Interview

Charlotte Cardin : nouvel album, santé mentale, Jim Carrey… Rencontre avec l'artiste pop qu'il faudra écouter en 2024

Le nom de Charlotte Cardin s'impose désormais sur toutes les lèvres. À raison. Avec la réédition de son nouvel album 99 Nights, enrichi de quatre titres inédits, l'artiste canadienne confirme la tendance : sa voix unique inonde la scène musicale internationale, faisant d'elle un phénomène pop immanquable. Rencontre.
Interview Charlotte Cardin
©Charlotte Cardin

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Charlotte Cardin ouvre la porte de la salle d'interview, et c'est l'élégance qui se présente. Le genre d'aura qui marque, sans forcer le trait. Tout en grâce, tout en lumière. Elle me dit bonjour et s'assoit, le regard curieux, le sourire franc. Se tient alors devant moi une artiste qui tend à devenir une référence pop en France. 4 Junos au compteur (équivalents des Grammys au Canada), dont celui de l'Album de l'Année 2022, une communauté de plus de 500 000 abonnés sur Instagram, 2,1 millions d'écoutes mensuelles sur Spotify… Tout autant de chiffres qui donnent le tournis, et qui auraient pu faire naître la folie des grandeurs chez n'importe qui. Et pourtant… Charlotte garde ses pieds bien cloués sur terre en s'asseyant devant moi, et se livre en profondeur sur son dernier album 99 Nights. Un projet organique aux accents pop et club ; mais non sans douceur, grâce à une écriture sincère, shootée à l'intime. Une dualité qui nourrit perpétuellement la chanteuse canadienne, dont la musique est la plus fidèle, et vieille amie. Jean droit, top blanc : une allure simple pour une âme grandiose. Ce qu'elle a pu me confier dévoile toute la couleur de son talent, un kaléidoscope évanescent qui n'a pas fini d'émouvoir, de surprendre, et de conquérir le monde… Grand Entretien avec Charlotte Cardin, femme, musicienne, chanteuse et artiste au talent XXL.

Rencontre avec Charlotte Cardin, la voix pop qui enflamme la scène française

Vogue France. Si tu devais te présenter, autrement qu'en tant artiste compositrice, interprète, ça donnerait quoi ?

Charlotte Cardin. C'est une bonne question parce que ça fait tellement partie de mon identité, que c'est difficile de ne pas le prendre en compte, mais je dirais que je suis une femme de 29 ans, de Montréal. Je suis intéressée par plein de choses, mais il est vrai que l'art et la musique sont tellement des parties importantes de ma vie que j'avoue que comme ça rapidement, ça résume quand même une grande partie de ma personnalité (rires).

Dis-moi ce que t'écoutes et je te dirai qui tu es : ta playlist ressemble à quoi alors ?

Alors, en ce moment dans ma playlist, il y a plein de choses. Attends d'ailleurs je vais la sortir ! J'ai une playlist sur Spotify, que je complète depuis des années. En ce moment, j'écoute un peu de Jack Harlow, que j'adore. Il y a deux semaines, j'étais en tournée, on est passé par Vancouver au Canada et on est allé voir Shania Twain, qui jouait en concert. Du coup j'ai quelques chansons d'elle sur ma playlist. J'écoute aussi beaucoup le groupe Marcy Playground en ce moment, notamment le titre Sex and Candy. Et évidemment, Cigarettes After Sex, à chaque automne je retombe toujours un peu dans ces sonorités-là.

C'est quoi l'ADN Charlotte Cardin ?

Je pense que de manière générale, je fais de la pop qui est influencée par plusieurs styles différents, que ce soit le hip hop, la soul… La chanson française inévitablement, parce que j'ai grandi en écoutant beaucoup ces styles-là aussi. Donc oui, il s'agit d'un style pop au sens large, nourri de plein d'influences.

99 Nights, un album de dualités

As-tu vraiment écrit cet album en 99 nuits ?

Pas exactement, mais presque (rires). La plupart des chansons ont été écrites pendant un été, donc plus ou moins 99 nuits, dans les faits c'est 95, mais 99 sonnait mieux ! Dix chansons sur douze ont été écrites pendant cet été-là, puis deux autres se sont ajoutées après, mais on trouvait que cela permettait de garder le romantisme de la chose que de l'appeler 99 Nights quand même. Parce qu'en soit, l'ADN de l'album s'est vraiment forgé pendant cette période-là.

Il est pop, il est rock, il est électro cet album, il est quasiment inclassable en fait, était-ce une volonté de ta part ?

Non, en fait pas du tout. La seule volonté que j'avais en faisant cet album-là, c'était vraiment d'élargir encore plus mon “terrain de jeu musical” si je puis dire ? De pouvoir m'amuser à composer des chansons qui touchaient à plein de styles, sans vraiment penser préalablement à ce que je voulais offrir. J'avais vraiment envie que ce soit un flot créatif qui soit spontané. C'est vraiment un album que j'ai fait entre amis aussi. Je l'ai écrit avec ma bande, avec des amis très très proches, et je pense qu'on le ressent à l'écoute. Il y a ce côté “joueur”, on perçoit les influences des uns et des autres. On était vraiment assis par terre dans un appart, à faire de la musique, à “jammer”, plus que dans mes autres albums. Je pense que c'est ce qui fait que l'album est plus varié musicalement… Tout en gardant une certaine cohérence, car il a été écrit dans une période de temps distincte, pendant laquelle je vivais plein de trucs aussi, donc les thèmes restent assez récurrents.

©Aliocha

Il y a un mot, tout de même, qui revient dans les interviews que tu as pu donner. Le mot “bitter sweet”, comme une volonté de contradiction entre l'oisiveté régressive et les sonorités festives que l'on retrouve dans Confetti, et la nostalgique plus douce, quasi douloureuse de Next To You. On ressent même ce double jeu dans les paroles : "gonna stay gonna go" (Confetti), "Daddy's a psycho, mamma's an angel" (Daddy's Psycho). Pourquoi ce côté noir/blanc ? C'était une envie de te montrer franche et sincère, de mettre à nu tes potentielles contradictions ? Comme on en a tous finalement, bien qu'on aimerait les cacher…

Oui, complètement. Je pense qu'au moment d'écrire toutes les chansons, je ne me rendais pas nécessairement compte qu'il y avait justement des petites dualités comme ça, récurrentes. Et c'est un peu avec la perspective “d'après-album” que je me suis rendue compte qu'effectivement, il y a des thèmes qui reviennent, des petites contradictions. Je suis quelqu'un qui se pose beaucoup de questions, je suis pleine de contraires moi-même. Divergences que j'arrive aussi à expliquer à travers le song-writing, je découvre plein de choses sur moi grâce à ma musique donc inévitablement, je transmets tout ça dans mes chansons. Cela me soulage de plein de trucs, mais en même temps, ça ouvre plein d'autres questions aussi. Je pense que c'est ce qui me passionne dans l'écriture et dans la musique, ça me permet d'apprendre à me connaître, de m'explorer encore plus profondément, et de mettre des mots sur des sentiments que j'ai depuis toujours.

On sent aussi un côté très introspectif dans ton album : tu parles d'égo (Jim Carrey), d'introversion (Confetti), d'overthinking (Looping)... Quelle place accordes-tu à ta santé mentale, dans un environnement qui est de plus en plus anxiogène ? Comment tu la cultives ?

La musique, et plus précisément l'écriture, ont toujours été pour moi une vraie thérapie. Pendant longtemps, il s'agissait d'une thérapie un peu douloureuse. Quand je pense à mon premier album Phoenix, c'est un album qui a été hyper dur à écrire. Je sentais que je m'arrachais le coeur à chaque chanson que j'écrivais. C'était un processus qui était assez déchirant, et qui, au final, me libérait de plein de trucs, mais ce n'était pas nécessairement agréable. Et pour cet album-ci, je me suis rendue compte que ça pouvait l'être, en fait : ça pouvait être une thérapie saine. C'est la première fois que j'ai pu écrire en douceur, en me permettant de m'entourer de personnes qui sont très proches de moi, qui me connaissent bien. Avec qui je peux parler de ces choses-là, mais sans que ce soit trop douloureux.

Je suis une personne assez sensible, depuis très jeune. Souvent, je me sens submergée par mes propres sensations. Je n'arrive pas à ressentir les choses à moitié. Je pense que cela ne m'a pas toujours servi, parce que très vite, j'ai pu me sentir débordée par mes émotions. Donc quand j'écris, et même quand je chante, ça me permet de les canaliser. C'est mon réflexe depuis toute petite, et je me rends compte que c'est ça, ma façon de protéger ma santé mentale. Évidemment, j'ai aussi vu des psys, ça m'a aidé ahah. Mais ces deux moyens m'ont permis de trouver mon équilibre, et de me faire sentir bien.

Tu nous expliques que la musique est ta thérapie, et qu'elle t'a permis de pouvoir canaliser tes états d'âme. Mais as-tu conscience d'être aussi une thérapeute pour celles et ceux qui t'écoutent ? Typiquement, dans Confetti, tu as su poser les mots justes pour chaque introverti qui s'est déjà senti mal, ou de trop à une soirée : as-tu conscience de ce pouvoir-là ?

Quand j'écris, je ne m'en rends pas nécessairement compte. Mais quand je parle à des gens qui se rattachent à mes chansons, ou qui s'identifient à certains thèmes que j'aborde, ça m'émeut beaucoup. C'est vraiment puissant, vraiment beau je trouve, parce que moi j'ai souvent retrouvé ça dans la musique que j'écoute de mon côté. Et pouvoir penser que la mienne provoque cela pour quelqu'un d'autre, c'est extraordinaire. Je m'en rends surtout compte quand je suis en contexte “live”, en concert. Je ressens ce sentiment de communauté, le sentiment d'échange est hyper physique, hyper vrai. Savoir que moi, j'écris une chanson qui me fait du bien, certes, mais qu'elle peut aussi faire du bien à quelqu'un d'autre, c'est vraiment quelque chose de très précieux. Surtout, ça me donne envie d'écrire des chansons qui sont toujours plus personnelles, toujours plus vraies, parce que je me rends compte que plus elles le sont, plus les gens s'identifient. Pendant longtemps, je n'osais pas mettre trop de détails dans mes chansons parce que je me disais : “peut-être que quelqu'un ne va pas s'identifier à quelque chose de très précis”. Alors qu'en fait c'est l'inverse, plus c'est précis, plus les gens peuvent se projeter et s'identifier, finalement.

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Tu expliques en interview qu'au début de ta phase d'écriture de 99 Nights, ton objectif était de demander un signe à la vie pour aller mieux. On retrouve cet imaginaire du destin distillé un peu partout dans l'album, notamment dans les paroles “what's your sign ?” (Someone I could love), ou même au niveau du titre, "99", qui représente la fin d'un chapitre en numérologie : il est voulu ce côté ésotérique dans cet album ?

Je crois que ça s'est fait naturellement, mais c'est vrai que parfois dans les moments de création comme ça, on n'arrive pas à expliquer comment une idée nous tombe dessus. Moi je crois en la conscience collective : je pense que les idées, elles sont prêtes à être exploitées à un moment par quelqu'un, et si ce n'était pas moi qui avait eu l'idée, cela aurait été quelqu'un d'autre. Donc oui, il y a des références à des signes comme ça. Je ne suis pas particulièrement superstitieuse, mais je trouve ça quand même fascinant l'idée que, parfois, les artistes agissent vraiment comme “un canal” de création pour certains concepts, et la coïncidence fait la magie. Et justement dans la chanson dans laquelle je parle de “what's your sign”, c'est mon producteur Jason, avec qui j'ai co-écrit quasiment toutes les chansons sur l'album - il produit toutes mes chansons depuis mon tout premier EP, c'est un de mes meilleurs amis - qui croit à fond aux signes astrologiques, qui m'a inspiré l'idée. On en parle souvent, je trouve ça hyper fascinant. Je ne suis pas très calée en la matière, mais c'est donc grâce à lui qu'il y a ce petit clin d'œil “astrologique”.

Un projet aux influences et histoires inédites

Comment garde-t-on les pieds sur terre après avoir a eu Jim Carrey au téléphone ?

C'était extraordinaire. Surtout que souvent, une fois qu'on rencontre nos héros, on est assez déçu. Mais lui a été d'une telle élégance, j'ai trouvé ça vraiment généreux de sa part de m'appeler. Évidemment, il a mille trucs à faire dans sa vie, mais que Jim Carrey ait pris le temps de m'appeler le jour de la sortie de la chanson, c'était assez fou. Même s'il m'avait appelé pendant trois secondes, j'aurai été ravie, mais on s'est vraiment parlé presque vingt minutes au téléphone. On a discuté de plein de trucs, il m'a posé beaucoup de questions sur ma musique, sur la chanson elle-même, sur mon processus créatif… Je lui ai dit que je voulais que cette chanson parle d'égo. J'y avais beaucoup pensé pendant ce fameux été, donc on a commencé à écrire, et la phrase “Goodbye my worthless ego / Without you I'm finally free” est arrivée très vite. Puis on voulait quelque chose de plus “gang shoot”, un anthem, un truc libérateur. Donc mon producteur Jason m'a dit “ce soir il faut que t'ailles écouter toutes les vidéos de Jim Carrey”. Ce que j'ai fait en rentrant chez moi, et je suis tombée dans le vortex (rires). Et le lendemain, l'angle de Jim paraissait évident pour la chanson. Jim Carrey a écouté cette histoire avec beaucoup de curiosité, il était vraiment très ouvert. C'était un beau moment. Et puis, j'avais un peu peur qu'il l'écoute quand même. C'est particulier, la chanson porte son nom, cela peut être perçu comme un peu intrusif pour la personne. S'il ne l'avait pas aimée, j'aurai vraiment eu de la peine (rires). Mais au contraire, il a été très flatté. Il m'a dit combien il l'appréciait, ce dont je suis profondément reconnaissante.

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Penchons-nous sur le titre Next To You : quasiment sept mois de travail, avec le grand Patrick Watson. A-t-on conscience du bijou que l'on est en train de créer, ou on ne s'en rend compte qu'après ?

Pour celle-ci, je m'en suis vraiment rendue compte qu'après. J'ai failli abandonner tellement de fois pendant le processus, c'était tellement long. Et finalement je pense que c'est ma préférée de l'album. Je l'ai écrite avec Patrick Watson et c'est lui qui m'a poussé, il me disait “Non, on continue !”, comme un cheerleader ahah. Je me rappelle, j'étais en pleurs en sortant de la session, parce que c'est vraiment une chanson qui est ultra personnelle. C'était un long processus, je l'ai détestée pendant des mois, je la trouvais nulle, on l'a toute restructurée. Puis à un moment donné, on a passé cinq minutes dessus, après six mois à l'avoir travaillée quand même, et on a trouvé 2/3 mots qui, pour moi, ont créé la magie de la chanson. Donc cette chanson n'est pas tombée du ciel du tout. J'ai vraiment bossé, ce qui m'a permis, aussi, de faire une chanson assez différente de toutes les autres, et je l'aime d'autant plus parce qu'elle a représenté un vrai défi.

En parlant de collaboration, tu viens de sortir une version Deluxe de 99 Nights "Une semaine à Paris" avec quatre titres inédits, dont une collaboration avec le rappeur Laylow. Pourquoi avoir décidé de travailler avec lui ?

Parce que j'adore Laylow ! Cela fait longtemps que j'écoute sa musique, je suis fan depuis un bout de temps. C'est mon meilleur ami Romain qui m'a fait découvrir sa musique il y a plusieurs années, et je l'avais vu à Osheaga, un festival à Montréal qui se déroule tous les étés. Le voir en live, ça m'avait fait l'aimer encore plus, et je lui avais ensuite envoyé un DM, en disant “on devrait écrire ensemble”.

Je le trouve tellement créatif dans les angles de ses chansons, dans le fait que ses albums ont des concepts très développés, même dans tout ce qui est visuels associés au projet. Tout est hyper cohérent, et en même temps, tout est très unique. Et pour avoir collaboré avec lui sur une chanson, avoir passé une nuit blanche en studio avec lui, j'ai réellement pu constater de mes propres yeux cette créativité, qui est d'autant plus fascinante en vrai. Pour écrire Real Love, je me suis laissée voguer sur ses vagues, sur sa vibe à lui, parce que je le trouve brillant donc j'étais sûre que ça donnerait cette chanson super cool, écrite en une nuit blanche, à échanger avec lui.

Quatre chansons en français, cela pose évidemment la question de la langue. Français, anglais, des mix entre les deux aussi, comme le prouve Feel Good : quelle langue te permet d'être le plus toi ? Est-ce que finalement, il s'agit vraiment de faire un choix ?

Je sens que je démontre des petites parties de moi un peu différentes selon la langue. J'ai vraiment un rapport au français qui est plus intime que mon rapport à l'anglais, parce que j'ai grandi en français, je viens d'une famille francophone. Mais j'ai toujours eu des amis anglophones, ma grand-mère vient d'Alberta, elle est anglophone aussi, donc j'ai vraiment grandi dans un univers qui est vraiment bilingue. Le fait d'écouter de la musique dans les deux langues, ça a toujours fait partie de mon évolution en tant qu'auditrice, comme en tant que petite fille, qui faisait de la musique déjà dans les deux langues, à un très jeune âge. Je pense que j'exprime des facettes de moi qui sont différentes dans les deux, mais en tout cas, je ne me vois pas faire un choix net. Je me vois plus naviguer entre ces deux langues, et continuer à faire ce que je fais en ce moment : parfois un album en français, parfois en anglais, parfois combiner les deux, en fonction du feeling.

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Tu sors du tournée aux États-Unis et au Canada, et tu commences bientôt tes dates en France. Qu'est-ce que cela te fait d'avoir “sold-out” un Olympia aussi vite ?

C'est vraiment hyper excitant, surtout une salle mythique comme l'Olympia. Je trouve ça vraiment cool parce que je sens que mon projet a eu une évolution très organique aussi. Ça fait quand même presque dix ans que je tourne avec mon groupe : on est venu souvent en France, on est allé aux États-Unis, on a évidemment beaucoup tourné au Canada. Mais c'est motivant de sentir de plus en plus de soutien partout dans le monde. Et puis l'Olympia, je le prends vraiment comme un “stamp of approval” (sceau d'approbation), quelque chose qui sanctionne vraiment une étape dans ma carrière. C'est une grande salle, on peut se permettre de faire une mise en scène assez chouette… En tout cas, c'est excitant pour la suite. Grâce à ces dix dernières années, je me sens plus à l'aise que jamais sur scène, donc je sens que c'est le bon moment pour que de plus en plus de monde découvre ma musique.

Quand on va voir Charlotte Cardin sur scène, on peut s'attendre à quoi ?

Certainement à plein de chansons du nouvel album, des chansons des anciens albums aussi. C'est un concert qui a spécifiquement été pensé pour la nouvelle musique de 99 Nights - mais aussi quand même pour les chansons de Phoenix -, parce que c'est un album qui a été créé collectivement, comme je l'ai dit, donc je pense que c'est vraiment des chansons qui prennent tout leur sens en contexte “live”. Elles s'épanouissent encore plus, le storytelling est encore plus pertinent quand il est partagé comme ça, parce que c'est dans un contexte de partage qu'il a été pensé. Cette dimension de collectif se retrouve beaucoup dans le nouveau show, moi je joue plus de guitare que dans les concerts précédents, il y a une énergie un peu plus “band” (groupe), assez spontanée.

Tu as également posé ta voix sur l'album d'Aliocha Schneider, tu as signé des chaussures en collaboration avec Asics... As-tu envie d'élargir ton horizon créatif à 360° ?

Oui, je pense que je vais toujours principalement être chanteuse et auteure-compositrice, ça sera toujours ce qui me fera le plus "tripper". Mais ça m'intéresse d'élargir un peu tout ça. Depuis le début, je suis hyper impliquée dans tout ce qui est visuel du projet : toutes les vidéos, les images, même le merch… Je trouve ça hyper important, ça me stimule énormément. Alors oui, je vais toujours être ouverte à des collaborations, comme par exemple celle d'Asics qui était hyper naturelle. Et oui, chanter ou écrire avec d'autres artistes, c'est quelque chose qui m'intéresse, certainement.

Quelques questions rapides…

L'artiste avec qui tu rêverais de collaborer ?

Je pense que ça serait Frank Ocean.

Quelle est la question que tu aimerais que l'on te pose ?

Quand j'écoute des interviews d'autres artistes, j'aime les questions qui sont un peu loufoques, ou en tout cas un peu décalées. Des questions qui nous permettent d'apprendre des anecdotes sur leur personnalité. Alors j'aime bien qu'on me demande : “c'est quoi ton film préféré ? Ou ton plat préféré ?” Des choses un peu anodines comme ça, mais qui finalement permettent d'en apprendre davantage. On ne m'a jamais demandé quel était mon parfum de glace préféré par exemple (rires).

C'est quoi ?

Un peu basique comme réponse, mais c'est chocolat, je suis fan (rires).

Comment on arrive à convaincre son père de chanter sur son album ?

Ah ah, je n'ai même pas eu besoin de le faire. Ce qu'il s'est passé, c'est que c'était une des dernières journées sur lesquelles on bossait sur l'album, on faisait les dernières retouches… On avait déjà les maquettes complètes, les prises de voix sur toutes les chansons, mais on faisait les mini retouches. Et mon père est venu en studio à Montréal pour me faire un coucou, il voulait être un "fly on the wall" (mouche sur le mur), regarder comment ça se passait… Et on s'est rendu compte qu'il manquait certaines couches de voix sur le titre 99 Nights. J'étais en studio avec Jason, Sam qui a co-réalisé cette chanson, et mon père était là, donc on s'est dit “on va tous chanter, on va faire les gang shout ensemble”. Mon père n'est pas du tout un chanteur, mais il s'est concentré pour chanter juste, et il l'a fait (rires) !

Le mot de la fin

Des Junos, une tournée à guichet quasi fermé, un album qui fait un carton : quelles sont tes prochaines ambitions ?

Mon projet est vraiment à des niveaux différents, sur différents territoires, à différents endroits. Au Canada, ma musique a vraiment pu s'établir, mais si on pense aux États-Unis, elle émerge et commence à se faire connaître. Moi, cela fait longtemps, quand même, que je connais mon identité artistique, et que je continue évidemment à la préciser. En France, cela commence aussi à très bien se passer, mais même ailleurs en Europe, les gens commencent à découvrir le projet. J'ai donc à cœur d'élargir mon audience et faire découvrir ma musique partout où je le pourrai.

Tu as même fait lever Joe Biden lors d'un gala, qui t'a donc, on peut le dire, adoubé : qu'est-ce qu'on peut te souhaiter pour la suite ?

On peut me souhaiter que ça continue dans la lignée dans laquelle j'avance. En ce moment, je suis hyper épanouie, tout ce qu'il se passe me rend vraiment heureuse. Je ne me rappelle pas l'avoir été autant dans ma vie, donc j'espère que cela continuera, que les gens continueront de découvrir le projet comme ils le découvrent en ce moment. Évidemment que je puisse continuer à jouer, à partager cette musique avec le plus de monde possible et que ça continue à évoluer. C'est ce que je veux !

Informations pratiques :
Charlotte Cardin sera en tournée dans toute la France, à partir du 24 janvier 2024 à l'Olympia (sold-out).
Billetterie pour son concert au Zénith de la Villette, le 6 décembre 2024 ici.
Son site officiel, où notamment retrouver son merch, ici.

Vinyle - 99 Nights Deluxe Edition

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