Décoration

12 artisans d’art qui célèbrent le savoir-faire français

Très précieux pour les décorateurs, ces façonniers apportent leur touche d’exception aux plus beaux chantiers, faisant toute la richesse du savoir-faire français.
12 artisans dart qui clèbrent le savoirfaire français
© Atelier Steaven Richard

Nicolas Pinon, laqueur

© Étienne Lobelson

Rare en France, Nicolas Pinon travaille les techniques ancestrales de laque végétale asiatique – urushi, en japonais. Il ouvre son atelier parisien en 2017 après avoir enchaîné un diplôme à l’École Boulle et une longue formation, qui l’aura amené à Barcelone et surtout au Japon pour travailler auprès du grand maître laqueur Nagatoshi Onishi. Aujourd’hui, il partage son activité entre la formation, les collaborations avec des designers ou des décorateurs et ses créations à base de toile de chanvre et de laque, comme le veut la technique kanshitsu, dont il est spécialiste.

www.nicolaspinon.com

© Sophie Zénon pour la Fondation Bettencourt Schueller

Anna Le Corno, ébéniste

© Farouche

Après des débuts dans l’architecture, Anna Le Corno choisit de se tourner vers l’ébénisterie en s’inscrivant à l’École Boulle. Peu après, en 2015, le studio Farouche voit le jour, permettant à l’ébéniste d’approfondir sa maîtrise du bois et d’introduire le numérique aux côtés de méthodes plus traditionnelles. Elle crée ainsi de véritables tableaux de marqueterie avec toute une variété d’essences – noyer français, tulipier, sycomore, frêne, érable… Son esthétique empreinte d’abstraction et son sens de la composition lui ont notamment valu le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris, en 2016.

© Antoine Liepens

www.farouche-paris.fr

Mathieu Bassée, brodeur architectural

©Agence Jouin Manku / Éric Laignel

Partie intégrante du brodeur haute couture Montex, rattaché lui-même aux Métiers d’Art de Chanel, le Studio MTX a inventé un nouveau genre : la broderie architecturale. À sa tête, le directeur artistique Mathieu Bassée a mis à profit sa riche expérience – un passage chez Hermès et plusieurs collaborations pour des marques ou l’HEAD Genève – pour repousser les limites de la technique traditionnelle en mélangeant les métaux avec des matières inattendues, du cuir au tissu. Une écriture résolument contemporaine pour un résultat bluffant.

© Noel Manalli

www.mtx-paris.com

Élodie Michaud & Rebecca Fezard, designeuses matière, surface et textile

© Ella Perdereau

Si Élodie Michaud et Rebecca Fezard occupent une place à part dans le panorama des artisans, c’est qu’elles fabriquent elles-mêmes leur matériau, ou plutôt biomatériau, à travers Precious Kitchen, la plateforme de transmission open-source qu’elles ont cofondée en 2019. Employant des techniques industrielles et artisanales, le duo travaille essentiellement à partir de déchets et de chutes – la recherche autour de liants naturels était notamment la base de leur bourse Agora du Design 2021. En résultent des installations entre art et design et des commandes pour le luxe, comme ces moulages pour Chaumet, réalisés avec des biomatériaux de coquilles de moules, dorés à la feuille.

 © Matthieu Barani

www.hors-studio.fr

Janaïna Milheiro, plumassière

© Diptyque Wynn

Forte de sa maîtrise des techniques textiles artisanales et industrielles apprises à l’ENSCI – Les Ateliers et à l’école Duperré, Janaïna Milheiro a choisi les plumes. Dans son studio, fondé à Paris en 2011, elle en fait des broderies, des dentelles, des flocages, des sculptures et même des panneaux de verres feuilletés où elle incruste ses plumes – exclusivement d’oiseaux non menacés d’extinction et élevés pour la consommation dans des conditions dignes. Ainsi, elle repousse les limites du genre, créant à la main d’étonnantes compositions très prisées par les maisons de luxe, mais aussi par les décorateurs.

© Romain Ricard

www.janaina-milheiro.com

Lily Alcaraz & Léa Berlier, tisseuses

© © Lily Alcaraz et Léa Berlier

Formées à l’école Duperré puis à l’ENSCI – Les Ateliers, Lily Alcaraz et Léa Berlier décident de fonder leur studio en 2009, après leur résidence aux Ateliers de Paris. Depuis, ce duo de designeuses textile a trouvé son propre langage à travers le tissage. Un domaine où elles excellent en mélangeant aussi bien le papier que le feutre, la laine ou le cuir. D’une grande finesse, les pièces uniques qu’elles réalisent à la main sur leurs métiers à tisser sont autant de textures et de trames sans cesse renouvelées, traversées par une recherche sophistiquée autour de la lumière et de la couleur… Leur travail est apprécié par les décorateurs et les grandes marques, sans oublier la Great Design Gallery, qui les expose.

© Florent Mulot

www.lilyetlea.fr

Gaspard Mahieu, créateur de mosaïque

© Gaspard Mahieu

Il faut trois à cinq jours à Gaspard Mahieu pour confectionner un mètre carré de mosaïque dans son atelier de Montmartre. Pour cause, il travaille avec la technique indirecte, ce qui implique de fixer en amont les tesselles découpées à la pince sur un papier kraft afin de créer la fresque de mosaïque qui sera ensuite reproduite sur les chantiers. Peintures tibétaines, tissages Bauhaus ou Art déco, l’éventail d’inspirations est large mais indique tout de même un talent pour les motifs à lignes pures et subtiles, assurément contemporains… et de préférence en marbre. Même si l’on trouve également de très belles réalisations en émaux de verre ou des mosaïques d’or.

© Deidi von Schaewen

www.gaspardmahieu.com

Valérie Colas Des Francs, marqueteuse de paille

© Valérie Colas des Francs

Si elle assure être guidée par une quête de simplicité, Valérie Colas des Francs réalise pourtant des objets très sophistiqués, qu’il s’agisse de ses propres créations ou de celles d’un décorateur. Formée pendant quinze ans à la marqueterie de paille auprès de Lison de Caunes, elle a installé son atelier à Nemours en 2014, commençant par le bijou et l’accessoire jusqu’à attaquer des meubles de plus grande envergure. Une spécialisation accrue qui l’amène aujourd’hui à explorer de nouvelles techniques telles que le gaufrage de la paille ou le travail en creux.

© Julien Cresp

www.valeriecolasdesfrancs.com

Caroline Prégermain, maître verrier

© Cédric Corroy

Meilleure ouvrière de France depuis 1994, Caroline Prégermain a déjà un riche parcours derrière elle. Après des études et une spécialisation en vitrail à l’Ensaama Olivier de Serres, elle fonde l’Atelier Saint-Didier en 1986, animée par sa fascination pour le verre et ses jeux de transparences à travers la lumière, tout en voulant dépoussiérer la réputation du vitrail. Des ronds, des lignes, des bulles, des palmettes, des carrés, elle manie ainsi tous les motifs pour créer un style résolument contemporain, notamment au service des grands chantiers de décoration d’intérieur.

© Arthur Pequin

www.vitrail-ateliersaintdidier.com

Sophie Brillouet, sculptrice de coquillages

© Sophie Brillouet

Installée en Charente-Maritime, Sophie Brillouet est d’abord passée par la mise en scène pendant plusieurs années avant de se consacrer aux coquillages, qu’elle utilise toujours entiers et au naturel, assemblés sur une base de stuc. C’est donc naturellement, en 2015, qu’elle a fondé son studio, signant des créations tantôt sculpturales, tantôt murales, vues à la Galerie OAK ou pour des décorateurs. En deux ou trois dimensions, elle parvient à créer un mouvement inspiré par les formes de vie organique, qu’il s’agisse de la terre, de la flore ou de l’atmosphère.

© Stephen Clément

www.sophiebrillouet.com

Steaven Richard, ferronnier

© Atelier Steaven Richard

La mémorable commande d’un parquet Versailles en maillechort texturé pour Karl Lagerfeld chez Chanel, en 2013, n’est pas le seul fait d’armes de l’Atelier Steaven Richard. De nombreux décorateurs, comme Pierre Yovanovitch ou Laura Gonzalez, font appel à l’expertise de ce ferronnier en matière de laminage artistique. Reconnu parmi les Grands Ateliers de France, l’atelier est passé maître dans l’expérimentation, allant jusqu’à breveter certaines de ses techniques, capables de transformer le métal, qu’il s’agisse d’acier ou de bronze. Ainsi, les textures et les effets les plus inattendus relèvent encore un peu plus l’art de la ferronnerie.

© Ben Massiot

www.steavenrichard.fr

Fanny Boucher, maître en héliogravure au grain

© Edouard Elias

Certains l’ont peut-être découverte en 2020 grâce au Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main®, où elle a été déclarée talent d’exception, mais en réalité la maître d’art Fanny Boucher a fondé son atelier Héliog en 2000, faisant d’elle l’une des rares spécialistes au monde d’héliogravure au grain. Il s’agit d’un procédé d’estampe non tramé, à mi-chemin entre photographie et gravure en taille-douce, qui date du XIXe siècle. Très prisé par les meilleurs photographes pour la finesse de ses dégradés, il s’applique aussi bien aux livres d’artiste qu’aux cuirs ou aux tissus. Le talent d’innovation de Fanny Boucher lui permet désormais de travailler aussi pour la décoration.

© Gilles Leimdorfer

www.heliog.com