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Que faut-il penser du nouvel album de MGMT ?

Vingt ans après ses débuts, le duo américain MGMT revient avec un nouvel album, Loss of Life. À cette occasion, les musiciens Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser se sont confiés à Vogue.
MGMT  que fautil penser du nouvel album du groupe

Les envolées psychés d’Oracular Spectacular (2007), l’acoustique ourlée de Congratulations (2010), l’expérimental tourmenté de Little Dark Age (2018)… Beau condensé que le cinquième album de MGMT, Loss of Life, concocté par ses maîtres à bord, Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser. C'est-à-dire une pop clairement rock’n’roll et mélodique, baroque ou minimale, très vite addictive. Volontiers référentielle – en témoigne l’hilarant clip de “Bubblegum Dog”, qui multiplie les clins d’œil aux groupes nineties qui cartonnaient jadis sur MTV. À l'occasion de cette sortie incontournable, Vogue a rencontré le duo musical.

MGMT, un nouvel album comme une libération

Si le duo brille toujours par son inspiration, c’est, d'après ses dires, parce qu’il s’est affranchi de son ancienne maison de disque pour signer sur un label indépendant, Mom+Pop Records : “Le processus créatif de Loss of Life a été ludique, sans pression, sans avoir à penser au marketing, aux dates à booker”, confie Andrew VanWyngarden.

C’est pendant le premier confinement que ce dernier a commencé à envisager un nouvel album. “Nous avons été forcés de prendre du temps, poursuit Ben Goldwasser, et ça a dopé notre créativité, individuelle mais aussi commune”. D’où l’hybridité audacieuse de Loss of Life, qui s’est construit lors d’aller-retours entre New York et Los Angeles, où habitent respectivement Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser.

Au cœur du disque, brille “Dancing in Babylon”, la première collaboration officielle de MGMT en vingt ans de carrière, enregistré avec un Christine and the Queen très en verve. "Il y a quelques années, nous avions échangé avec lui par e-mail sans que cela n’aboutisse à un projet concret, explique Andrew VanWyngarden. Durant l’enregistrement de Loss of Life, ce morceau s’est aventuré dans beaucoup de directions différentes avant de se transformer en ce qui ressemblait à une ballade power pop des années 80. Il a été alors évident qu’il devait prendre la forme d’un duo. Vu que nous sommes tous deux fans de Christine and the Queens, notamment lorsqu’il explore la matière pop, nous avons aussitôt pensé à lui et ça a été génial de travailler ensemble : sa voix est exceptionnelle. Et pourtant, il devait chanter plus haut que d’habitude !"

Loss of Life réunit le gratin arty de la scène américaine

Tout au long des pistes de Loss of Life, façonnées avec le gratin arty de la scène américaine (le bassiste et producteur Dave Fridmann, Oneothrix Point Never, Patrick Wimberly du groupe Chairlift), il est beaucoup question d’amour. Dans le cadre d’un couple, d’une amitié, d’une parentalité, d’une filiation, d’un socle collectif… “Loss of Life est un disque inclusif, nous l’avons senti dès l’enregistrement", affirme Andrew VanWyngarden, dont la voix est touchante comme rarement auparavant. Loin de la malice un peu railleuse, mais engagée sans avoir l’air d’y toucher, du premier album de MGMT, Oracular Spectacular, ce parti pris émotionnel ne dépare pas dans un corpus qui a sait humer l'air du temps… sans occulter ses angoisses. Afin de mieux les conjurer ? “Pour être complètement honnête avec vous, confie Andrew VanWyngarden, j’ai fondu en larmes en studio, quand je chantais “Loss of Life”, le dernier morceau enregistré pour l’album”.

Les paroles, en effet, ont de quoi remué les plus endurcis : “But it’s neither created nor destroyed / There’s a way to quiet all the noise / ‘Cause it’s only a different kind of gain / Even if your color fades away / When the world is born and life is ending”. Comprendre, en français : “Mais ce n'est ni créé ni détruit / Il y a un moyen de faire taire tout le bruit / Parce que c'est seulement un autre type de gain / Même si votre couleur s'estompe / Quand le monde naît et que la vie s'achève”. Et n’est-ce pas cela, l’un des buts ultimes de la pop, y compris la plus alternative et hype : assumer d’émouvoir celui et celle qui l’écoutent ?

Loss of Life, de MGMT, disponible.

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