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Entre 119 500 et 300 000 manifestants dans toute la France contre la politique gouvernementale

Cheminots, personnels hospitaliers, postiers, fonctionnaires, étudiants… étaient côte à côte, jeudi, dans des manifestations à l’appel de la CGT et de Solidaires.

Par , et (avec AFP)

Publié le 19 avril 2018 à 15h11, modifié le 20 avril 2018 à 08h04

Temps de Lecture 8 min.

Manifestation interprofessionnelle organisée par la CGT et Solidaires contre les réformes du gouvernement, à Paris, le 19 avril.

Une « convergence des luttes » pour s’opposer à Emmanuel Macron. Cheminots, personnels hospitaliers, postiers, fonctionnaires, étudiants… ils étaient côte à côte, jeudi 19 avril, dans des manifestations à l’appel de la CGT et de Solidaires. Plus de 130 mobilisations étaient organisées dans toute la France, rassemblant entre 119 500 manifestants (selon le ministère de l’intérieur) et 300 000 personnes (selon la CGT).

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A Paris, la manifestation appelée par la CGT n’a pas fait recette sous le soleil printanier. Il y avait 15 300 personnes, selon le comptage du cabinet Occurrence réalisé pour un collectif de médias, dont Le Monde. La date, en pleines vacances scolaires, n’a probablement pas aidé.

Mais la CGT a perdu son pari : la « convergence des luttes », ou du moins des cortèges, ne s’est pas opérée en ce jeudi 19 avril. Pierre Laurent (Parti communiste) et Olivier Besancenot (Nouveau Parti anticapitaliste), présents comme certains dirigeants de La France insoumise (LFI), avaient beau vanter la « généralisation des grèves » et « une mobilisation qui s’enracine », le cœur n’y était pas.

Heurts entre manifestants et forces de l’ordre

Les maigres cortèges départementaux de la CGT, tout comme ceux par secteurs (santé, énergie, communication, RATP…), n’ont pas réussi à grossir au fil de l’après-midi. Seul le cortège de tête (groupes autonomes et mouvance anarchiste) et les rangs étudiants des différentes facs et écoles supérieures parisiennes ont réussi à égayer la manifestation. Des cortèges joyeux précédés des troupes en panoplie noire complète.

Venus en nombre, les jeunes black blocs et anarchistes ont défilé sagement aux sons de Freed from Desire, de Gala. Mais lorsque le défilé est arrivé à Port-Royal, certains manifestants ont commencé à harceler les forces de l’ordre. Ce fut ensuite un va-et-vient régulier de petits groupes attaquant quelques devantures et lançant des projectiles vers les rangs policiers, qui répliquaient avec des gaz lacrymogènes.

Au début du rassemblement, Olivier Besancenot relativisait déjà les effets d’une possible faible mobilisation : « Nous n’avons dupé personne. Il y a beaucoup de modalités différentes. Toutes les manifestations sont importantes et on appelle à toutes les autres. »

Les regards se tournent déjà vers les prochains rassemblements prévus le 1er mai ou le 5 mai à l’appel du député (LFI) de la Somme François Ruffin. « C’est dur de faire grève, on a besoin de se serrer les coudes », abondait, un peu plus loin, le député (LFI) du Nord Adrien Quatennens. « C’est pour cela que les manifestations le week-end sont importantes », ajoutait l’élu membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale avant d’afficher son optimisme : « Il n’y a aucune concurrence entre les manifestations, tout cela va vers un rapport de force victorieux. »

« Nous voulons exprimer notre souffrance »

Dominique Hubert, infirmière à l’hôpital Gustave-Roussy de Villejuif, a tenu à être présente dans le cortège.

« Nous voulons exprimer notre souffrance. Nos salaires n’ont pas été augmentés depuis 2008. Il faut que des fonds soient débloqués pour les infirmières [et] les aides-soignantes du privé et du public. Nous demandons également que les départs en retraite soient remplacés. »

C’est la première fois qu’elle manifeste cette année. Elle est venue également pour les autres secteurs concernés :

« Nous avons des causes identiques. Nous sommes tous en train de dénoncer la baisse du pouvoir d’achat. Je pense qu’Emmanuel Macron va nous entendre parce que nous sommes nombreux. »

Agent à la RATP, Arnaud était déjà venu manifester le 22 mars. Avec son autocollant de la CGT à la poitrine, il est venu jeudi pour « défendre le modèle social ». Il veut que « le transport public reste public, tout comme l’énergie et la santé ».

« A la RATP, il y a déjà des filiales de droit privé. On a vu ce que ça donnait en Angleterre, le prix des transports a explosé, ce n’est pas mon rêve. »

Et il en est persuadé : « Nous allons faire céder Emmanuel Macron. Il peut faire quatre ans de casse mais on tiendra quatre ans. »

Lors de la manifestation interprofessionnelle organisée par la CGT et Solidaires pour protester contre les réformes du gouvernement, à Paris, le 19 avril.

Près de 6 000 personnes à Marseille

A Marseille, selon le comptage du cabinet Occurrence, 5 700 ersonnes ont manifesté. La police en a comptabilisé 5 000, la CGT 65 000. Le gouvernement veut « tout privatiser. Il faut les arrêter », a déclaré Olivier Mateu, secrétaire général de la CGT des Bouches-du-Rhône, en tête du cortège mené par plusieurs centaines de cheminots munis de pétards, de feux de Bengale et de cornes de brume. Le chef de file de LFI et député des Bouches-du-Rhône Jean-Luc Mélenchon, était présent.

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A Rennes, les manifestants étaient accompagnés de trois tracteurs de la Confédération paysanne en soutien à la « zone à défendre » (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). A Besançon aussi le cortège affichait son soutien avec des affiches « ZAD mon amour ».

Grèves dans divers secteurs

Les grèves s’accompagnent de perturbations, notamment à la SNCF où un TGV sur trois et deux TER sur cinq étaient prévus. Le taux de grévistes était plus important jeudi que la veille (22,7 %), avec 66,4 % de conducteurs à l’arrêt.

Une trentaine de cheminots ont par ailleurs bloqué le trafic en gare de Lille dans la matinée, en brûlant des pneus sur les voies, ce qui a poussé des passagers à descendre des rames pour rejoindre les quais.

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Dans l’énergie, les militants CGT, qui promettaient des « coupures ciblées », ont, par exemple, arrêté l’électricité en gare de Pau, coupé les radars au Creusot (Saône-et-Loire) ou organisé un barrage filtrant sur un rond-point près de la centrale nucléaire du Bugey (Ain).

La mobilisation a affecté aussi certaines crèches et écoles, ainsi que les antennes de France Culture et de France Musique. Des débrayages sont également prévus à La Poste, chez les fonctionnaires et à France Télévisions.

La contestation monte également dans le secteur de la santé, les hôpitaux et les maisons de retraite médicalisées (Ehpad), chez l’ensemble des fonctionnaires. Et le conflit salarial au sein d’Air France est dans l’impasse. En dehors du monde du travail, des facultés sont occupées ou bloquées par des opposants à la réforme Parcoursup, accusée d’instaurer une sélection à l’entrée à l’université.

Les concertations sur la SNCF suspendues

Les cheminots en sont à leur huitième journée de grève depuis le début d’avril contre la réforme ferroviaire, et le ton s’est durci, jeudi, avec la décision de l’intersyndicale de suspendre sa participation à la concertation avec la ministre chargée des transports, Elisabeth Borne.

Mais cette dernière a affirmé dans la foulée que la réforme de l’entreprise publique ferroviaire est « nécessaire » et qu’elle sera « conduite jusqu’à son terme » : « Cette posture intervient alors que l’essentiel de la concertation a été mené et qu’elle doit s’achever la semaine prochaine. »

La CGT et Solidaires espèrent construire un front unique à partir de ces colères. Une « coagulation » des « mécontentements » à laquelle ne croit pas le président Emmanuel Macron, qui estime que les différents mouvements ont « peu à voir » entre eux.

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