" Il y a une forte chance que le non l'emporte sur le territoire. " Jean-Pierre Stirbois, dur parmi les durs du Front national, avait la foi chevillée au corps. A peine était-il revenu d'une mission de propagande en Nouvelle-Calédonie, à la tête d'une délégation de son mouvement, qu'il avait affirmé sa certitude, grâce à son action sans doute, de voir le Caillou refuser l'accord entre " le chef des terroristes du FLNKS ", M. Jean-Marie Tjibaou, et " le parrain d'une mafia d'affairistes qui a retourné sa veste sans en vider les poches ", M. Jacques Lafleur, président du RPCR. Venu de groupuscules extrémistes où le souhait de se montrer " pur et dur " se marie volontiers avec la violence physique, Jean-Pierre Stirbois semblait avoir un penchant naturel pour la violence froide des mots. " La Nouvelle-Calédonie est une marmite prête à exploser, et le référendum va créer là-bas un véritable apartheid qui va entrainer l'irréparable ", déclarait-il quelques heures avant sa mort. Jusqu'au dernier moment, le dirigeant d'extrême droite avait battu la campagne, et c'est au retour d'un dernier meeting à Dreux, où il était adjoint au maire, qu'il s'est tué. Il était l'antithèse presque parfaite de son chef, qu'il admirait tout en rêvant, disait-on, de lui succéder : Jean-Pierre Stirbois était, sans l'emphase de l'ancien parachutiste qui dirige le FN, un organisateur méthodique, calculateur et sans états d'âme. Il avait joué un rôle prépondérant, sinon décisif, dans les récentes exclusions prononcées au Front.
Jean-Pierre Stirbois puisait ses racines politiques dans le courant dit " solidariste ", adversaire du " marxisme totalitaire " et du " capitalisme international ", qui, dans la petite sphère de l'extrémisme de droite, ne négligeait pas de s'opposer aux nationalistes révolutionnaires dont François Duprat, mort dans un attentat en 1978, fut le chef de file. Militant successivement pour Me Jean-Louis Tixier-Vignancour dans les " comités TV ", au Mouvement jeune révolution (MJR) du capitaine Sergent, ancien chef de l'OAS-métropole, au Mouvement solidariste français lancé en 1971, puis au Groupe action jeunesse (GAJ) initié par d'ex-militants du groupe Ordre nouveau et du MSF qui ont refusé de suivre... M. Le Pen, Jean-Pierre Stirbois rejoignit enfin le Front national en 1977, et en devint rapidement la cheville ouvrière.
Il vous reste 42.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.