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Titanic

Le RMS Titanic est un paquebot britannique de luxe qui a fait naufrage pendant son premier voyage transatlantique. À environ 23 h 40 le 14 avril 1912, près de 740 km au sud de Terre-Neuve, le flanc tribord (droite) du Titanic heurte un iceberg. La collision entraîne la fissure de plusieurs compartiments étanches. Malgré l’eau qui s’infiltre rapidement, le premier canot de sauvetage n’est jeté à l’eau qu’une heure plus tard. Environ les deux tiers des passagers et de l’équipage du bateau périssent. Le naufrage du Titanic, l’une des pires tragédies maritimes de l’histoire, est encore aujourd’hui bien ancré dans la culture populaire.

Conception et construction

En 1907, J. Bruce Ismay, directeur général de l’entreprise maritime White Star Line, et Lord Pirrie, président du chantier naval Harland and Wolff à Belfast, décident de créer une nouvelle classe de navires plus luxueux et imposants pour faire concurrence à leur rival, Cunard Line. Leur projet entraîne la création de la classe Olympic, qui comporte trois navires : l’Olympic, le Titanic et le Gigantic (plus tard nommé le Britannic). Les paquebots sont conçus pour transporter des passagers de première et de seconde classe dans un luxe inégalé. Même les passagers de troisième classe profitent de meilleures installations que sur les autres bateaux.

La construction du Titanic s’amorce le 31 mars 1909 à Belfast. Environ 3 000 hommes y prennent part, et huit y perdent la vie. Les travailleurs y consacrent environ 49 heures par semaine de 6 jours, pour un salaire hebdomadaire de 2 ₤ (l’équivalent de 413 $ en 2022). Le Titanic est mis à l’eau 26 mois plus tard, le 31 mai 1911.

À ce moment-là, le Titanic n’est encore qu’une coquille vide. Pendant les quelques mois qui suivent, plusieurs travaux d’« aménagement » et de préparation ont lieu, comme l’installation des machines de propulsion et la finition des cabines et des salles communes. Au total, la construction du Titanic coûte 1,5 million de livres (soit environ 309 millions de dollars en 2022).

Le Titanic termine ses essais en mer dans la mer d’Irlande le 2 avril 1912 et obtient son certificat de navigabilité d’un haut représentant de la Chambre de commerce britannique. Le paquebot se dirige ensuite vers Southampton, 1 060 km plus loin, pour entamer son premier, et son dernier, transport de passagers.

Titanic

Départ en mer

Après son arrivée à Southampton, le Titanic passe six jours à recruter d’autres membres d’équipage (y compris le capitaine Edward Smith) et à s’approvisionner en charbon et en nourriture. Le 10 avril, 951 personnes montent à bord du navire, qui se rend ensuite à Cherbourg, en France, pour faire monter d’autres passagers. Le Titanic atteint ensuite Queenstown (aujourd’hui Cobh), en Irlande, le 12 avril à 11 h 30.

Deux heures plus tard, il entame son voyage vers New York. Selon les estimations les plus précises, le paquebot compte alors 1 316 passagers : 325 en première classe, 285 en deuxième classe et 706 en troisième classe. Avec les 913 membres de l’équipage, le nombre total de personnes à bord du Titanic atteint donc 2 229. Le navire n’est pas bondé lorsqu’il quitte le port. Heureusement, car s’il l’avait été, le nombre de décès aurait été encore plus catastrophique.

Parmi les passagers de première classe, on trouve certaines des personnes les plus riches de la planète. Le plus riche homme à bord, John Jacob Astor IV, est accompagné de sa deuxième épouse, Madeleine, alors enceinte et de plusieurs années sa cadette. Parmi les autres millionnaires, on peut voir Benjamin Guggenheim, Isidor et Ida Straus (propriétaires du Macy’s à New York) et les membres de plusieurs familles américaines en vue.

Plusieurs passagers ont aussi des liens avec le Canada. Par exemple, certains sont nés au pays, comme le plus riche Canadien à bord, Harry Markland Molson, membre de la célèbre famille montréalaise de brasseurs, banquiers et fabricants de navires. (Voir John Molson et Molson Coors entreprise de boissons.) D’autres, comme le magnat de l’industrie ferroviaire Charles Melville Hays, ont vécu ou travaillé pendant un certain temps au Canada. Finalement, quelques-uns ont déjà visité le pays pour des raisons professionnelles ou familiales, et d’autres sont en processus d’immigration. Au total, 130 passagers, répartis dans les trois classes, ont un lien avec le Canada. Parmi eux, seuls 82 survivent.

Tragédie

À 23 h 40 le 14 avril, trois jours après son départ de Queenston, le Titanic entre en collision avec un iceberg. Le capitaine Edward Smith reçoit six messages d’autres navires l’avisant de la présence d’icebergs dans la région, mais ne semble pas trop s’en soucier. Au moment de l’impact, le Titanic progresse à une vitesse de 0,5 nœud en dessous de sa vitesse maximale.

À sa construction, le Titanic compte 16 compartiments censés être étanches, mais qui ne le sont pas réellement. En effet, puisque les cloisons séparant les compartiments n’atteignent pas le pont du navire, il y a un espace dans leur partie supérieure. Ainsi, si un compartiment se remplit d’eau, le surplus peut se déverser dans le suivant.

Lors de l’impact, l’iceberg perce environ cinq ou six compartiments et l’eau s’infiltre par plusieurs trous. Le Titanic aurait probablement pu continuer de flotter si seulement quatre compartiments avaient été touchés, mais la rupture de cinq ou six d’entre eux cause la perte du navire. Au fur et à mesure que se remplit chacun des compartiments, l’eau se renverse par-dessus la cloison vers le suivant, un peu à la manière d’un moule à glaçons incliné. Très lentement, la proue du Titanic commence alors à sombrer.

Au départ, la plupart des passagers ne sont pas conscients de la collision, et ceux qui le sont ne s’en inquiètent pas. Après tout, ils sont à bord du plus gros bateau du monde, et peut-être même du plus sécuritaire. Certains sont même convaincus qu’il serait impossible de faire couler le paquebot. La collision avec l’iceberg est donc traitée comme un incident banal.

Canots de sauvetage

Le Titanic est doté de 20 canots de sauvetage : 14 canots en bois réguliers (qui peuvent transporter 65 personnes chacun), quatre canots pliables aux parois en toile (47 personnes chacun) et deux canots d’urgence en bois (40 personnes chacun). Au total, ils peuvent transporter 1 178 personnes, ce qui correspond seulement au tiers de la capacité maximale du paquebot. Cela est toutefois légal selon les normes de l’époque, qui fixent le nombre de canots selon le tonnage enregistré d’un navire et non selon son nombre de passagers.

À 0 h 15 le 15 avril, le capitaine Edward Smith lance un signal de détresse. Toutefois, il attendra vingt minutes pour ordonner le chargement des canots de sauvetage. Le canot 7, le premier à quitter le navire, est mis à l’eau à 0 h 40. Il contient alors seulement 28 personnes, soit beaucoup moins que sa capacité maximale. La même situation se répète pour les autres canots : aucun n’est rempli au maximum de sa capacité, sauf les derniers, qui sont presque tous complets. Les deux derniers canots sont mis à l’eau à 2 h 15, soit seulement cinq minutes avant que ne sombre le Titanic.

Si tous les canots de sauvetage du Titanic avaient été remplis, 472 personnes de plus auraient pu être sauvées, soit toutes les femmes et les enfants, ainsi que près de 650 hommes. Toutefois, plusieurs hommes et garçons plus âgés se voient refuser l’accès aux canots, car l’un des officiers a interprété l’ordre « les femmes et les enfants d’abord » comme « les femmes et les enfants seulement ».

Le saviez-vous?
La tradition d’évacuer d’abord les femmes et les enfants débute au 19e siècle. Elle se popularise après le naufrage du Navire de Sa Majesté (HMS) Birkenhead, le 26 février 1852. Le navire britannique compte à bord 634 soldats et quelques membres des familles des officiers lorsqu’il percute un rocher non répertorié sur la côte sud-africaine. L’eau qui s’infiltre par l’énorme fissure dans la coque provoque rapidement la noyade de plusieurs soldats. Les survivants se réunissent ensuite sur le pont du bateau pour constater que seuls trois canots de sauvetage sont en état de naviguer. Les hommes décident alors de s’écarter pour permettre aux femmes et aux enfants de prendre place dans les canots. Le Birkenhead se fracture et coule 25 minutes après sa collision avec le rocher. Seules 193 personnes survivent au naufrage, dont toutes les femmes et les enfants.


Sauvetage et recherches

Après son départ de New York en direction des ports de la Méditerranée, le RMS Carpathia, un paquebot de Cunard, l’entreprise concurrente de White Star Lines, capte l’appel à l’aide du Titanic. Le capitaine Arthur Rostron décide alors immédiatement de dévier de sa trajectoire et de se rendre sur le lieu du naufrage. Il arrive sur place environ 4 heures plus tard et constate que les canots de sauvetage sont dispersés sur une très grande distance. Le navire prend quatre heures et demie pour récupérer les 713 passagers et membres de l’équipage ayant survécu, soit seulement le tiers de toutes les personnes à bord du Titanic. Le Carpathia fait ensuite demi-tour et revient à New York. À son arrivée le 18 avril, le paquebot est accueilli par une énorme foule. Les survivants sont dirigés vers des hôpitaux et d’autres établissements, selon leurs besoins.

Les proches des victimes, les journaux et le grand public réclament rapidement à White Star Line de récupérer les dépouilles des passagers. L’entreprise mandate donc quatre navires canadiens pour mener à bien la mission. Au total, les navires réussissent à récupérer 328 corps. À lui seul, le Mackay-Bennett, un câblier de Halifax, en trouve 306. Parmi les 328 victimes, 119 reçoivent une sépulture en mer pour différentes raisons et 209 sont ramenées à Halifax. À la demande des proches des défunts, 59 corps sont rapatriés pour un enterrement local. Les 150 autres corps sont enterrés dans trois cimetières d’Halifax. Neuf autres dépouilles sont immergées en mer par des navires qui les trouvent sur leur chemin.

RMS Titanic, cimetiere en Nouvelle-Ecosse

Suites

Après le naufrage, les autorités américaines et britanniques décident de mener des enquêtes, ce qui mène à plusieurs modifications dans les voyages de passagers transatlantiques. Depuis ce temps, les navires doivent posséder suffisamment de canots de sauvetage pour accueillir toutes les personnes à bord, être équipés en matériel de survie et embaucher un équipage qualifié. Toutes les personnes à bord doivent également participer à un exercice de sauvetage. Les dispositifs de communication sans fil, utilisés en tout temps, sont désormais obligatoires et les communications entre les navires ont priorité sur les messages privés. Les navires sont aussi désormais obligés de contourner les champs de glace plutôt que de les traverser. La Patrouille internationale des glaces est d’ailleurs fondée à la suite de la tragédie pour avertir les navires de la présence d’icebergs.

Découverte de l’épave

Une expédition franco-américaine réussit à localiser l’épave du Titanic le 1er septembre 1985 à l’aide d’un submersible capable de filmer les fonds marins. Au moment de sa découverte, le Titanic est séparé en deux parties reposant à la verticale à environ 600 mètres de distance l’une de l’autre. Celles-ci se trouvent à une profondeur de 3 840 mètres, à environ 24 km au sud-est du dernier endroit où le paquebot avait été localisé. Bon nombre d’expéditions subséquentes mènent à la découverte de milliers d’artéfacts. Depuis ce temps, plusieurs submersibles destinés à l’exploration en grande profondeur ont visité l’épave, dont certains transportant des touristes. Puisque les matériaux dont est fait le Titanic continuent de se dégrader, il ne restera un jour plus rien de l’épave.

Mémoire collective du Titanic

La fascination du public envers la tragédie du Titanic a fait l’objet de plusieurs films, romans, expositions et autres initiatives de divertissement et d’éducation. En effet, plusieurs œuvres s’inspirent du drame, comme le roman de l’océanographe-ornithologue canadien R.G.B. Brown écrit du point de vue de l’iceberg, la comédie musicale The Unsinkable Molly Brown (v.f. La Reine du Colorado) et un long poème narratif d’E.J. Pratt intitulé « The Titanic ». De nombreux documentaires, expositions, chansons et films portent sur l’événement, comme le célèbre film Titanic de James Cameron sorti en 1997. Le film a d’ailleurs été ramené à la vie en format 3D en 2012 par James Cameron lui-même, pour souligner le 100e anniversaire du naufrage. Postes Canada a de son côté mis en circulation une série de timbres pour marquer le centenaire de la tragédie.

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