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Tim Bale, politiste : « Les conservateurs britanniques sont responsables de leur déroute »

Le spécialiste du Parti conservateur britannique analyse, dans un entretien au « Monde », l’échec historique des tories aux élections générales du 4 juillet au Royaume-Uni, qui, après quatorze années au pouvoir, paye le prix fort de mauvaises politiques et du choix de leaders douteux.

Propos recueillis par 

Publié le 08 juillet 2024 à 04h45, modifié le 08 juillet 2024 à 09h09

Temps de Lecture 4 min.

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Tim Bale est politiste et professeur à l’université londonienne Queen-Mary. Spécialiste du Parti conservateur britannique, il est l’auteur de l’ouvrage The Conservative Party after Brexit. Turmoil and transformation (« Le parti conservateur après le Brexit, tourmente et transformation », Cambridge, Polity Press, 2023, non traduit).

Le 4 juillet, après quatorze ans au pouvoir, le Parti conservateur a essuyé une lourde défaite aux élections générales britanniques, obtenant à peine plus de 120 sièges sur 650 à la Chambre des communes. Est-ce un revers historique ?

Oui, la défaite est historique. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder dans le rétroviseur. Deux échecs ont marqué le passé du parti. En 1906, les élections furent une douche froide pour les conservateurs : ils obtinrent 156 sièges, et en perdirent près de 250. Plus récemment, en 1997, Tony Blair a mené le Parti travailliste à la victoire, après dix-huit années de gouvernements conservateurs, ces derniers chutant à 165 sièges. De tels résultats sembleraient aujourd’hui enviables !

Pourtant, aux élections de 2019, le Parti conservateur, dirigé par Boris Johnson, avait obtenu 365 sièges. Que s’est-il passé entre 2019 et aujourd’hui ?

Certes, le virage centriste des travaillistes n’a pas aidé les conservateurs, mais ces derniers sont responsables de leur propre déroute.

D’évidence, pour expliquer pareille Bérézina, il faut se pencher sur plusieurs facteurs. En premier lieu, l’austérité imposée depuis 2010 par leurs gouvernements successifs a eu des conséquences néfastes. Le Royaume-Uni a moins bien récupéré que d’autres économies de la crise financière mondiale (2007-2008). Et l’austérité a entraîné une crise des services publics, en particulier celle du National Health Service (NHS) [le système de santé publique du Royaume-Uni]. C’est dans ce contexte déjà fragilisé que la pandémie de Covid-19 a éclaté.

Lire aussi (2023) : Article réservé à nos abonnés Au Royaume-Uni, au-delà des grèves du NHS, le modèle de santé en question

Et puis, bien sûr, il y a eu le séisme du Brexit, après le référendum de 2016. S’est ensuivi un véritable chaos au sein du Parti conservateur, qui a perdu de son intégrité. En outre, les promesses faites aux électeurs qui avaient voté « leave » [pro-Brexit] furent difficiles à tenir. Tout cela, c’est la recette du désastre. Ce à quoi il faudrait encore ajouter que les tories ont fait de très mauvais choix de leaders.

Pourriez-vous revenir sur le rôle qu’ont joué les derniers premiers ministres conservateurs dans cet échec ?

Après le référendum de 2016, Theresa May est devenue première ministre. Elle avait beau prétendre être « forte et stable », cela ne l’a pas empêchée, en 2017, de mener une mauvaise campagne, qui s’est soldée par une défaite : les conservateurs restaient, certes, la première force politique, mais ils perdaient la majorité absolue. La médiocrité de May lui a valu d’être remplacée par Boris Johnson.

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