Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Législatives 2024 : « De Pologne, nous voyons à quels cauchemardesques dangers la France se trouve aujourd’hui confrontée »

Adam Michnik et Jaroslaw Kurski, deux figures du quotidien polonais « Gazeta Wyborcza », adressent une lettre à leurs amis français sous forme d’avertissement avant le scrutin des 30 juin et 7 juillet, pour raconter ce que signifie la prise de pouvoir par un gouvernement national-populiste.

Publié le 28 juin 2024 à 07h00 Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Il y a six mois, la Pologne est sortie de sa période la plus sombre depuis la chute du communisme. Destruction de la démocratie, piétinement de l’Etat de droit, mise sous tutelle des médias, déshumanisation des LGBT+, politique de haine institutionnalisée, abandon du pays aux oligarques, nationalisme extrême. Tout cela a duré huit longues années.

Les démocrates polonais ont reçu pendant cette période un grand soutien des démocrates de France et de toute l’Union européenne [UE]. Encore une fois, merci. Forts de cette expérience, nous voyons plus clairement à quels cauchemardesques dangers la France se trouve aujourd’hui confrontée.

Nous allons donc vous dire comment s’installent et à quoi mènent les expériences national-populistes, et combien il est difficile, ensuite, de s’extraire de ce marécage. Nous savons que l’expérience n’est pas transférable, et que comparaison n’est pas raison. Mais avant de voter pour l’extrême droite ou l’extrême gauche, écoutez le témoignage de citoyens d’un pays qui a connu un gouvernement de nationaux-populistes autoritaires et anti-européens.

Blessures nationales

Tout a commencé doucement, à pas de velours. Pendant la campagne électorale de 2015, le parti Droit et justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski a promis un « bon changement », des privilèges sociaux, la « redistribution de la dignité ». Ensuite, le parti a joué sur la peur des migrants, censés propager les maladies, les microbes et les parasites. Il s’est opposé aux quotas de relocalisation des réfugiés [demandés par l’UE après la vague de migrants syriens à l’été 2015].

Et cela a continué crescendo. Kaczynski a accusé le premier ministre de l’époque, Donald Tusk, d’être à la solde de l’Allemagne, de la France et de Bruxelles qui – c’est bien connu – ne font que saboter notre souveraineté. Il a dit que la Pologne était « en ruine » et était devenue la « propriété privée de Berlin ». Son parti a joué sur la corde de la fierté et de nos blessures nationales. Il a voulu soigner le complexe d’infériorité par le complexe de supériorité, et exigé de l’Allemagne des réparations de guerre.

Cependant, la population semblait s’être lassée du gouvernement libéral de Tusk. Elle souhaitait un changement, ce que vous appelez l’« alternance ». Elle disait : « Ceux-ci ont déjà gouverné, donnons une chance aux autres. Qu’est-ce qu’on risque ? »

Pressentant le pire, nous avons publié en octobre 2015, juste avant les élections parlementaires, un éditorial dans Gazeta Wyborcza sous le titre : « L’enjeu de ces élections, c’est la démocratie elle-même ». Nous écrivions que ce ne serait pas un simple changement dans le cadre des règles démocratiques, mais une attaque contre ces règles elles-mêmes. Presque personne n’y croyait. On s’est moqué de nous, on nous a accusés d’hystérie, de semer la panique anti-PiS. Nous avons bien vu que nos mots tombaient dans le vide. Nous aurions préféré nous tromper, mais malheureusement ce texte s’est avéré prophétique.

Il vous reste 66.41% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.