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« La situation des urgences pédopsychiatriques est un drame »

La capacité d’accueil et de soin d’enfants atteints de troubles mentaux ne suit pas l’augmentation et l’aggravation des cas, alerte un collectif de professionnels hospitaliers, dont le professeur Richard Delorme, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 17 juillet 2020 à 01h43, modifié le 01 août 2021 à 18h50 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Avons-nous décidé collectivement d’être négligents avec la santé mentale de nos enfants ? Cette question surprenante est pourtant celle que nous, professionnels de santé, nous posons chaque jour – plus encore depuis la crise due au Covid-19 – lorsque nous avons à gérer la souffrance des enfants qui se présentent aux urgences pour des troubles psychiatriques. Que s’est-il passé depuis août 2018, où nous soulignions dans Le Monde les difficultés que nous rencontrions pour pallier l’augmentation de la gravité et du nombre de passages aux urgences ?

Est-il normal que, faute de places d’hospitalisation et d’une organisation cohérente des soins urgents en pédopsychiatrie, nous soyons obligés de laisser des enfants de moins de 15 ans dormir aux urgences, parfois trois ou quatre nuits, dans des lieux où ils ne devraient passer que quelques heures ? Est-ce normal de laisser des enfants angoissés, suicidaires, dans des conditions précaires, sans les soins nécessaires à la prise en charge de leur trouble ? A-t-on accepté collectivement que cette situation est tolérable pour notre société, alors même que les conséquences de la crise sanitaire actuelle se manifestent par un afflux aux urgences ? Ce qui était insupportable l’est plus encore.

Que dire alors à Karim, 12 ans, souffrant d’une déficience intellectuelle ? Ce garçon, placé dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance, est accompagné par ses éducateurs aux urgences, paniqué à l’idée d’être contaminé par le SARS-CoV-2. Ceux-ci nous demandent de l’hospitaliser mais il n’y a aucun lit disponible en pédopsychiatrie en Ile-de-France. L’enfant passe alors quatre nuits aux urgences dans un état d’anxiété majeure, majoré par la perte de repères, sans famille et sans éducateurs.

Conditions déplorables

Que dire à Mélina, 14 ans, arrêtée par des passants alors qu’elle tentait de se jeter sur les rails du métro ? L’adolescente a une dépression sévère et souhaite mourir. Faute de place, elle reste trois jours aux urgences avec ses parents effondrés. Et que dire à Solène, 13 ans, arrivée aux urgences après une quatrième tentative de suicide ces deux dernières semaines ? Cette jeune fille est en état de stress aigu après avoir été séquestrée et violée. Faute de place d’hospitalisation, Solène reste trois jours aux urgences.

Etonnamment, ces situations requérant des soins psychiatriques urgents chez les enfants ne sont pas rares. Elles ont augmenté de manière spectaculaire au cours des vingt dernières années, en France et dans la plupart des pays occidentaux. Le suicide représente la quatrième cause de mortalité chez les 10-14 ans. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 10 % à 20 % des enfants souffrent de troubles mentaux et la moitié des maladies mentales de l’adulte débutent avant 14 ans.

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