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« Conquistadors. De la gloire à la décadence », sur Planète+ : derrière le mythe de l’Eldorado, la part d’ombre des conquérants espagnols

Fer de lance de la colonisation des Amériques aux XVIᵉ et XVIIᵉ siècles, ces aventuriers sans foi ni loi ont marqué l’histoire par le pillage, l’esclavage et une forme de génocide.

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Publié le 08 juillet 2024 à 18h30

Temps de Lecture 2 min.

Image extraite de la série documentaire « Conquistadors. De la gloire à la décadence », de Peter Fellows, réalisée par James Wooley et Daniel Sharp.

PLANÈTE+ – LUNDI 8 JUILLET À 22 H 35 – SÉRIE DOCUMENTAIRE

« Conquistadors ». Un terme mythique, générique, ambigu. L’histoire de ces conquérants espagnols qui ont joué un rôle majeur dans la colonisation des Amériques aux XVIe et XVIIe siècles, racontée dans cette série documentaire, est jalonnée, il est vrai, de personnages qui ont laissé une image souvent sanglante, en clair-obscur, tels Hernan Cortes (1485-1547), qui renversa l’empire aztèque, Francisco Pizarro (1475-1541), dépeceur de l’empire inca, Vasco Nuñez de Balboa (1475-1519), qui institutionnalisa l’esclavage des populations autochtones. Le sous-titre de la série dit tout : « De la gloire à la décadence ». Cortes et Pizarro auront droit chacun à un épisode.

Mais les deux premiers sont évidemment consacrés à Christophe Colomb (1451-1506), primus inter pares de cette nouvelle caste. Après avoir abordé l’île d’Hispaniola avec ses caravelles en 1492 (épisode 1), le navigateur génois rentre en Espagne en 1493 (épisode 2). Ignorant qu’il a découvert un nouveau continent, il revendique « une voie maritime commerciale rapide et sûre vers l’Asie » et surtout raconte à la reine Isabelle la catholique − qui a financé son expédition et doit trouver les moyens de parachever la « reconquista » des territoires musulmans sur la péninsule Ibérique − qu’il existe là-bas « un peuple paré d’or ». Ainsi naît le mythe de l’Eldorado, déclenchement de la première ruée vers l’or d’aventuriers sans foi ni loi − les fameux conquistadors.

En cette fin de XVe siècle, qui voit la « remontada » de la chrétienté face à l’islam, voici, dans la foulée de la « reconquista », la « conquista » tout court − celle du monde par le royaume d’Espagne, tout juste fondé après le mariage des couronnes de Castille et d’Aragon, « grande puissance émergente de l’Europe », dit Sylvia Sellers-Garcia, spécialiste de l’Amérique latine coloniale au Boston College. Avec ses nouveaux territoires, la péninsule Ibérique est désormais au centre du Vieux Continent, lui-même centre du monde.

Image ternie

Vient ensuite le déclin (épisodes 4 et 5). Cinq décennies après Colomb, les Espagnols ont fait main basse sur les nouveaux territoires et les populations locales. Des villes ont certes été bâties sur les ruines des sites aztèques et incas, mais, pour tenter d’encadrer et de réfréner l’avidité des descendants des conquistadors devenus de riches notables soucieux d’indépendance, le roi Philippe II, successeur de Charles Quint en 1555, instaure de nouvelles lois. En vain.

Le dernier épisode relate la fin des conquistadors. Leur image s’est ternie en Europe, après la révélation de la brutalité utilisée pour soumettre les autochtones. L’heure est aux Lumières. Et à leur part d’ombre, ce commerce triangulaire transatlantique, cette « traite négrière » qui substituera les Africains aux Sud-Américains pour alimenter l’esclavage dans le Nouveau Monde.

Lire la critique (en 1984) : Article réservé à nos abonnés « Récits aztèques de la Conquête » ou les conquistadors vus par les conquis

On pourra regretter le côté parfois verbeux de ce documentaire anglo-allemand, dont les réalisateurs ont traversé l’océan pour collecter les doctes commentaires d’une myriade d’experts universitaires de la question coloniale. Un sujet aussi flamboyant aurait mérité un souffle plus épique, une mise en scène riche d’images, de reconstitutions, pour faire du téléspectateur un conquistador de culture générale.

Conquistadors. De la gloire à la décadence, série documentaire de Peter Fellows, réalisée par James Wooley et Daniel Sharp (RU-All., 2023, 6 × 50 min). Disponible à la demande sur MyCanal.

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