Après le campement du square Victoria vendredi matin, le campement du parc des Faubourgs a été démantelé, en après-midi. L’action s’opposait au démantèlement des campements pour personnes itinérantes à Montréal.

Des employés de la Ville de Montréal sont venus démanteler le campement en milieu d’après-midi, avec le soutien d’agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Le ton est monté entre les policiers et les manifestants, qui ont tenté d’empêcher l’intervention en formant une barrière humaine autour du campement.

Aucune arrestation n’a été faite et aucune intervention n’a été nécessaire, selon le SPVM, qui a précisé qu’une personne avait été prise en charge par des ressources communautaires.

Il ne restait aucune tente sur le gazon du parc des Faubourgs à l’arrivée de La Presse vers 16 h. Des manifestants se tenaient encore en grappes dans le parc, autour duquel une dizaine de véhicules de police étaient stationnés.

Pas dans l’espace public

Le campement du parc des Faubourgs a été démantelé « pour la même raison que pour le square Victoria », a expliqué Simon Charron, porte-parole de la Ville de Montréal. « On ne peut pas tolérer qu’une manifestation occupe le domaine public de façon permanente », a souligné le porte-parole.

À l’arrivée des policiers, les campeurs ont demandé à avoir un dialogue « plutôt que de se faire imposer un démantèlement systématique », a expliqué Guillaume Groleau, qui habitait le campement depuis le 1er juillet, date où les premières tentes ont été plantées sur le site. Celui qui travaille comme intervenant dans un refuge pour hommes en situation d’itinérance déplore que la Ville de Montréal n’ait pas averti les campeurs avant de sévir.

Selon Simon Charron, 25 manifestants se trouvaient sur le campement vendredi après-midi, et aucun d’entre eux n’était en situation d’itinérance, ce qui justifie l’absence d’avertissement de la part de la Ville. Dans le cas de campements pour personnes en situation d’itinérance, « on avertit quelques jours à l’avance, pour les aider à trouver une place où aller », ajoute le porte-parole.

Un campement pacifique

Des intervenants et des personnes en situation d’itinérance cohabitaient pacifiquement au sein du campement, selon Éric, un résidant de Verdun qui venait occasionnellement prêter main-forte aux manifestants. « Il n’y a eu aucune violence, aucun graffiti, aucun vandalisme ici », affirme-t-il.

Le campement était l’œuvre de Refus local, « une gang d’intervenants de rue et d’activistes qui constatent qu’il y a un problème d’itinérance », ajoute Marc Laramée, un intervenant psychosocial qui participait à l’action.

Une ambiance bon enfant a régné sur le campement pendant toute sa durée, selon Guillaume Groleau. « On avait créé quelque chose de très beau », souligne-t-il, les yeux fatigués. Quand on lui a demandé si le démantèlement le décourageait, le jeune homme a été catégorique : « Non. »

Même son de cloche chez Marc Laramée, selon qui Refus local continuera de militer, notamment pour que Montréal organise des campements encadrés et sécuritaires pour les personnes itinérantes, comme on en trouve à Vancouver ou sur la côte ouest des États-Unis. « L’administration Plante n’a pas fini d’entendre parler de nous », a ajouté l’intervenant.