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Céline Dion se dévoile à Vogue France : “Je suis très fière qu’à 55 ans, on me demande de révéler ma beauté”

Pas la peine de nous jeter des sorts pour qu’on l’aime encore. L’incomparable artiste reprend la parole. Et c’est dans Vogue France !
Cline Dion pour le Vogue France de mai 2024  Photographe  Cass Bird Ralisation  Law Roach
Photographe : Cass Bird - Réalisation : Law Roach

Sorti le 11 juin 1981, le premier 45 tours de Céline Dion, “Ce n’était qu’un rêve”, nous présente, sur sa pochette, une enfant de 13 ans aux joues rondes et aux longs cheveux bruns. Lèvres et paupières légèrement maquillées, la jeune Québécoise regarde timidement au loin. Que voit-elle au-delà d’un horizon indéfini ? Ses rêves ne sont-ils que des illusions comme elle le chante en face A ? Sait-elle déjà que “L’amour viendra”, comme elle l’appelle en face B ? Mystère. Sous son nom inscrit en lettres rouges, un slogan définitif : “Une voix d’or dans un cœur d’enfant” a valeur de programme. Écrit et composé avec sa mère et son frère, “Ce n’était qu’un rêve” est la première marche de Céline Dion vers le firmament. Quarante ans plus tard, la star internationale est pour tous The Golden Voice, une voix surnaturelle qui plane sur le toit du monde. Lonely at the top, Céline Dion peut désormais jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et regarder le chemin parcouru. Chaque étape de son irrésistible ascension est désormais connue et semble avoir été écrite tels les chapitres d’un conte de fées moderne : la naissance à Charlemagne dans une famille modeste et mélomane de 14 enfants, la maquette de “Ce n’était qu’un rêve” envoyé à l’imprésario René Angélil, la rencontre avec celui qui deviendra son pygmalion, son mari et l’homme de sa vie, la métamorphose de l’adolescente ingrate en jeune femme affranchie et sexy, la conquête de l’Amérique, la collaboration avec Jean-Jacques Goldman qui fait d’elle une star en France, la chanson de Titanic, “My Heart Will Go On”, qui la propulse over the rainbow en diva planétaire, l’album Let’s Talk About Love qui s’écoule à 31 millions d’exemplaires, sa première grossesse, sa première résidence à Las Vegas, le décès tragique de René, ses funérailles nationales à Montréal, le deuil, le come-back fracassant au son de “The Show Must Go On”, la renaissance en icône fashion… Et puis, brutalement, le silence et les questions après les annulations en cascade d’une tournée intitulée Courage, comme pour se dire que l’histoire ne s’arrête pas là et que la passion selon Céline Dion déplacera toujours des montagnes.

La nuit tombe sur Paris, le jour s’est levé sur Las Vegas. Tee-shirt blanc “saut du lit”, cheveux attachés à la va-vite, grosses lunettes et no make-up, Céline Dion apparaît telle quelle sur l’écran de notre ordinateur : naturelle, fantasque, drôle, combattante.

Céline Dion porte un maxi-manteau en laine mérinos, un bracelet Pyramide et des escarpins en cuir verni ALAÏA, un clip d’oreille unitaire Quatre Double White Edition, pavé de diamants sur or blanc, avec hyceram blanche et une bague Quatre Radiant Edition modèle large, pavée de diamants sur or blanc BOUCHERON.

Photographe : Cass Bird - Réalisation : Law Roach

Cover girl du Vogue France de mai 2024, Céline Dion s'exprime à coeur ouvert sur son syndrome de la personne raide, son amour du chant mais aussi sa vie de femme

Vogue France. Ma première question est simple : comment allez-vous ?

Céline Dion. Et la réponse peut être aussi simple. Ça va bien, mais c’est beaucoup de travail. C’est un jour à la fois.

Comment avez-vous traversé cette période difficile pendant laquelle vous avez combattu la maladie ?

Je n’ai pas combattu la maladie, elle est toujours en moi et pour toujours. On va trouver, je l’espère bien, un miracle, un moyen de la guérir avec les recherches scientifiques, mais je dois apprendre à vivre avec. Donc c’est moi, maintenant avec le syndrome de la personne raide. Cinq jours par semaine, je suis une thérapie athlétique, physique et vocale. Je travaille autant les orteils, que les genoux, les mollets, les doigts, le chant, la voix… C’est la condition avec laquelle je dois apprendre à vivre maintenant en arrêtant de me questionner. J’ai commencé par me dire : pourquoi moi ? Qu’est-il arrivé ? Qu’ai-je fait ? Est-ce que je suis responsable ? La vie ne vous apporte pas de réponses. Il faut simplement la vivre ! J’ai cette maladie pour une raison inconnue. J’ai deux choix. Ou je m’entraîne comme une athlète et je travaille super fort ou je me déconnecte et c’est terminé, je reste chez moi, j’écoute mes chansons, je me mets devant mon miroir et je chante pour moi-même. J’ai choisi de travailler de tout mon corps et de toute mon âme, de la tête aux pieds avec une équipe médicale. Je veux être la meilleure de moi-même. Mon but est de revoir la tour Eiffel !

Qu’est-ce qui vous aide le plus dans ce combat ?

L’amour de ma famille et de mes enfants surtout, l’amour des fans aussi, et le soutien de l’équipe qui m’entoure. Les gens qui souffrent du SPR n’ont peut-être pas la chance ni les moyens d’avoir de bons médecins, de bons traitements. J’ai ces moyens-là, j’ai ce cadeau-là. De plus, j’ai cette force en moi. Je sais que rien ne va m’arrêter.

Céline Dion porte un trench et robe cache-cœur en gabardine de coton, ceinture et gants aviateur en cuir, collants en nylon, SAINT LAURENT par ANTHONY VACCARELLO. Escarpins So Kate en cuir Nappa, CHRISTIAN LOUBOUTIN. Boucle d’oreille Clash de Cartier, petit modèle, en or rose, CARTIER.

Photographe Cass Bird - Réalisation Law Roach.

Vous allez sans doute remonter sur scène, repartir en tournée.

Je ne peux pas vous répondre. Parce que pendant quatre ans, je me suis dit que je n’y retournerai pas, que je suis prête, que je ne suis pas prête… Aujourd’hui, je ne peux pas vous dire : “Oui, dans quatre mois.” Je ne sais pas… Mon corps me le dira. En revanche, je ne veux pas juste attendre. C’est dur moralement de vivre au jour le jour. C’est difficile, je travaille très fort et demain sera encore plus difficile. Demain est un autre jour. Mais il y a une chose qui ne s’arrêtera jamais, c’est de vouloir. C’est la passion. C’est le rêve. C’est la détermination.

À quel moment avez-vous pris conscience de votre voix ? Que vous seriez chanteuse ?

J’ai commencé la scène à 5 ans. Est-ce que je voulais devenir chanteuse ? Je n’ai jamais eu le temps de me poser cette question. Les gens venaient me voir pour m’entendre raconter des blagues ou pour m’entendre chanter ? Je suis une chanteuse. Je chante en anglais, en français, j’ai chanté en mandarin, j’ai chanté en japonais, en espagnol, en italien et les gens sont venus, ils sont toujours venus. Ça, pour moi, ce fut la preuve que j’étais, et que je suis, réellement une chanteuse. Une chose est sûre, j’aimerai ça jusqu’à ma mort.

Vous avez débuté à 5 ans, arrêté l’école à 15. Regrettez-vous de ne pas avoir eu une enfance “normale” ?

Non parce que je ne sais pas ce qu’est la normalité. Qu’est-ce qui est normal ? On va à l’école, on arrête l’école, on est sur scène, c’est autre chose, c’est le partage avec le monde, c’est l’émotion, ce sont les frissons, c’est une façon de s’exprimer. C’était une autre école. Est-ce que j’ai eu des copains et des copines ? Ai-je manqué quelque chose ? Je n’ai jamais eu le temps d’avoir tout ça. Alors je ne peux pas comparer. Ai-je des regrets ? Je ne sais pas, je n’en sais rien et je m’en fous parce que la scène, ma famille, mes enfants, mes chansons m’ont tout appris. Il y a la vie, l’école, les arts, l’émotion, la passion, des secrets, des envies, des cadeaux. Les gens questionnent la vie constamment. Arrêtez de questionner la vie, vivons là. Elle n’est pas toujours belle, mais elle est là.

Comment voyez-vous l’adolescente que vous étiez à l’époque ?

Je suis ravie qu’elle soit pass��e. Comme tout le monde, non ? Et puis je ne l’ai pas beaucoup vécue car j’étais très occupée. J’étais déjà sur le terrain. J’avais des chansons à apprendre, je ne pouvais pas parler de moi-même. J’étais assourdie : que va-t-on me poser comme questions ? Et si je ne comprends pas, que vais-je dire ? Donc j’étais énervée, j’avais peur, peur de l’inconnu. Je n’ai pas eu beaucoup le temps de vivre mon adolescence. Il n’y avait plus d’école, je n’avais pas d’amis. J’avais la scène et ma famille, j’avais le top. Je ne voulais pas autre chose.

Céline Dion porte une chemise en popeline de coton et une mini-jupe cycliste en jersey, BALENCIAGA, des collants, CALZEDONIA, et une boucle d’oreille en or éthique blanc, 18 carats, certifié Fairmined, sertie de diamants taille ronde, 10,80 carats, Collection Haute Joaillerie, CHOPARD.

Photographe Cass Bird - Réalisation Law Roach

Votre famille, où tout le monde pratique un instrument, a toujours été derrière vous pour vous encourager dans votre carrière. Étiez-vous considérée comme la championne de l’équipe ?

Non, non, nous n’avons jamais fait les Jeux olympiques ! Nous, mes frères et sœurs et moi, vivions dans une petite maison. Dans les chambres, en haut, on dormait à cinq, six personnes par lit. Au rez-de-chaussée, ma mère cuisinait tout le temps et puis, dans la cave en terre battue, il y avait un piano. Tout le monde chantait, tout le monde jouait d’un instrument de musique. “Ok, Ghislaine, tu vas à la batterie. Clément, tu vas à la guitare. Denis, tu chantes.” Mes parents ont monté un petit orchestre. J’étais très jeune et j’allais à la cave. Mais mes frères et sœurs remontaient et disaient à maman : “Viens chercher Céline, on essaie de répéter notre show et elle est dans nos pattes, elle chante tout le temps !” Moi je voulais chanter avec eux, mais j’étais trop petite. J’avais 5 ans. Et puis, ce fut mon tour parce que mon frère se mariait. Je devais chanter deux ou trois chansons québécoises très connues. Moi aussi, j’allais dans la cave pour répéter. J’étais aux anges. Ce sont de très beaux souvenirs. Les plus beaux souvenirs.

Et comment se sont passés vos véritables débuts professionnels ?

Nous allions, avec mes frères et sœurs, la fin de semaine, dans les mariages. Pour avoir un peu plus de soupe dans notre assiette, pour que ma mère puisse nous faire des pantalons, nous crocheter des pulls. Ma mère a toujours été à mes côtés. C’est elle qui a écrit ma première chanson et a demandé à mon frère Jacques, qui jouait de la guitare, de composer la musique. Je n’aimais pas trop les refrains donc je les ai réécrits et on a composé la musique avec lui. On a envoyé une maquette au manager de Ginette Reno, grande artiste au Québec. Pas de réponse. Mon frère l’a relancé : “Excusez-moi, on vous a envoyé une maquette. Ma petite sœur a 12 ans. Je sais que vous ne l’avez pas écoutée parce que sinon vous auriez rappelé aussitôt.” Finalement, il l’écoute et demande à me rencontrer. Ma mère m’a habillée de ses bouts de dentelle, elle a teint mes chaussures et, pour la première fois de notre vie, enfin la mienne pour sûr, on a pris l’autobus et le subway. C’était comme si j’allais à New York, comme si j’allais au bout du monde. J’avais un peu peur, j’étais anxieuse et je me suis collée à ma mère. On est allés dans un building, dans un ascenseur, dans un bureau où il y avait des disques d’or, une secrétaire… Et là, il a ouvert la porte. Cet homme, très beau, très bien habillé, très classe m’a demandé : “Est-ce que vous pouvez chanter un petit bout de la chanson pour moi ?” Chanter devant une seule personne, c’est pire que de chanter devant 20 000. Il m’a donné un crayon et m’a dit : “Imaginez que c’est un micro.” “Oui, ça va aller quoi !” Il voulait s’assurer que c’était bien moi qui chantais sur la maquette. Lorsque j’ai chanté, il s’est mis à pleurer. C’est comme ça que j’ai rencontré René.

À ce moment, vous rêviez de devenir une star de la chanson ?

Ce fut tellement rapide… Mon rêve avait déjà commencé. Il y avait une chorale, des musiciens, des managers, des écrivains, ma mère, des compositeurs, mes frères… J’avais tout. Je pouvais devenir une vedette internationale puisque j’avais tout ce que je voulais.

Céline Dion porte un trench Obra en cuir JACQUEMUS, un collier Les Chaînes en or éthique rose 18 carats CHOPARD.

Photographe : Cass Bird - Réalisation : Law Roach

Parvenue au sommet, y a-t-il eu une forme de désillusion ?

Ça a été plutôt l’inverse si je peux me permettre. J’ai commencé en haut de l’échelle, la tête dans les nuages. La vie n’était qu’un rêve et c’était tout ce que je voulais. J’étais très satisfaite parce que je rêvais. Personne ne pouvait m’arrêter, mes frères et sœurs pouvaient être dans la cave et moi j’étais au-dessus des nuages. Et doucement, avec le succès, j’ai eu des gens qui m’ont supportée, ma famille et mon manager, René à l’époque, toute une petite équipe qui m’a fait redescendre de l’échelle, chanson après chanson, succès après succès, doucement mais sûrement. Finalement, l’ascension vous fait redescendre sur terre pour arriver à la stabilité. Parce que la voix et le talent, ce n’est pas suffisant. Mon mari m’avait dit que le talent c’est 20 à 25 %, après il faut avoir de bonnes chansons, le bon timing, la bonne équipe. Si la pièce du puzzle n’entre pas, ça ne sert à rien. Je n’avais pas un look particulier, mais je voulais aller sur scène, partager ma passion avec les gens qui aiment la musique, qui comprennent la musique et me servir de la musique du mieux que je pouvais. J’ai été dans ce tourbillon depuis le premier jour et j’y suis restée. Mais ce n’est pas juste la voix, c’est la détermination, c’est l’envie, c’est la vibration intérieure. J’avais plein de portes à ouvrir, j’avais différentes façons de chanter, mais les gens m’ont donné des clés pour aller dans encore d’autres endroits. On peut avoir un hit, des succès, mais je ne voulais pas avoir seulement du succès, je voulais avoir une carrière.

Qu’est-ce que la célébrité vous a apporté ? Qu’est-ce qu’elle vous a ôté ?

La célébrité m’a donné l’envie de ne jamais abandonner. Je suis née pour communiquer sur scène, avec mon équipe, avec ma voix, avec mes fans. C’est un partage. Je suis née pour ça. Quand je me suis retrouvée sur scène pour la première fois, au Québec, “j’ai pogné la piqûre”, comme on dit là-bas : j’ai attrapé le virus. Ce que la célébrité m’a enlevé ? Rien. Parce que je vis tous les jours. Et j’avance.

Est-ce que vous comprenez la volonté de Jean-Jacques Goldman de tout arrêter pour redevenir un homme comme les autres ? Est-ce que l'anonymat a pu être une tentation pour vous ?

Ce qu’il a fait est très singulier. Il a atteint son summum en tant qu’artiste, mais il a surtout voulu être père de famille. Et sa plus grande passion maintenant est d’être avec ses filles, avec sa femme. Je respecte énormément ce choix, mais moi, je ne suis pas encore rendue là. Jean-Jacques est extrêmement intelligent, talentueux et il sait toujours se surpasser. Je pense souvent à lui. Je l’écoute très régulièrement. Et j’écoute encore ce qu’on a fait ensemble.

On dit souvent qu’il vous a appris à “déchanter”.

Oui, c’est vrai, il m’a appris à laisser la place à la musique et aux paroles. On ne peut pas chanter en français avec des mots en anglais, on ne peut pas chanter en anglais avec des mots en français. Il m’a donc montré comment laisser les mots s’appuyer sur la musique pour pouvoir imaginer l’histoire.

C’est pour cela que vous ne chantez pas de la même manière en anglais et en français ?

Absolument. Par exemple, quand je porte une jupe courte, je ne vais pas m’asseoir de la même façon que lorsque je porte un jean. Chanter en anglais, ça prend des fioritures, ça prend tout pour impressionner et j’adore ça. Chanter en français demande beaucoup parce qu’on a envie de mettre plus de subtilité. La sobriété, c’est difficile.

Céline Dion porte une blouse à volants exagérés en toile ramie SCHIAPARELLI, des collants, CALZEDONIA et une bague Perlée diamants, 5 rangs, en or blanc et diamants VAN CLEEF & ARPELS.

Photographe : Cass Bird - Réalisation : Law Roach

Faut-il oublier la technique et la performance vocale ?

Jamais ! Ne pas oublier la technique vocale, non, jamais ! Il faut la pratiquer chaque jour avec son professeur de chant. Mais il y a différentes façons de faire : on peut s’entraîner au classique, on peut s’entraîner à la pop. Si on veut monter sur scène, c’est primordial. Si on veut encore être sur les poutres et faire des splits, il faut entraîner les muscles pour pouvoir être flexible. Les cours de chant, ce n’est pas chanter, c’est travailler. Mais, une fois sur scène, il faut tout oublier.

Vous vous sentez plus Québécoise, Américaine ou Française ?

Je me sens femme. Je me sens mère de famille. Je suis une chanteuse, une rêveuse avant d’être québécoise, américaine ou française. Je parle à mes enfants en français et en anglais. Mes enfants pensent que je parle toutes les langues. Je suis née au Québec, mes enfants sont nés aux États-Unis. J’ai du sang français, j’ai du sang québécois, j’ai du sang américain. Et partout où je vais, je chante dans une autre langue, j’apprends quelque chose, je vole un peu de cette culture qui m’impressionne.

Vous vivez désormais à Las Vegas. À quoi ressemble votre vie dans cette ville ?

J’avais une maison en Floride, mais comme je voyageais beaucoup pour les tournées, on n’y allait plus. J’avais une maison à Montréal, mais en vacances, les enfants voulaient aller à la plage. J’ai fait une résidence à Las Vegas lorsque mon fils aîné avait 1 an, il y a vingt-deux ans aujourd’hui, et on s’est installé ici. Je suis à 35 minutes de mon travail. Ça me donne le temps de me préparer pour aller au boulot. Je vais voir mon équipe, on se fait des blagues, on pratique le chant… Et puis, ça me donne la chance de faire de la route, je mange dans la voiture, j’arrive à la maison, je vois mes enfants, je dors dans mon lit, j’ai le meilleur des deux mondes.

Vous êtes aussi une véritable icône de mode. Quelles relations entretenez-vous avec les créateurs ?

Je ne me permettrais pas de dire que je collabore avec les créateurs, ce serait très prétentieux de ma part. En revanche, je peux vous dire que, toute ma vie, ma mère m’a raccommodé mes bas, mes pantalons, mes pulls, mes manteaux, mes mitaines, mes petits trucs pour l’hiver… J’étais très chanceuse car j’avais 13 frères et sœurs, je récupérais les trucs de tout le monde. Quand j’ai fait mon premier sou, mes premières émissions de télé payées, je me suis acheté des petits vêtements et je m’habillais toute seule. Avec mes premiers succès, j’ai acheté un toit pour mon mari et moi. Pour mes parents et des membres de ma famille aussi. Après mon premier album en anglais, j’ai pu m’acheter des vêtements de créateurs, j’ai commencé à regarder les magazines de mode. Et puis, on m’a invitée et jamais je n’oublierai ce défilé de Karl Lagerfeld… Il m’a regardée et m’a dit : “Vous me rappelez La Callas.” Je me suis alors offert une jacket Lagerfeld comme on s’offre un diamant.

J’ai toujours tout acheté. Je ne voulais pas emprunter. C’est une forme de respect. Les gens payent pour venir m’entendre chanter. Alors je paie pour m’offrir des vêtements de designers.

Quels sont vos rêves aujourd’hui ?

Mon rêve, c’est de vivre au présent. Un jour à la fois. Je suis vraiment très chanceuse. Et je suis honorée de faire un photoshoot pour Vogue France. Car lorsque j’ai été au mieux de mon physique et de ma beauté, à 30 ans, on ne me l’a jamais demandé. Je suis très fière qu’à 55 ans, on me demande de révéler ma beauté. Mais c’est quoi la beauté ? La beauté, c’est vous, c’est moi, c’est l’intérieur, ce sont nos rêves, c’est aujourd’hui. La beauté, c’est ce qui nous entoure, elle est là. Il y a des gens qui la voient. Il y a ceux qui la regardent. Aujourd’hui, je suis une femme qui se sent très forte pour avancer. Un jour à la fois.

Céline Dion porte un maxi-manteau en laine mérinos, un bracelet Pyramide et des escarpins en cuir verni ALAÏA, un clip d’oreille unitaire Quatre Double White Edition, pavé de diamants sur or blanc, avec hyceram blanche et une bague Quatre Radiant Edition modèle large, pavée de diamants sur or blanc BOUCHERON.

Photographe : Cass Bird - Réalisation : Law Roach

Le numéro de mai 2024 de Vogue France en kiosque et en ligne dès le 24 avril 2024

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