Rencontre avec Justine Clenquet, la créatrice de bijoux dont tout le monde parle

Influencée par la culture underground, le rock de Sonic Youth et le cinéma des années 1990, la jeune lilloise façonne avec talent des bijoux à l’esprit punk.
Qui est Justine Clenquet la cratrice de bijoux dont tout le monde parle
Courtesy of Justine Clenquet

Le cinéma comme référence

En 1995, The Doom Generation dresse le portrait d’une jeunesse rebelle et marginalisée dans une satire pop et horrifique de l’Amérique. Film notoire du cinéaste queer américain Gregg Araki, ce road movie psychédélique sur fond de comédie noire reflète bien l’univers de Justine Clenquet. Et ce n’est pas un hasard s’il figure sur son site, parmi une sélection de VHS, CD et cassettes audio délicieusement nostalgiques. “C’est mon film préféré, dit-elle. J’ai eu l’idée de la curation d’objets pour faire entrer le client dans mon monde et qu’il comprenne mes inspirations. Le cinéma fait partie intégrante de mon processus de création car on retrouve de nombreuses références de films et de réalisateurs dans mes moodboards. Ce qui m’attire, c’est la photographie, l’ambiance et, bien sûr, les personnages.” Si bien qu’elle dédie sa collection printemps-été 2021 à l’actrice Faye Wong, héroïne du film Chungking Express de Wong Kar-Wai. “Quand on regarde son look, on l’imagine totalement porter mes bijoux, mes sacs ou mes chaussures. Et c’est comme ça que je pense mes modèles.” Pour le printemps-été 2024, sa collection intitulée Showgirls est un clin d’œil au long métrage du même nom de Paul Verhoeven. “C’est la première fois qu’on travaille avec autant de couleurs”, explique-t-elle en évoquant des roses en laiton laqué rose, rouge et noir, déclinées en tours de cou, boucles d’oreilles et manchettes.

Choker Dolly avec piercings et double chaîne en laiton trempé dans du palladium.

Courtesy of Justine Clenquet

Des bijoux à l'esprit punk

Confrontation permanente entre glamour classique et codes punk revisités avec le piercing ou les épingles à nourrice, les créations de Justine Clenquet mélangent des styles éclectiques. Ses boucles d’oreilles asymétriques se parent de chaînes, d’anneaux, ou de cristaux Swarovski ; ses bagues prennent la forme de septums ornementés ; et ses rangs de perles s’entremêlent dans des maillons en laiton doré à l’or fin 24 carats ou trempés dans un bain de palladium. La modularité occupe une place centrale dans ses collections : “Ce que les clients aiment particulièrement, c’est pouvoir s’approprier les pièces et les détourner en les portant autrement.” Les bagues en ear cuffs, les colliers divisés en deux en bracelets et les ceintures en cuir rehaussées de picots métalliques en choker triplé. “Quand j’ai lancé ma marque il y a treize ans, je souhaitais proposer des bijoux accessibles et de qualité. À l’époque, je ne trouvais pas ce que je recherchais ou bien les prix étaient très élevés avec une proposition peu variée”. Alors étudiante en section mode à l’école Duperré à Paris, elle chine des bijoux anciens qu’elle remonte en pièces contemporaines pour son usage personnel. Très vite, ses amis les portent et elle attire l’attention d’une première boutique. Trois ans plus tard, elle est repérée par Clara Cornet et Carol Song, respectivement acheteuse et Fashion Director d’Opening Ceremony à New York. Dès lors, les célébrités comme les chanteuses Charli XCX et Lady Gaga (qui portera ses boucles d’oreilles lors de l’afterparty du Met Gala en 2016), s’arrachent ses créations et participent à la notoriété de la marque. La presse en parle et ses points de vente se multiplient (plus de 80 désormais à travers le monde).

Timothée Chalamet porte le collier Jip, en couverture du British Vogue.

Steven Meisel

Des créations adoubées par les célébrités

La couverture du British Vogue d’octobre 2022 avec Timothée Chalamet portant le modèle Jip, un collier composé d’une chaîne de gourmette argentée et d’un rang de perles, un anneau en guise de pendentif, lui apporte un joli coup de projecteur. La pièce devient l’un de ses best-sellers : “On a été très vite sold out et cela nous a ouvert une autre clientèle, même si j’ai toujours prôné l’usage des perles pour les hommes.” Parmi ses adeptes : Dua Lipa, Bella Hadid, Iris Law, Kendall Jenner, Lous and the Yakuza, ou encore Rosalía. “Je souhaite travailler avec des personnalités qui m’inspirent, et non pour leur nombre d’abonnés”. Une semaine après la sortie de sa ligne de sacs, Rosalía portait déjà un modèle en rouge. “Elle a également craqué sur notre serre-tête, et sur nos lunettes de soleil qu’on vient tout juste de lancer avec SSENSE”, poursuit-elle.

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Grande créole Carl ouverte avec piercings en laiton trempé dans du palladium.

Courtesy of Justine Clenquet

Un engagement éthique

L’écoresponsabilité fait aussi partie des préoccupations de Justine Clenquet. Ses bijoux sont fabriqués à la main à Lille et à Paris. “On fait attention autant que possible en travaillant avec des fournisseurs proches de chez nous et en réutilisant nos stocks dans d’autres collections. On garde tous les éléments, même défectueux, ou les chutes de chaîne qu’on décline en pièces uniques. Nos présentoirs en résine ou nos cendriers sont réalisés par une artiste plasticienne à Marseille.” Même si elle a du mal à se dire 100 % écoresponsable, “car on participe fatalement à cette industrie”, Justine Clenquet s’inscrit dans cette génération de créateurs soucieux de réduire leur impact sur l’environnement, dans une démarche d’upcycling qu’on ne peut qu’encourager.

www.justineclenquet.com

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