![Michel Wieviorka](https://cdn.statically.io/img/medias.lavie.fr/api/v1/images/view/668befb19639a82529367436/width_1000/image.jpg)
Michel Wieviorka est sociologue, ancien directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et auteur de nombreux ouvrages sur le Front national (FN). En 2021, il a rédigé Racisme, antisémitisme, antiracisme : apologie pour la recherche. Rapport remis à Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Quels sont les principaux enseignements de ce scrutin ?
Il marque l’entrée dans une nouvelle ère. Emmanuel Macron a cru possible d’incarner ensemble la droite et la gauche, en absorbant leurs forces vives. C’est fini. Sa politique avait encouragé le gonflement des extrêmes et la déliquescence des partis de droite et de gauche classiques. C’est fini.
Les Français ont montré que la politique les intéresse, et qu’elle peut les mobiliser. Ils l’ont fait non pas tant pour promouvoir un quelconque programme que pour éviter l’arrivée aux affaires du Rassemblement national (RN). Cependant, il n’y a pour l’instant pas de vision de l’avenir nette et acceptable par une quelconque majorité. Bref, en premier lieu, ce scrutin disqualifie Emmanuel Macron et Marine Le Pen, peut-être dans les deux cas durablement.
Êtes-vous étonné de ce renversement de tendance entre le premier et le second tour ?
Les sondages ne permettaient pas d’imaginer un tel renversement. De plus, je vis et vote dans le Vaucluse, un département où l’avenir du RN se présentait sous un jour radieux, ce qui pouvait biaiser mon jugement d’ensemble. Néanmoins, j’avais constaté que Jordan Bardella avait commis une lourde faute en s’en prenant aux binationaux, et j’ai perçu aussi un changement d’atmosphère : le RN, au départ de cette séquence inaugurée par les élections européennes, était tenu pour « dédiabolisé », la meilleure preuve étant son attitude sur la question juive.
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