Allocution du Dr Shin Young-soo, Directeur régional de l’OMS pour le Pacifique occidental, à l'occasion de la soixante-quatrième session du Comité régional de l'OMS pour le Pacifique occidental

21 October 2013

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres et les représentants des États Membres et
des organismes partenaires,
Madame le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS,
Chers collègues, Mesdames et Messieurs,

Je vous souhaite la bienvenue au Bureau régional du Pacifique occidental. C’est toujours une occasion particulière pour moi de m’exprimer devant vous, plus encore aujourd’hui.

Comme vous le savez, j’ai été nommé Directeur régional de l’OMS pour le Pacifique occidental pour un deuxième mandat. C’est un honneur que j’accepte avec humilité.

Je vous suis profondément reconnaissant de votre confiance. Je sais que cette nomination ne concerne pas que moi. C’est la confirmation du travail que nous avons accompli dans la Région.

Bien entendu, la voie suivie et les réformes adoptées sont le fruit des décisions réfléchies du Comité régional.

De la même façon, les progrès considérables réalisés en santé publique pendant mon mandat ne sont pas les miens. Ce sont ceux de nos États Membres et des plus de 650 agents de l’OMS qui travaillent dans cette vaste Région.

Les priorités sont si nombreuses qu’il m’arrive de trop solliciter mon personnel. Mais il répond toujours avec professionnalisme et dévouement. J’ai de la chance de travailler avec des personnes aussi motivées.

Je félicite aussi les États Membres de leur engagement et de leur travail assidu. Au nom du Secrétariat de l’OMS, je vous remercie de la confiance que vous continuez à nous témoigner.

Chaque année, le Directeur régional rend compte au Comité du travail effectué pendant l’année écoulée. Chacun d’entre vous a reçu mon rapport officiel détaillé : Activité de l’OMS dans la Région du Pacifique occidental.

J’aimerais revenir sur l’activité de l’OMS pendant l’année écoulée et voir comment – selon les orientations que vous allez nous donner – nous allons aborder les problèmes de demain.

La liste des réalisations commence par les programmes destinés à améliorer la santé des communautés et des populations.

La plupart des États Membres ont considérablement réduit la mortalité de la mère et de l’enfant et sont sur le point d’atteindre les objectifs 4 et 5 du Millénaire pour le développement.

À plus grande échelle, nous œuvrons ensemble pour combattre les facteurs de risque de maladies non transmissibles, qui sont la principale cause de mortalité prématurée et de handicaps dans la Région.

L’OMS et les États Membres ont fixé des cibles volontaires dans le cadre mondial de suivi des progrès de la lutte contre l’épidémie de maladies non transmissibles. Dans le courant de la semaine, le Comité régional va examiner un projet de plan d’action contre les maladies non transmissibles qui aligne les cibles régionales sur les cibles mondiales définies il y a peu.

Notre Division Appui technique dans le Pacifique a aidé les dirigeants du Pacifique à dresser des plans de crise adaptés à la situation qui leur est propre en matière de maladies non transmissibles. Ces plans couvrent la lutte antitabac, la réduction de la consommation de sel et l’ensemble d’interventions essentielles contre les maladies non transmissibles.

Ce n’est qu’en privilégiant la prévention – et en constituant des groupes résolus à maintenir la population en bonne santé – que nous pourrons maîtriser les maladies non transmissibles.

S’inspirant des fondations pour la promotion de la santé expérimentées en Australie, l’OMS a contribué au renforcement des capacités dans le cadre d’un programme appelé ProLead.

Le succès a été phénoménal.

Des fondations pour la promotion de la santé ont été créées en Malaisie, en Mongolie, en République de Corée et aux Tonga. Le Samoa aura bientôt la sienne lui aussi.

La République démocratique populaire lao et le Viet Nam ont créé des fonds de lutte antitabac.

De leur côté, le Conseil de la promotion de la santé à Singapour et l’Agence de promotion de la santé en Nouvelle-Zélande continuent à servir d’exemples à l’ensemble de la Région.

À vrai dire, notre Région est la seule où le nombre d’organisations de promotion de la santé augmente. Nous en avons 10, dont la plupart ont vu le jour ces cinq dernières années.

La coopération et la collaboration pour la santé ne s’arrêtent pas là.

Grâce au Programme Macao/OMS d’encadrement pour les villes-santé, les responsables municipaux continuent à échanger des données d’expérience et à se parrainer les uns les autres dans l’ensemble de la Région.

La mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac est passée à la vitesse supérieure.

Plusieurs États Membres ont augmenté les taxes sur le tabac, renforcé les mises en garde sanitaires, créé des espaces non-fumeurs et interdit la publicité, la promotion et le parrainage par les fabricants de tabac.

Le Viet Nam a adopté sa première législation complète contre le tabac, qui est entrée en vigueur en mai de cette année.

L’année dernière, les Îles Cook, Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Tonga ont augmenté les taxes sur le tabac.

En juillet de cette année, les ministres de la santé du Pacifique ont fixé pour objectif à l’horizon 2015 un Pacifique sans tabac — c’est-à-dire une prévalence du tabagisme inférieure à 5 % chez les adultes. L’objectif est ambitieux, mais réalisable … et surtout très louable.

Aux Philippines, en décembre 2012, le Président a décrété une majoration des taxes sur le tabac afin d’accroître le budget consacré à la couverture sanitaire universelle.

J’ai eu le grand plaisir de féliciter personnellement le Président Aquino quand nous l’avons reçu ici au Bureau régional à l’occasion de la Journée mondiale de la santé.

Plus récemment, les États Membres ont signé un traité de collaboration pour juguler la contrebande et le commerce illicite des produits du tabac.

En œuvrant de concert, nous avons également bien progressé dans la lutte contre les maladies transmissibles.

Près de 30 États et Territoires ont, semble-t-il, franchi le cap fixé pour 2012 en ce qui concerne l’hépatite B, soit une séroprévalence inférieure à 2 % chez les enfants de moins de cinq ans. Huit pays ont déjà atteint l’objectif fixé à plus long terme – une prévalence inférieure à 1 %.

Cette semaine, le Comité régional va examiner la possibilité de fixer, comme date butoir, 2017 pour la réalisation de l’objectif de 1 % par tous les États Membres. Cette mesure permettra d’éviter 60 000 décès par an dans la Région.

Cette année, Nioué et les Palaos vont confirmer l’élimination de la filariose lymphatique. Neuf autres États et Territoires devraient leur emboîter le pas dans les trois ans qui viennent.

La transmission du virus endémique de la rougeole a probablement été interrompue dans 34 États et Territoires de la Région. Les États Membres ont aussi fait des progrès remarquables sur la voie de l’accès universel au diagnostic et au traitement de l’infection à VIH.

Nous avons également bien avancé par rapport à la cible des objectifs du Millénaire pour le développement consistant à réduire de moitié le nombre de cas de tuberculose d’ici 2015.

Ensemble, nous avons réussi à nettement réduire la charge de morbidité et de souffrances dont plusieurs maladies tenaces sont la cause.

Mais de grands problèmes subsistent, comme ceux de la tuberculose multirésistante, du paludisme résistant à l’artémisinine et des populations à forte prévalence du VIH difficilement accessibles.

De fait, pour que la plupart de nos efforts aboutissent à long terme – qu’il s’agisse des OMD ou de la lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles – il faut des systèmes de santé accessibles et efficaces.

C’est pourquoi l’OMS encourage les États Membres à renforcer leurs systèmes de santé en vue d’instaurer la couverture sanitaire universelle.

Bien-sûr, tous les gouvernements s’inquiètent du coût des services pour tous.

L’OMS collabore avec les États Membres à l’élaboration des politiques de financement de la santé. Nous nous attachons à les rendre plus efficientes et à réduire les obstacles financiers.

L’OMS a fourni un appui technique au Viet Nam pour qu’il revoie sa législation en matière d’assurance-maladie et a secondé les Philippines dans la mise en place d’un cadre national de suivi et d’évaluation pour la couverture universelle.

L’OMS dispense également une formation dans le domaine de la sécurité des patients sous la forme de listes de contrôle de la sécurité chirurgicale et de campagnes pour le lavage des mains au Cambodge, en République démocratique populaire lao et au Viet Nam.

Nous avons récemment examiné les stratégies régionales portant sur les systèmes de santé pour mieux orienter notre collaboration avec les pays en matière de développement des systèmes de santé.

Il est ressorti de cet examen que la couverture sanitaire universelle sera la première priorité pour nombre d’États Membres ces prochaines années.

L’un des aspects cruciaux de l’action à mener pour parvenir aux soins de santé universels est l’inclusion du plus grand nombre possible de services de santé de base.

Pendant l’année écoulée, l’OMS a cherché à lever les difficultés que pose la création de nouveaux services en lien avec les maladies non transmissibles et le vieillissement rapide la population. Nous nous sommes aussi employés à inclure les services négligés comme les services de prévention de la cécité, de santé mentale et de prise en charge des handicaps.

La capacité d’un pays à mettre en place des services de santé de bonne qualité dépend de nombreux facteurs. Mais au final, pour pouvoir assurer des services de santé, il faut un personnel compétent et fiable.

C’est dans cette optique que l’OMS a collaboré avec les Îles Salomon et les Philippines à la planification stratégique des ressources humaines pour la santé et avec le Cambodge et la République démocratique populaire lao au renforcement des moyens de formation. L’OMS a plaidé pour que les services de santé essentiels soient mieux financés en République démocratique populaire lao. Résultat : le gouvernement a financé 4000 nouveaux postes pour augmenter sensiblement les effectifs, surtout dans les zones rurales.

Le manque de personnels de santé est particulièrement criant dans le Pacifique, où l’OMS collabore avec les États Membres pour profiter des possibilités de formation des agents de santé à l’étranger.

Même une fois que les agents de santé formés à l’étranger ont obtenu leur diplôme, l’OMS travaille de concert avec les pays pour faciliter leur accréditation et leur intégration.

Basée à Suva (Fidji), la Division Appui technique dans le Pacifique a été créée dans le cadre de la réforme entreprise par l’OMS dans la Région pour offrir un meilleur appui à chaque pays.

J’ai déjà souligné plusieurs résultats du travail effectué par la Division, notamment la mise en place de l’ensemble PEN d’interventions essentielles contre les maladies non transmissibles, l’augmentation des taxes sur le tabac et les progrès continus dans l’élimination de la filariose lymphatique.

Récemment, la Division a pris la direction des opérations au sein de l’OMS et organisé la très fructueuse Réunion des ministres de la santé du Pacifique, accueillie cette année par le Gouvernement des Samoa.

Aujourd’hui, quatre sur cinq des demandes d’assistance émanant des pays insulaires du Pacifique sont directement traitées par la Division à Suva.

Il est particulièrement important d’apporter un soutien de proximité aux pays dans une Région qui a plus que son lot de catastrophes et d’urgences sanitaires.

Il suffit d’énumérer les événements survenus au cours de l’année écoulée dans la Région du Pacifique occidental.

Un cyclone a dévasté Fidji et les Samoa en décembre 2012.

Un séisme sous-marin a provoqué un tsunami meurtrier aux Îles Salomon en février 2013.

Aux Philippines, des typhons et des inondations ont frappé la capitale et le sud du pays.

Au début de l’année, la République démocratique populaire lao a connu la pire flambée de dengue de son histoire.

Une flambée de grippe, due à une nouvelle souche de virus grippal encore jamais observée chez l’homme et désormais connue sous le nom de H7N9, est survenue en Chine.

Cette flambée fut le baptême du feu pour le Centre d’opérations d’urgence nouvelle formule qui venait d’être inauguré ici et qui ne cesse de travailler depuis.

Se guidant d’après le Cadre d’action d’urgence, l’OMS a fourni un appui technique aux pays touchés et, sur demande, aidé à coordonner l’aide internationale en cas de catastrophe.

Mais notre travail doit privilégier la préparation et la prévention, en commençant par l’application du Règlement sanitaire international entre États Membres.

C’est ainsi que nous aidons les États Membres à parer aux menaces qui pèsent sur la sécurité sanitaire avant qu’elles ne se transforment en catastrophes. Chaque dollar consacré à la préparation et à la prévention permet de faire une économie plusieurs fois supérieure comparé au coût de l’action d’urgence.

À de nombreux égards, cette année est particulière.

C’est la cinquième fois que je me présente devant vous pour vous parler de l’activité de l’OMS dans la Région.

Ma nomination m’a fourni l’occasion de me pencher sur nos réalisations communes au cours des cinq dernières années, mais aussi sur le travail inachevé et sur les défis de demain.

Le monde de la santé publique évolue, peut-être plus vite encore dans notre Région. Nous devons faire face à tout un éventail de problèmes, depuis le vieillissement rapide de la population jusqu’à l’urbanisation et les dégradations de l’environnement qui en résultent, y compris le changement climatique.

Compte tenu de ces dynamiques et des problèmes émergents, la question importante pour moi est de savoir comment exercer au mieux mes fonctions de Directeur régional ces cinq prochaines années.

Il va de soi que les priorités techniques importantes seront fixées en concertation avec les États Membres et par le Comité régional. Toutefois, en me fondant sur mon expérience des cinq dernières années, j’ai dégagé cinq principes qui guideront mon action et celle du Secrétariat au cours des cinq prochaines années.

Premièrement, nous devons centrer nos efforts sur les personnes et sur les besoins des pays. Les États Membres sont nos clients. leurs besoins passent toujours en premier.

Deuxièmement, nous devrions exploiter les bons résultats obtenus et aborder les nouveaux problèmes tout en menant à bien le travail inachevé. Ce n’est pas le moment de relâcher nos efforts.

Troisièmement, nous devons être souples et adaptables. Nous devons être prêts à affronter les conséquences sanitaires des problèmes émergents dans la Région.

Quatrièmement, nous devons continuer à abolir les frontières et à rallier tous les acteurs du secteur de la santé et au-delà. Nous devons notamment renforcer notre rôle fédérateur pour inclure tous les secteurs.

Mon cinquième et dernier grand principe s’appuie sur l’autoanalyse : à l’OMS, nous devons mieux gérer les ressources humaines et financières.

En tant que principale autorité en matière de santé dans le monde, nous devons garantir le bon rapport coût/résultats de notre action à tous les niveaux.

Nous allons concentrer nos efforts sur les fonctions d’appui, pour trouver de meilleurs moyens de fournir un soutien, et sur les priorités techniques.

Nombre de ces priorités sont déjà fixées par les États Membres, y compris la couverture sanitaire universelle, les maladies non transmissibles, le vieillissement de la population et la santé dans le programme de développement pour l’après-2015, pour ne citer que celles-là.

Nous allons poursuivre nos travaux sur les questions importantes concernant les maladies transmissibles, la résistance aux antimicrobiens, la résistance à l’artémisinine, l’hépatite B, la tuberculose, la rougeole et le paludisme, et continuer sur notre lancée pour atteindre les objectifs 4 et 5 du Millénaire pour le développement et mettre en place les principales capacités requises au titre du Règlement sanitaire international.

L’accomplissement d’un deuxième mandat de cinq ans apporte la continuité et l’engagement nécessaires pour atteindre ces objectifs et être prêt à affronter les nouveaux problèmes.

Je suis et je serai toujours votre porte-parole.

Pour terminer, j’aimerais dire à quel point je suis reconnaissant de la possibilité qui m’a été donnée de travailler avec vous au cours des cinq dernières années.

C’est sans aucun doute le travail le plus exigeant que j’ai jamais eu. Mais le jeu en vaut la chandelle.

Nous sommes tous très fiers de ce que nous avons accompli ensemble. Avec votre soutien et vos conseils, et avec ceux de mon personnel et de mes collègues dans l’ensemble de l’OMS, je suis convaincu que nous pouvons accomplir plus de choses encore pendant ce deuxième mandat.

Je suis très désireux de passer cinq années de plus à relever les défis sanitaires auxquels la Région est confrontée et à rapprocher plus encore les 1,8 milliard d’habitants de la Région du Pacifique occidental, sans exception, du meilleur état de santé qu’ils sont capables d’atteindre.

Je vous remercie.