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« A force de prêter une attention médiatique démesurée à ceux qui parlent le plus fort, la petite musique sibylline du RN passe sous les radars et s’enracine »

Dans une tribune au « Monde », la sémiologue Cécile Alduy appelle à ne plus prêter attention aux provocations verbales d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon, qui nous détournent du vrai danger, le Rassemblement national.

Publié le 28 juin 2024 à 18h00, modifié le 28 juin 2024 à 18h09 Temps de Lecture 5 min.

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Marine Le Pen, lucide sur le coût électoral des bévues verbales de son père, a construit la normalisation du Front national (FN) sur une communication au cordeau. A rebours du goût pour les jeux de mots provocateurs de Jean-Marie Le Pen, qui jouait de l’adage selon lequel « il n’y a pas de mauvaise publicité », elle a pris soin d’éviter à tout prix le mot de trop, celui qui tache de manière indélébile une image, un nom.

Lire aussi la tribune (2013) | La rhétorique diabolique des Le Pen

A l’inverse, depuis quelques années, certains de ses rivaux de droite et de gauche semblent tomber toujours plus bas dans le spectacle pitoyable d’une communication pour le buzz destinée à attirer l’attention. Alors que le Rassemblement national (RN) lisse toujours plus son discours pour n’offrir aucune prise, c’est la stratégie de la petite phrase qui l’emporte chez d’autres – et particulièrement deux personnalités qui accaparent l’attention des journalistes actuellement, et donc l’espace médiatique offert aux citoyens, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.

Des « Gaulois réfractaires » au « pognon de dingue » ou aux Français qu’il « assume » « d’emmerder », Emmanuel Macron nous a habitués à des reparties intentionnellement choquantes. Plus récemment, cette propension s’est faite plus cynique avec une reprise calculée du vocabulaire lepéniste idéologiquement marqué : « droits-de-l’hommisme », dans un entretien à l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles, « décivilisation » pour parler des émeutes provoquées par la mort du jeune Nahel, en juillet 2023, et, le 18 juin, « immigrationniste » pour parler du programme de la gauche unie, néologisme lepéniste pur jus lancé sans état d’âme. On se frotte les yeux pour y croire.

A quelle fin ? L’extrême droite est sur le point d’accéder au pouvoir pour la première fois depuis 1940. Le président de la République, plus haut personnage de l’Etat, a pour fonction de représenter les Français et la France. Au nom des « valeurs de la République », il a appelé par deux fois les électeurs à faire barrage au RN-FN en votant pour lui. Aujourd’hui, il se permet d’utiliser sans guillemets, comme s’il s’agissait d’un concept acceptable et non d’une théorie complotiste née dans les années 1990, un terme aux relents réactionnaires et identitaires, validant ainsi une vision du monde, une manière de penser.

Macron opaque

Et de parler de « guerre civile » dans la foulée, reprenant le leitmotiv zemmouriste d’un clash des civilisations, et d’une société irrémédiablement clivée et prête à en venir aux mains. Ces deux reprises (« immigrationniste » et « guerre civile ») lors de la même intervention suggèrent assez qu’il relaie, en prétendant vouloir l’éviter, une vision binaire où s’affronteraient deux France, divisées le long d’une démarcation identitaire.

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