Jacques Arnould : « Dieu s’échappe toujours »

On dit que l’origine nous échappe toujours. « L’origine se cache dans un grand brouillard », écrivait Teilhard de Chardin. Comme la vie, la foi est un héritage que j’ai reçu. Je n’ai pas vécu de chemin de Damas. Ma foi s’est construite dans le quotidien d’une famille pratiquante. Puis auprès d’hommes et de femmes dont la vie m’a poussé à m’interroger.

Ainsi, ma mère était une femme de foi bien trempée, peu encombrée de grandes réflexions : elle croyait en actes, avec ses mains et ses pieds. Elle était exigeante, avec elle-même, avec les autres mais montrait aussi une très grande liberté. Cette foi héritée continue à m’inspirer et à m’alimenter. J’étais aussi poussé par une grande curiosité : qui est Dieu ? J’ai toujours eu envie d’aller plus loin.

J’ai longtemps fréquenté des lieux monastiques, avec le désir d’expérimenter une certaine radicalité. Était-ce un endroit pour moi ? Sur un coup de tête, je suis allé voir mon ami Nicolas-Bernard, dominicain de Toulouse. Là-bas, j’ai trouvé à la fois tout ce que j’avais découvert dans la vie monastique – la vie commune, la liturgie – et cette implication dans le monde, tout aussi radicale.

• EMERIC FOHLEN POUR LA VIE

Sciences et foi

Formé à Agro Paris Tech, j’avais une appétence pour les questions scientifiques mais j’étais plutôt resté sur le volet des applications techniques. Durant mon noviciat à Lille, les dernières lignes de l’essai le Hasard et la Nécessité, de Jacques Monod, m’ont profondément marqué : « L’homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité indifférente de l’univers d’où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n’est écrit nulle part. À lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres. »

Le constat peu