle est son âme », raconte Markus Langes-Swarovski, arrière-arrière-petit-fils du fondateur de cette maison qui fournit ses pierres facettées pour la couture et produit ses propres bijoux et objets éblouissants. Il rêvait d’exprimer cet éclat dans un parfum, de la senteur au flacon. L’objet en métal et verre, résolument moderne avec sa forme oblongue, est simplement rehaussé d’un unique cristal asymétrique. Il faut soulever le capot pour accéder aux richesses olfactives de la fragrance. Pensé comme « la transformation d’un cristal en liquide luminescent », le « Floral Fruité Incandescent » porte en son cœur un « prisme d’énergie » à base d’ambre, benjoin et musc blanc. Il est éclairé en permanence par des « faisceaux » fruité comme le litchi, floral comme la tubéreuse et épicé comme la baie rose. Pour sublimer encore cette mise en lumière ultra-contemporaine, la senteur se décline dans une précieuse ligne parfumée et s’accompagne même d’une collection de bijoux de maquillage. Ces fards joyaux – Enlumineur de lèvres et Touche illuminatrice pour le corps – sont même enrichis de poudres micronisées de cristal.

Le Premier Parfum de Lolita Lempicka a fêté ses dix ans. Ses effluves de réglisse mêlés à la violette et à l’anis ont rendu accro toute une génération d’adolescentes. Et son flacon violet, avec sa forme ronde appétissante, est l’illustration de la tentation du péché. Parce qu’elles ont grandi, le nectar se réinvente dans une eau de toilette moins sucrée, plus subtile et diablement élégante. Finie la provocation de confiserie, la femme enfant a mûri et s’est émancipée. Elle retrouve la fleur de réglisse avec délice et apprécie l’envolée savoureuse autour du citron, de l’abricot velouté et de la cerise noire aux accents amandés. Elle troque aussi volontiers l’accord bonbon à la violette contre un bois de violette plus intrigant, grisé de muscs et d’encens. Le flacon pomme s’éclaircit, du violet au mauve chic. Il se redécouvre, croqué sur le côté d’une morsure en forme de cœur et tagué de la dédicace « Lolita ». Sur l’image publicitaire de Christian Moser, la belle dénudée paraît apaisée. Sa soif de sensualité est comblée.

Si L’Air du Temps avait été conçu aujourd’hui, il ressemblerait à cette senteur qui vante le romantisme sur un registre plus moderne. Quand le premier parfum célébrait l’œillet, celle-ci vante le magnolia. Preuve qu’on peut encore séduire les « filles de L’Air » en leur offrant un bouquet de fleurs plutôt qu’un sillage nécessairement gourmand. La fraîcheur est ainsi interprétée sur un registre pétale, autour du freesia et du chèvrefeuille. Elle est relayée par l’absolu de rose et ce fameux magnolia, charnel et miellé, puis réchauffée en douceur par les bois – patchouli et palissandre – et douillettement enrobée de muscs ouatés. Le flacon est un clin d’œil ravissant à son aîné. La bouteille en verre, surmontée des indétrônables colombes, abrite un jus rose boudoir délicatement dégradé. L’étui est dessiné par la plasticienne et illustratrice Virginie Barré, et la photo et le film sont signés du réalisateur Noel McKinley. Très « nouvelle vague », il met en scène une Jean Seberg contemporaine dans un appartement parisien. Son esprit années 60 revisité nous enchante.