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“Il faut être authentique, vivre sans chercher la validation des autres, des normes sociétales et de leur conservatisme absurde. Je cherche de la joie, un point c'est tout”, lance Marc Jacobs à propos de son dernier défilé, ce dernier n'ayant duré que six minutes. Six minutes intenses pendant lesquelles on croise une Marilyn Monroe dans la robe emblématique de Sept Ans de réflexion, une Minnie Mouse avec ses pois rouges et blancs, et une flopée de robes de poupées-princesses tout droit sorties d'un film Disney. Le show regorge de références en tout genre, chacun pouvant y piocher ce qu'il veut. Cette collection est pleine de silhouettes fortes.
Le dernier défilé Marc Jacobs, une immersion acidulée dans une maison de poupée
Certes, l'avenir paraît bien sombre aujourd'hui. L'extrême droite gagne du terrain en Europe et aux États-Unis, menaçant les libertés des femmes, le mariage homosexuel et d'autres droits chers à Marc Jacobs. Si aborder ces questions est souvent périlleux (les podiums sont-ils le bon endroit où en parler ?), le créateur américain n'a pas hésité cette année à s'attaquer à l'actualité, de manière dissimulée. À quoi ressemblerait le monde si Marc Jacobs était aux commandes ? Comme le suggère le podium, nos sociétés seraient sûres pour tout le monde, et surtout pour ceux qui portent des chaussures trop grandes, des vêtements aux proportions exagérées et préférant les extrêmes et les couleurs flashy au quiet luxury.
Marc Jacobs, pour rappel, a été un adepte du quiet luxury. Souvenez-vous de sa collection de l'automne-hiver 2010-2011. Or l'Histoire, comme le suggère le créateur, n'a pas besoin de ça aujourd'hui, un fait qu'il a semble-t-il souligné en utilisant en bande-son du défilé “Einstein on the Beach” de Philip Glass (un opéra sur l'angoisse à l'heure des nouveaux médias), et de manière un peu moins sérieuse, s'affichant avec du nail art fantasque.
À propos de sa dernière “french manucure débridée aux couleurs pastel”, Marc Jacobs a déclaré à Vogue “éprouver tellement de joie à s'habiller, à porter des accessoires et à s'exprimer à travers la mode, [les ongles étant] une pièce de ce merveilleux puzzle”.
Des silhouettes surdimensionnées défilent sur le podium
Les autres pièces du puzzle ? Elles sont sur le podium de la New York Public Library. Le défilé s'inscrit dans la lignée de la superproduction du printemps-été 2024, sauf que les “vêtements de poupée” de cette année portent la marque d'Hollywood. Marilyn, Minnie et autres princesses sont de la partie. Pour résumer, le show ressemble à une rétrospective de l'œuvre de Marc Jacobs en version cartoon (n'oublions pas qu'il a célébré le 40e anniversaire de sa marque en février, une étape importante). Un tailleur jupe à gros boutons, en référence à ses créations anciennes plus discrètes, affiche une forme démesuré. Le sablier d'une robe en dentelle est lui aussi exagéré, tandis que les pulls et les jupes aplaties présentent des couleurs acidulées. La collection comprend par ailleurs un drôle de bikini à pois jaune, trop grand de plusieurs tailles, comme une poupée dans des vêtements de fille.
Les proportions ont ainsi joué de drôles de tours aux spectateurs du défilé. Les minijupes ultra-courtes et les ourlets arqués des jupes, surtout lorsqu'ils sont plus hauts devant que derrière, donnaient aux mannequins l'allure de géantes. Avec ses formes étranges, ses couleurs vives et ses chaussures folles, Marc Jacobs a réussi à nous faire basculer dans son monde pendant de brefs instants. Ne pourrions-nous pas arrêter le temps et y rester un moment ?
Article publié initialement sur Vogue Runway
Traduction par Julie Ackermann
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