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« Une journée dans la vie d’Abed Salama », de Nathan Thrall : drame ordinaire en Cisjordanie occupée

A partir d’un fait divers de 2012, le journaliste américain brosse un tableau dense et complexe des conditions de vie faites aux Palestiniens dans les Territoires occupés.

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Publié le 30 juin 2024 à 18h00

Temps de Lecture 2 min.

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Trafic automobile ségrégué, près d’Anata, en Cisjordanie occupée, en 2019

« Une journée dans la vie d’Abed Salama. Anatomie d’une tragédie à Jérusalem » (A Day in the Life of Abed Salama), de Nathan Thrall, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Frédéric Joly, Gallimard, « NRF essais », 336 p., 25 €, numérique 18 €.

Un matin de février 2012, Milad, un petit Palestinien âgé de 5 ans, montait dans un bus pour une sortie scolaire. Il existe des aires de jeu non loin de son école d’Anata, en Cisjordanie, mais elles sont situées de l’autre côté du mur, dans une colonie israélienne de Jérusalem-Est, et les enfants d’Anata n’y ont pas accès.

Pour rejoindre la base de loisir dans ­laquelle ils sont autorisés, le bus doit emprunter un long détour par la route de Jaba. Quelques heures plus tard, le père de Milad, Abed Salama, reçoit un ­appel : il y a eu un grave accident impliquant un bus scolaire. Commence alors la quête insoutenable qui sert de trame narrative à Une journée dans la vie d’Abed Salama, récit dense et complexe de Nathan Thrall.

Partant de ce fait divers banalement tragique où trouveront la mort un adulte et six enfants, parmi lesquels, comme on le redoute au long du livre, le petit Milad, le journaliste américain remonte la chaîne des causalités, et dessine l’ample tableau d’une société palestinienne dysfonctionnelle et rendue impuissante à protéger ses enfants. Il fait résonner l’injustice du destin avec une autre, celle-là fabriquée par des hommes. Ainsi, Abed Salama est titulaire d’une carte d’identité qui ne lui permet qu’une circulation limitée, et ne peut accéder à certains ­hôpitaux où se trouve peut-être son fils.

La « route de la mort »

Quant à la route de Jaba, elle a été ­construite pour permettre aux colons de se rendre à Jérusalem sans avoir à passer par Ramallah, afin de créer l’« illusion d’une présence juive continue de la ville aux colonies ». Après qu’Israël a créé de nouvelles autoroutes pour les colons, elle n’est plus guère utilisée que par les Palestiniens, et mal entretenue. On ­l’appelle la « route de la mort » : les embouteillages causés par les checkpoints amènent les conducteurs à doubler en accélérant sur la voie opposée. Le jour de l’accident, ce sont encore ces embouteillages qui ont ralenti les secouristes palestiniens.

« Si, au lieu d’un accident, deux gamins palestiniens s’étaient soudain mis à lancer des pierres sur la route, des militaires se seraient rués sur place en l’espace de quelques secondes », note Thrall. Dans cette zone de Cisjordanie sous le contrôle d’Israël, les secours israéliens ne sont arrivés qu’après que les enfants ont été emmenés par les gens présents sur place.

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