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Comment les deux-roues électriques se sont imposés sur le pavé chinois

De 25 à 30 millions de e-scooters et e-bikes sont vendus chaque année. Beaucoup sont proposés à très bas prix par des fabricants chinois.

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Les scooters électriques profitent indirectement des restrictions de circulations imposés aux moteurs thermiques

Par Frédéric SCHAEFFER

Publié le 2 nov. 2016 à 18:31

« Vélo trop fatiguant, voiture trop chère, bus trop bondé et moto trop dangereuse ». Il suffit parfois d’une phrase pour résumer un phénomène de fond ! Dans sa petite boutique du quartier de Tuanjiehu, non loin du troisième périphérique de Pékin, Qiu Xiaoping, fait briller ses deux roues. En dépit du froid qui commence à saisir la capitale chinoise, il espère en vendre cinq ou six dans la journée. De quoi ajouter au bruit et à la pollution ambiante ? Pas du tout ! Tous ont pour point commun d’être électrique. Vélo ou scooter, le deux-roues électrique s’est imposé dans les mégapoles chinoises en l’espace de quelques années, marginalisant les petites motos à essence qui pullulent ailleurs en Asie. Il s’en est vendu de l’ordre de 25 à 30 millions par an ces dernières années, selon le cabinet d’études chinois Forward. Presque trois fois plus que des deux-roues thermiques. Et tandis que le marché de l’électrique progressait de l’ordre de 5% par an, celui du thermique déclinait de 9%, d’après Frost & Sullivan.

Encore marginales au début des années 2000, les ventes ont véritablement décollé il y a une petite dizaine d’années. Confrontées à une pollution galopante, des villes ont commencé à restreindre ou interdire l’usage des deux-roues à essence. Elles sont aujourd’hui environ 200 à leur mettre ainsi des bâtons dans les roues. « Sous couvert de raisons environnementales, la réglementation s’est aussi durcie à un moment où la Chine a cherché à promouvoir la voiture de marque chinoise », nuance Damien Grillon, directeur général de Qingqi-Peugeot, la filiale de scooters du groupe français en Chine. Interdiction de rouler en centre-ville, permis obligatoire et numerus clausus sur les plaques d’immatriculation, les autorités peuvent mener la vie dure aux deux-roues pétaradants.

« La réglementation s’est durcie à un moment où la Chine a cherché à promouvoir la voiture de marque chinoise »

L’électrique a aussi réussi à prendre son envol parce qu’il est devenu moins cher que le thermique et que ses performances se sont suffisamment améliorées pour répondre aux exigences des consommateurs chinois. Doté d’un panier à l’avant et d’une petite assise derrière la selle, le best-seller de la boutique de Qiu Xiaoping à l’allure d’une mobylette se vend autour de 1.800 yuans (240 euros). « Il est parfait pour emmener les enfants à l’école et aller faire ses courses en échappant aux embouteillages », explique-t-il. En Chine, le prix moyen de vente d’un scooter électrique se situe à 2.708 yuans (365 euros) et celui d’un vélo électrique à 2.023 yuans (273 euros), selon Frost & Sullivan.

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Beaucoup de deux-roues sont encore dotés de batteries au plomb (moins onéreuses que celles au lithium) que les Chinois rechargent chez eux. Roulant parfois à peine plus vite qu’un vélo classique, ils ont suffisamment d’autonomie pour faire quelques dizaines de kilomètres et pallier à des transports collectifs souvent déficients. « Trois quart des familles ont un deux-roues électrique pour qui c’est devenu le premier moyen de transport, surtout à la campagne », avance-t-on à l’institut de recherche Forward basé à Shenzhen.

« Les prix sont bas car les fabricants produisent aussi de gros volumes », explique Damien Grillon. Le secteur est passé de 2.500 à 250 acteurs ces cinq dernières années. Il reste tout de même encore fragmenté puisque les cinq premiers acteurs ne s’accaparent qu’un tiers du marché. Qu’ils se nomment Yadea, Aima, Luyuan, Sunra ou Tailg, tous ont en commun d’être chinois. « Comme le marché n’était pas réglementé, les constructeurs étrangers ont tardé à se lancer, poursuit le directeur de Peugeot Scooter en Chine (qui ne fait que du thermique). Des marques comme Yamaha ou Honda sont là mais peinent à percer ».

Le succès est tel que certaines villes, comme Shenzhen ou Xiamen, en viennent à bannir les deux-roues électriques dans certains quartiers pour remettre un peu d’ordre dans les rues ! L’occasion pour les constructeurs chinois de regarder à l’international ? Trois millions de scooters électriques ont été exportés de Chine l’an dernier selon les douanes, principalement en Asie du sud-Est. En montant en gamme, certains fabricants commencent à regarder vers l’Europe.

Frédéric Schaeffer

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