Inspirations

Rencontre avec Rithika Merchant, l’artiste indienne qui a imaginé les imprimés de la collection Chloé

Nommée directrice artistique de Chloé en avril 2017, Natacha Ramsay-Levi présentait sa première collection printemps-été 2018 lors de la Fashion Week de Paris. Pour l’occasion, elle invitait l'artiste indienne Rithika Merchant à imaginer des imprimés aux couleurs vibrantes, réinterprétation ethnique de l’ADN de la maison Chloé. En exclusivité, Vogue l'a rencontrée.

Pour sa première collection pour la maison Chloé, la nouvelle directrice artistique Natacha Ramsay-Levi a décidé de faire équipe avec Rithika Merchant, artiste indienne basée à Barcelone, pour rendre hommage aux robes peintes, dans le style de Karl Lagerfeld pour Chloé. La collection qui en résulte est un mélange éclectique de corsages délicatement brodés, de peintures romantiques sur du voile de coton, et de pièces en python, souvenirs du passé vestimentaire de Chloé. Diplômée de l’école Parsons, Rithika Merchant a présenté son travail aux quatre coins du monde : Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Portugal, Inde, Singapour, Danemark, ou encore Espagne. Ses œuvres explorent sans cesse les mythes des diverses civilisations et leur aboutissement dans le monde contemporain. Les dessins botaniques, les formes organiques, et le symbolisme font partie intégrante de son style, qui a ajouté une certaine touche de mysticisme aux créations de Ramsay-Levi pour la collection printemps/été 2018, et a rendu chaque robe unique. Les alliances entre artistes et designers n’ont rien de nouveau. Dans les années 30, la créatrice italienne Elsa Schiaparelli et Salvador Dali ont collaboré pour créer des pièces iconiques comme la « robe-homard » et le « chapeau-chaussure ». Dans les années 60, Yves Saint Laurent s’est inspiré des œuvres de Piet Mondrian pour esquisser des silhouettes trapèzes qui captaient l’humeur d’une époque en pleine mutation. Cette interdépendance créative entre l’art et la mode est plus forte que jamais, et met en valeur les artistes dans la culture pop. Ces dernières années, McQueen a travaillé avec Damien Hirst pour créer des imprimés crânes emblématiques, et Marc Jacobs (pour Louis Vuitton) a collaboré avec Yayoi Kusama pour donner naissance à une avalanche de pièces à pois. Vogue a discuté avec Rithika Merchant de son travail avec Chloé :

Comment est née cette collaboration ?

Rithika Merchant : "Complètement par hasard. Natacha a découvert mes œuvres en regardant des images sur Internet. Elle a vraiment aimé mon travail et a pensé qu’il correspondait à ce qu’elle avait en tête pour les robes peintes. Ils m’ont envoyé un e-mail en me demandant d’intégrer leur équipe pour réaliser cette collection. Je ne m’y attendais absolument pas, c’était une belle surprise ! Après quelques échanges d’e-mail et une conversation sur Skype, j’étais briefée sur les objectifs du projet, et c’était réglé. Ils m’ont invité dans l’atelier parisien pour travailler avec eux sur les robes, et j’y ai passé environ deux semaines à bosser avec Natacha et le reste de l’équipe pour placer mes dessins sur les vêtements."

Comment s’est passé le travail avec Natacha et l’équipe Chloé ?

Rithika Merchant : "J’ai adoré bosser avec Natacha, on s’est très bien entendues ! Travailler avec elle a été une super expérience, parce qu’elle est très facile mais elle sait aussi exactement ce qu’elle veut. Elle s’est montrée très ouverte aux avis et idées sur la création, mais elle avait aussi une vision très claire pour son équipe et pour la première collection. C’était donc simple pour moi de suivre son feedback et de l’utiliser tout au long du processus créatif."

En quoi les collaborations artistes/designers sont-elles mutuellement bénéfiques ?

Rithika Merchant : "C’est toujours un processus à double sens, mais dans mon cas, je pense que j’y gagne une visibilité hors de mon univers. Chloé est une marque de renom, et être reconnue à travers la maison accroît fortement ma visibilité en tant qu’artiste. Ces collaborations sont mutuellement bénéfiques car elles permettent aux artistes de montrer leur travail en-dehors de la sphère artistique, et aux créateurs de mettre un pied dans le monde de l’art, au-delà de l’univers de la mode. Le résultat de telles collaborations comble le minuscule fossé qui sépare l’art de la mode."

https://www.vogue.in/content/meet-the-indian-artist-behind-chloes-folklore-inspired-collection/#chloe-springsummer-2018