Fin mai 2013, alors que La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche remportait la Palme d’or au Festival de Cannes, des techniciens présents sur le film racontaient aux journaux le harcèlement moral dont ils auraient été victimes de la part du réalisateur franco-tunisien.

Qu’importe, la victoire était belle, rien ne pouvait gâcher le bonheur d’une équipe qui semblait heureuse et soudée. Et pourtant. Leur Palme d’or collective digérée, les deux actrices principales du film, qui y jouaient deux amantes passionnées, se sont exprimées dans les années qui ont suivi, révélant des conditions de tournage très difficiles.

Auprès du site américain The Daily Beast, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos étaient revenues sur ce sujet, et sur leur relation à Abdellatif Kechiche. Interrogées sur leur envie de travailler à nouveau avec lui, les deux comédiennes avaient été claires : "Jamais", avait affirmé Léa Seydoux, tandis qu’Adèle Exarchopoulos s'était contentée d’un politiquement correct : "Je ne pense pas."

Un tournage exténuant

À l’origine de cette cassure avec Abdellatif Kechiche, un tournage douloureux et interminable. "Ce qui était terrible avec ce film, c'est qu'on n'en voyait plus la fin, raconte Léa Seydoux. À la fin, nous étions tout simplement fatigués." Pour l’actrice, ce tournage était tout simplement "horrible".

Adèle Exarchopoulos, elle, se souvient surtout du mauvais traitement dont les comédiennes ont été victimes : "La plupart des gens n'oseraient même pas demander ce qu'il nous demandait, et témoignent davantage de respect."

Vidéo du jour

Des scènes de sexe à rallonge

Dans l’interview au Daily Beast, les actrices étaient également revenues sur les scènes de sexe lesbien, qu’elles jugent "trop longues".

Être nue toute la journée et effectuer différentes positions sexuelles, c’est difficile.

Gênées à l’idée de se voir nues et en plein ébat sur grand écran, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos avaient raconté leur calvaire à tourner ces séquences : "Nous avons passé dix jours sur cette seule scène. Ce n'était pas : 'OK, aujourd'hui, nous allons tourner la scène de sexe !' Non, c’étaient dix jours !", s'était souvenue Léa Seydoux. Adèle Exarchopoulos, elle, estime ainsi : "être nue toute la journée et effectuer différentes positions sexuelles, c’est difficile." 

Selon Léa Seydoux, Abdellatif Kechiche, est un "génie torturé" qui exerce "une forme de manipulation" et à qui "il ne fallait pas tenir tête".

Plusieurs années plus tard, fin 2017, l'actrice s'était à nouveau exprimée sur le sujet dans les colonnes du Guardian, où elle avait signé une tribune en pleine vague #MeToo : "Il n'arrêtait pas de nous regarder et rejouait les scènes en boucle dans une sorte de stupeur. C’était dégueulasse."

En 2019, le réalisateur était à nouveau en compétition avec Mektoub, My Love : Intermezzo, film hypersexuel qui a révulsé de nombreux spectateurs du Festival de Cannes.