![Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, et son homologue espagnole, Irene Montero, le 26 juillet 2021, à Madrid.](https://cdn.statically.io/img/img.lemde.fr/2021/07/27/0/0/5472/3648/664/0/75/0/1b8e5d0_464942016-260721cra1012.jpg)
En visite à Madrid lundi 26 juillet, la ministre déléguée française chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, Elisabeth Moreno, a rencontré son homologue espagnole, Irene Montero, pour s’inspirer des mesures pionnières dans la lutte contre les violences faites aux femmes prises depuis 2004 en Espagne. L’occasion aussi de confronter deux modèles.
L’Espagne est souvent citée en exemple dans la lutte contre les violences envers les femmes. Le taux de féminicides y est presque deux fois moins élevé qu’en France. Sur quels plans la France peut-elle s’inspirer de sa voisine ?
Elisabeth Moreno : Depuis la loi de 2004, l’Espagne est le pays d’Europe qui a fait le plus en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et elle a connu un changement culturel, civilisationnel même. Pour notre part, la décision du président Macron de faire de l’égalité une priorité nous a permis d’avancer de manière très volontaire depuis 2017, et de voter quatre lois en quatre ans.
Cependant, j’aimerais aller plus loin. Nous avons commencé plus tard et si nous voulons accélérer le processus, il est utile de voir ce que l’Espagne a fait de bien, ce qu’elle a appris, ce qui a fonctionné ou pas. Le bracelet antirapprochement a par exemple contribué à faire baisser le nombre d’assassinats. Nous avons commencé à le mettre en place en France en décembre [2020], mais seulement 250 ont été distribués par les juges. Je salue également le « pacte d’Etat contre les violences de genre » qui a été scellé ici en 2017 et dépasse les clivages politiques, pour que les gouvernements à venir n’oublient jamais les droits des femmes.
En Espagne, il y a près de 2 300 bracelets antirapprochement en circulation… L’existence de tribunaux spécialisés et la plate-forme VioGen, chargée du suivi intégral des cas de violence de genre, sont d’autres points forts. Cela est-il envisageable en France ?
E. M. : Nous souhaitons mettre en place un fichier des auteurs de violences
conjugales qui permette de partager les informations entre professionnels qui accompagnent les femmes victimes, comme ici. Il n’est pas possible que, comme on l’a vu à Mérignac [en mai], la police sache qu’un homme est un agresseur et pas la justice, qu’elle le cherche en vain alors qu’il pointe chaque mois à la prison. Nous souhaitons aussi mettre en marche une cellule interministérielle qui implique les associations pour que les informations dont celles-ci disposent soient partagées sur le terrain. Enfin, nous continuons à former les policiers, les gendarmes, les magistrats et tous les personnels de santé qui sont en contact avec les femmes victimes de violences.
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