Fondée en 1952 par Gaby Aghion, la maison Chloé conserve une identité plus que jamais dans l'air du temps, se jouant des contraires, effaçant les frontières entre vestiaire féminin et masculin. Son tout premier succès dans les années 50, une robe chemise, dresse les prémices de l'émancipation de la femme, à travers une esthétique décontractée. À l'occasion de la quatrième édition du Vogue Fashion Festival, Natacha Ramsay-Levi s'est confiée au micro de Dan Thawley, dessinant les contours d'une nouvelle féminité.
La mode, porteuse de messages
Directrice artistique de la maison Chloé depuis près de deux ans et demi, avec 5 défilés à son actif, Natacha Ramsay-Levi s'évertue à faire de la mode un moyen d'expression, notion qui anime la créatrice depuis ses débuts. "Je me suis rendue compte que la mode était un moyen d'exprimer une pensée, une façon d’être dans son corps et de dire quelque chose de soi tout en ayant un impact et un point de vue sur la société". La priorité de la maison Chloé ? Pouvoir s'exprimer, faire du vêtement un allié du quotidien, sans pour autant qu'il ne prenne le dessus sur la personnalité de celle qui le porte, mais qu'il en dessine les contours. Un principe que Natacha Ramsay-Levi retranscrit également au fil de ses bijoux talismans "Le bijou est comme un gri-gri, une amulettte, c'est bourré de sensualité, de souvenirs, de pensées..."
L'attitude fait le vêtement
De l'inspiration au processus de création... Un parcours ancré dans une vision contemporaine : le point de départ de Natacha Ramsay-Levi ? L'idée, puis s'en suit l'attitude, revue à travers les envies et besoins actuels. "Le rôle d'un directeur artistique est de penser, avoir un point de vue, réfléchir sur son désir qui est brut, premier, tout en ayant conscience que le vêtement sera porté par une femme. L'importance en premier geste est de se demander à quoi doit ressembler cette attitude pour qu'elle corresponde à une vision qui semble juste aujourd'hui."
Une réalité aspirationnelle
Si le storytelling joue un rôle clé pour définir les contours de l'identité de maisons et marques, il ne prend jamais le dessus sur la réalité chez Chloé "J'ai un besoin, et c'est le rôle de Chloé, de dépeindre une forme de réalité, il faut qu'elle reste aspirationnelle, la création est importante mais la manière de porter l'est aussi. C'est le vrai moment où l'on est content donc si je pars trop loin dans un storytelling, c'est compliqué ensuite de revenir à quelque chose de réel", la notion de fantasme demeurant elle aussi un point clé "Même si on fait de la mode, il y a une projection du fantasme qui est très importante".
Une nouvelle définition de la féminité
Une idée de yin et de yang, du noir et du blanc, une fusion des contrastes... "La féminité sur laquelle j'aime travailler chez Chloé, c'est ce mélange du masculin et du féminin ou en tout cas d'une certaine dose à chaque fois d'ultra-féminité à certains moments et puis d'autres où on va vraiment jouer sur des détails masculins". Si certains qualifient cette nouvelle féminité de chic et cool, Natacha Ramsay-Levi lui préfère le terme d'élégance décontractée, mettant l'accent sur le caractère indispensable du rapport au corps en en tant que directrice artistique (femme).
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