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Politique en Ontario

La province de l’Ontario est dotée d’un gouvernement majoritaire progressiste‑conservateur, formé le 2 juin 2022. Aujourd’hui, Doug Ford est le premier ministre provincial, Edith Dumont exerçant les fonctions de lieutenante‑gouverneure. Le mandat de John Sandfield Macdonald, premier ministre de l’Ontario, débute en 1867, après l’adhésion de la province à la Confédération. Entre le début de la colonisation européenne et la Confédération, la partie sud de l’actuel Ontario est contrôlée d’abord par les Français, puis par les Britanniques, tandis qu’une large partie du nord est contrôlée par la Compagnie de la Baie d’Hudson. L’Ontario (Haut‑Canada) obtient un gouvernement représentatif en 1791, date à partir de laquelle la colonie est gouvernée par une Chambre d’assemblée, un lieutenant‑gouverneur et des conseils exécutif et législatif. En 1848, l’Ontario (Canada Ouest) acquiert le droit à un gouvernement responsable. À partir de ce moment, la colonie est gouvernée par une Chambre d’assemblée, un premier ministre ainsi que des conseils exécutif et législatif.

Assemblée législative de l’Ontario

Structure du gouvernement provincial

L’Assemblée législative provinciale de l’Ontario compte 124 sièges. Chaque siège est occupé par un député provincial, élu par les électeurs admissibles de sa circonscription. Selon la Loi électorale, les élections provinciales se tiennent le premier jeudi de juin, tous les quatre ans. Il arrive que le parti au pouvoir, considérant qu’il y a là un avantage, déclenche des élections avant cette date. Des élections peuvent également avoir lieu, avant l’échéance de quatre ans, dans les cas où le gouvernement n’a plus la confiance de la Chambre d’assemblée (voir Gouvernement minoritaire au Canada).

À l’instar des autres provinces et territoires du Canada, l’Ontario utilise un système électoral majoritaire uninominal à un tour, c’est‑à‑dire que, dans chaque circonscription, le candidat qui obtient le plus grand nombre de voix remporte le siège correspondant. Habituellement, le parti ayant obtenu le plus grand nombre de sièges forme le gouvernement, et le chef de ce parti devient premier ministre. Toutefois, un parti ayant obtenu moins de sièges peut également former une coalition avec les membres d’un autre parti ou de plusieurs autres partis pour former le gouvernement.

Techniquement, en tant que représentant de la reine, le lieutenant‑gouverneur occupe la plus haute fonction provinciale; toutefois, en réalité, ce rôle demeure en grande partie symbolique (voir également Premiers ministres de l’Ontario; Lieutenants‑gouverneurs de l’Ontario.)

Le premier ministre nomme généralement les membres de son cabinet parmi les députés du parti au pouvoir. Les membres du Cabinet sont appelés ministres et supervisent des portefeuilles particuliers. Habituellement, ces portefeuilles portent, notamment, sur les finances, la santé et l’éducation.

Histoire

Canada, 1713-1756

Province de Québec : 1763‑1791

La région sud de l’actuel Ontario faisait, à l’origine, partie d’une colonie française appelée le Canada (voir Nouvelle‑France). Le nord faisait, quant à lui, partie de la Terre de Rupert, une région contrôlée par la Compagnie de la Baie d’Hudson. En 1763, à la suite de la guerre de Sept Ans, la Grande‑Bretagne prend le contrôle du Canada ainsi que de plusieurs autres colonies françaises [voir Traité de Paris (1763)]. Les Britanniques créent alors la Province de Québec par l’intermédiaire de la Proclamation royale de 1763. À cette époque, ce territoire couvre la région autour du fleuve Saint‑Laurent ainsi que la pointe sud‑est de l’actuel Ontario. Au fil du temps, toutefois, la nouvelle colonie britannique s’agrandit et intègre ce qui est aujourd’hui le sud de l’Ontario, au nord de la région bordant le lac Supérieur. La Province de Québec est administrée par un gouverneur et par un Conseil, dominé par des protestants anglophones, tous deux nommés par la Grande‑Bretagne.

Haut‑Canada : 1791‑1841

Haut Canada et Bas Canada, 1791-1841

En 1791, la Grande‑Bretagne divise la Province de Québec en deux colonies : le Haut‑Canada et le Bas‑Canada. Le Haut‑Canada couvre une partie de ce qui va devenir l’Ontario et le Bas‑Canada une partie du futur Québec (voir L’Acte constitutionnel de 1791). Cette division est motivée par l’arrivée de milliers de loyalistes fuyant les États‑Unis après la révolution américaine. Ces nouveaux arrivants font pression pour la mise en place d’institutions britanniques et l’application de la common Law anglaise. En réponse à ces exigences, la province de Québec est divisée, sur la base de critères ethniques, le Bas‑Canada étant principalement français et le Haut‑Canada anglais.

En outre, les loyalistes usent de leur influence pour obtenir de la Grande‑Bretagne un gouvernement représentatif. En 1791, la Grande‑Bretagne accorde effectivement un gouvernement de ce type aussi bien au Haut‑Canada et qu’au Bas‑Canada. Dans un gouvernement représentatif, tel qu’il est alors mis en place, certains résidents de la colonie, nommément les hommes possédant des biens d’une certaine valeur, élisent les membres d’une chambre d’assemblée. Cependant, le lieutenant‑gouverneur (ou le gouverneur au Bas‑Canada), son Conseil exécutif et un Conseil législatif continuent à être nommés par la Grande‑Bretagne.

Au cours de cette période, c’est le réseau « Family Compact » qui domine la vie politique au Haut‑Canada. Il s’agit d’un groupe d’hommes, fortunés et conservateurs, dont beaucoup ont été nommés aux conseils non élus du gouvernement. Ils souhaitent recréer la société aristocratique britannique au Haut‑Canada et se méfient donc de toute proposition visant à instituer un gouvernement responsable. L’opposition à la domination des membres du « Family Compact » conduit à la rébellion du Haut‑Canada de 1837. Ces mouvements de révolte débouchent à leur tour sur le rapport Durham, recommandant le regroupement des deux colonies en une seule entité.

Canada Ouest : 1841‑1867

Province du Canada, 1841-1967

En 1841, la Grande‑Bretagne réunit le Haut‑Canada et le Bas‑Canada en une seule colonie appelée Province du Canada. Le Haut‑Canada porte désormais le nom de Canada Ouest et le Bas‑Canada celui de Canada Est. Chaque région compte un nombre égal de sièges à l’Assemblée, et ce, bien que le Canada Est soit plus peuplé. Cette situation offre au Canada Ouest anglophone un avantage politique sur le Canada Est francophone. En 1851, cependant, le recensement montre que la croissance démographique du Canada Ouest lui permet désormais de dépasser le Canada Est à ce chapitre. Compte tenu de ce nouvel avantage, des politiciens du Canada Ouest, tels que George Brown, commencent à plaider en faveur d’un système de représentation selon la population. En tout état de cause, le véritable pouvoir continue d’être détenu par le gouverneur et les conseils exécutif et législatif nommés et non élus.


En 1848, un mouvement de réforme politique conduit la Grande‑Bretagne à accorder un gouvernement responsable à la Province du Canada. Dans le cadre de ce nouveau régime, le premier ministre et le Conseil exécutif sont choisis au sein du parti ayant le plus grand nombre de membres élus à la Chambre d’assemblée. En outre, l’exécutif a besoin de l’appui de la majorité de la Chambre pour gouverner.

Le saviez‑vous?
Entre 1791 et 1867, le Haut‑Canada est doté d’un conseil législatif ou Chambre haute. Les membres de cette assemblée sont nommés par le lieutenant‑gouverneur jusqu’en 1856, date à laquelle la Province du Canada adopte une loi prévoyant leur élection. Quand l’Ontario se joint à la Confédération en 1867, le conseil législatif est aboli. Cependant, après cette date, le gouvernement de plusieurs autres provinces — à savoir le Manitoba, le Nouveau‑Brunswick, l’ Île‑du‑Prince‑Édouard, la Nouvelle‑Écosse et le Québec — continue d’intégrer une chambre haute.


Confédération et premiers gouvernements : 1867‑1905

John Sandfield Macdonald

Alors que les tensions entre les Anglais du Canada Ouest et les Français du Canada Est rendent la Province du Canada difficile à gouverner, la Confédération est proposée comme la voie à suivre pour résoudre ces difficultés. L’Ontario (anciennement le Haut‑Canada) est l’une des premières provinces à adhérer à la Confédération en 1867 (voir également L’Ontario et la Confédération).

John Sandfield Macdonald est le premier premier ministre de l’Ontario. Ses orientations politiques varient au cours de sa carrière. Cependant, à l’époque où il est premier ministre provincial, il est sur la même ligne politique que les conservateurs du premier ministre canadien sir John A. Macdonald. La victoire du libéral Edward Blake aux élections provinciales de 1871 marque le début d’un règne libéral de 34 ans. En 1872, le gouvernement libéral de sir Oliver Mowat succède au gouvernement Blake. Le nouveau premier ministre défend les droits de la Province face au pouvoir de report dont dispose le gouvernement fédéral sous l’autorité de sir John A. Macdonald. Oliver Mowat remporte ensuite six élections générales, en 1875, 1879, 1883, 1886, 1890 et 1894. Lorsqu’il se retire de la vie politique provinciale en 1896, il aura dirigé l’Ontario depuis 24 ans, ce qui fait de lui le premier ministre provincial ayant occupé ce poste durant la plus longue période.

À compter de la fin des années 1890, le régime libéral décline progressivement, sous la direction d’Arthur Hardy (1896‑1899) et de George Ross (1899‑1905). Aux élections de 1902, le Parti libéral s’engage dans la voie du favoritisme et ne remporte le scrutin qu’à une courte majorité. Peu de temps après les élections, les libéraux sont accusés de corruption. Bien que finalement jugé innocent, le Parti libéral est défait lors des élections de 1905.

James Whitney, William Hearst et Ernest Drury : 1905‑1923

Ernest Charles Drury, vers 1919

Le gouvernement conservateur de sir James Whitney (1905‑1914) se démarque en créant la Commission de l’énergie hydroélectrique de l’Ontario. En 1919, son successeur, sir William Hearst, est battu par les Fermiers unis de l’Ontario. Dirigé par Ernest Charles Drury, ce parti met en œuvre, avec succès, certains des textes législatifs préparés par le gouvernement précédent. On peut notamment porter à son actif l’institution d’un salaire minimum pour les femmes, l’augmentation du financement de l’éducation et l’amélioration des services de santé. Cependant, d’un point de vue politique, le parti n’est pas à l’abri des « accidents ». En 1923, les Fermiers unis de l’Ontario sont battus par un Parti conservateur ayant retrouvé de sa vigueur sous l’égide de Howard Ferguson.

Le saviez-vous?
En avril 1917, les femmes obtiennent le droit de vote aux élections en Ontario. L’Ontario est alors la cinquième province à accorder le droit de vote aux femmes (voirDroit de vote des femmes en Ontario). Aujourd’hui, le vote est ouvert à toutes les personnes, sous réserve qu’elles soient âgées d’au moins 18 ans, qu’elles aient la citoyenneté canadienne et qu’elles résident dans la province.


Howard Ferguson et George Henry : 1923‑1934

Monsieur et madame George Howard Ferguson

Le premier ministre conservateur provincial Howard Ferguson est un homme déterminé, ainsi qu’un politicien intelligent et rusé. Il crée la Régie des alcools de l’Ontario, avec pour objectif de promouvoir la tempérance et… de remplir les caisses du gouvernement. Il désamorce également une controverse de longue date avec la population francophone de la province, en rétablissant des classes officielles en français dans les écoles. S’inscrivant dans le sillage des premiers ministres provinciaux l’ayant précédé, il poursuit l’exploitation des ressources naturelles de l’Ontario, notamment dans le nord.

George Henry succède à Howard Ferguson en 1930. Il doit faire face aux difficultés de la Grande Dépression, ainsi qu’aux attaques d’un Parti libéral provincial revigoré sous la direction de Mitchell Hepburn.

Mitchell Hepburn, Gordon Conant et Harry Nixon : 1934‑1943

Mitchell Hepburn

En 1934, Mitchell Hepburn et les libéraux remportent les élections sur la base de promesses de réforme et de redynamisation de l’économie. Aucun de ces deux objectifs ne sera réellement atteint, bien que le nouveau gouvernement libéral réussisse à légiférer sur la pasteurisation du lait en Ontario, en dépit de l’opposition des producteurs laitiers.

Durant la grève d’Oshawa de 1937, le premier ministre se bat contre la syndicalisation de l’usine General Motors d’Oshawa. Bien que le camp syndicaliste se targue également d’avoir remporté la victoire, le premier ministre en poste exploite cet enjeu pour favoriser sa réélection. On se souvient également de son mandat pour ses violentes attaques contre le premier ministre fédéral, libéral comme lui, Mackenzie King et pour son opposition à la centralisation du pouvoir à Ottawa. Cette querelle entre le premier ministre de l’Ontario et celui du Canada contribue à la démission du premier en 1942. Entre octobre 1942 et août 1943, avant le déclenchement de nouvelles élections générales, deux hommes occupent le poste de premier ministre à la suite de Mitchell Hepburn : Gordon Daniel Conant et Harry Corwin Nixon.

George Drew, Thomas Kennedy et Leslie Frost : 1943‑1961

Leslie Frost à l’Exposition nationale canadienne

Les élections de 1943 voient la victoire du Parti progressiste‑conservateur, dirigé par George Drew, qui forme le gouvernement. C’est la Co‑operative Commonwealth Federation, un parti socialiste, qui constitue alors l’opposition officielle.

Le gouvernement Drew encourage fortement l’immigration, particulièrement en provenance des îles britanniques, et met en œuvre une série de réformes. Comme Mitchell Hepburn avant lui, le nouveau premier ministre s’oppose au gouvernement fédéral et à ses tentatives de centralisation du pouvoir. Lors des élections de 1948, remportées une nouvelle fois par les progressistes‑conservateurs, George Drew perd son siège de député. Plutôt que de se représenter lors d’une élection partielle, il décide de se lancer dans l’arène politique fédérale. Thomas Kennedy occupe brièvement le poste de premier ministre par intérim, jusqu’à ce que Leslie Frost s’impose lors de la course à la chefferie du parti organisée lors du congrès de 1949.

Le nouveau premier ministre adopte une attitude plus coopérative à l’égard du gouvernement fédéral, un revirement majeur de la politique de l’Ontario en la matière. Il partage les objectifs de développement économique des ministres libéraux à Ottawa, notamment C. D. Howe, et les deux gouvernements collaborent sur de grands projets tels que la voie maritime du Saint‑Laurent, le pipeline TransCanada et l’exploitation de l’énergie nucléaire. Leslie Frost conduit les progressistes‑conservateurs à trois victoires écrasantes, en 1951, 1955 et 1959, avant de démissionner en 1961.

John Robarts, Bill Davis et Frank Miller : 1961‑1985

Après la démission de Leslie Frost, le Parti progressiste‑conservateur choisit John Robarts comme chef. Ce dernier mène son parti à la victoire lors des trois élections suivantes, en 1963, en 1967 et en 1971, formant, à chaque fois, un gouvernement majoritaire. À l’image de son prédécesseur, Leslie Frost, et de son successeur au poste de premier ministre, William Davis, John Robarts est un homme discret et pragmatique, s’efforçant de minimiser les conflits entre l’Ontario conservateur et le gouvernement fédéral, le plus souvent dirigé par les libéraux. En 1967, par le biais de sa Conférence sur la Confédération de demain, il cherche à trouver un compromis qui satisfera le Québec et l’incitera à rester dans la Confédération.

Lorsque Leslie Frost prend sa retraite de la politique en 1971, le parti choisit William Davis comme nouveau chef. À l’instar de ses prédécesseurs, John Robarts et Leslie Frost, il dirige deux gouvernements progressistes‑conservateurs minoritaires, en 1975 et en 1977, et un gouvernement majoritaire, en 1981. De ses mandats, on retient surtout son soutien sans faille au premier ministre fédéral, Pierre Trudeau, lors de l’épisode du rapatriement et de la réforme de la Constitution canadienne, et son choix de financer intégralement deux réseaux d’écoles publiques, l’un francophone et l’autre anglophone. Il démissionne quelques mois à peine avant les élections générales de 1985. En février, le parti fait appel à Frank Miller pour le remplacer. Lors des élections de 1985, qui se tiennent en mai, les progressistes‑conservateurs remportent 52 des 125 sièges de la Législature, un nombre théoriquement suffisant pour former un gouvernement minoritaire. Toutefois, sous la direction de David Peterson, les libéraux s’allient au Nouveau Parti démocratique, réussissant, eux, à constituer un tel gouvernement. David Peterson devient premier ministre, mettant fin à 42 ans de règne progressiste‑conservateur dans la province.

David Peterson, Bob Rae : 1985‑1995

Victoire du Nouveau Parti Démocratique

Le gouvernement libéral minoritaire de David Peterson entretient des relations houleuses avec le premier ministre canadien Brian Mulroney. En 1987, le premier ministre ontarien soutient, à regret, l’Accord du lac Meech voulu par le gouvernement fédéral, mais s’oppose, cette même année, avec la plus grande fermeté, à l’initiative de libre‑échange avec les États‑Unis pilotée par Ottawa. Il perd les élections suivantes face à Bob Rae qui forme le premier gouvernement provincial néodémocrate de l’histoire de l’Ontario. Afin de réduire le déficit budgétaire provincial, le nouveau gouvernement impose aux employés du secteur public de prendre des congés sans solde, surnommés les « Rae days ». Cette politique crée une profonde cassure entre le NPD et sa base syndicale. À l’issue de son mandat, le premier ministre NPD de la province perd les élections de 1995, remportées par les progressistes‑conservateurs de Mike Harris.

Mike Harris, Ernie Eves : 1995‑2003

Mike Harris

Lorsque Mike Harris, arrivé au pouvoir, applique effectivement ses engagements électoraux — un programme connu sous le nom de « révolution du bon sens » (Common Sense Revolution) prévoyant notamment des baisses d’impôts, des réductions des services sociaux et une diminution de la taille du secteur public —, le soutien de la population tend à décliner. Les progressistes‑conservateurs sont toutefois réélus en 1999, remportant 59 des 103 sièges d’une assemblée dont le nombre de membres vient d’être réduit, n’obtenant, cependant, que 45 % des suffrages exprimés. En 2002, après sa démission soudaine, le premier ministre est remplacé par l’ancien vice‑premier ministre et ministre des Finances Ernie Eves. Bien que plus modéré que son prédécesseur, ce dernier est critiqué, tout comme son parti, pour l’échec de la tentative de privatisation du système électrique de la province et pour la présentation du budget 2003 dans une usine de pièces détachées automobiles, plutôt qu’à la Chambre.

Dalton McGuinty : 2003‑2013

Dalton McGuinty

Sous la houlette de Dalton McGuinty, le Parti libéral remporte une victoire écrasante aux élections de 2003, mettant la main sur 72 des 103 sièges de l’Assemblée législative, après avoir obtenu 47 % du vote populaire. Le premier ministre libéral sort également vainqueur des élections de 2007, remportant une majorité de sièges, après que son principal adversaire, le chef du Parti progressiste‑conservateur John Tory, a lui‑même saboté sa propre campagne en s’engageant, de manière controversée, à étendre le financement public aux écoles confessionnelles. Au cours de son deuxième mandat, le premier ministre met en place la taxe de vente harmonisée (TVH), majoritairement rejetée par les Ontariens, en remplacement de la taxe de vente provinciale et de la taxe fédérale sur les produits et les services. Le soutien dont bénéficie le Parti libéral au sein de la population commence alors à s’éroder, et, en 2011, les électeurs ne lui accordent que 53 sièges, soit juste un de moins que le seuil requis pour former un gouvernement majoritaire. Dalton McGuinty démissionne de son poste de premier ministre en octobre 2012; il ne quittera cependant ses fonctions qu’en 2013, après le choix par le parti d’un nouveau chef. Son parti est critiqué pour sa gestion des relations de travail avec les enseignants de la province, ainsi que pour l’annulation de la construction de deux centrales électriques au gaz. Situées dans des circonscriptions que les libéraux devaient gagner pour remporter les élections de 2011, ces centrales étaient impopulaires auprès des électeurs. Leur annulation va coûter environ un milliard de dollars. Le scandale politique prend de l’ampleur lorsque le gouvernement McGuinty refuse de remettre des documents au comité législatif chargé de l’enquête sur cette question.

Kathleen Wynne, Doug Ford : 2013 à nos jours

Kathleen Wynne

Quand Dalton McGuinty démissionne de son poste de premier ministre en 2012, le Parti libéral organise un congrès à la direction pour désigner un nouveau chef. En 2013, Kathleen Wynne, ancienne ministre de l’Éducation du gouvernement McGuinty, est élue à la tête du parti. Nommée première ministre de l’Ontario, elle devient non seulement la première femme à occuper ce poste dans la province, mais également, à l’échelon du Canada tout entier, la première à afficher ouvertement son homosexualité, femmes et hommes confondus.

Au printemps 2014, les progressistes conservateurs et le NPD refusent d’accepter le budget déposé par le gouvernement minoritaire, déclenchant des élections avant la date prévue. Le NPD et les progressistes‑conservateurs espèrent gagner du terrain sur les libéraux en proie à de nombreux scandales. Cependant, la campagne de la première ministre va être couronnée de succès puisqu’elle réussit à former un gouvernement majoritaire à l’issue des élections, les libéraux ayant remporté 59 sièges, les progressistes‑conservateurs 27 et le NPD 21. La cote de popularité de la première première ministre de l’Ontario va cependant chuter au cours des quatre années suivantes, passant sous la barre des 20 % à la fin de l’année 2016 et ne connaissant aucun redressement, alors que la fin de son mandat approche. L’impopularité des libéraux est alors, notamment, due à l’accroissement du coût de l’hydroélectricité et à la privatisation partielle d’Hydro One par le gouvernement, en 2015.

Doug Ford

La participation, lors des élections générales de 2018, s’avère la plus élevée depuis 1999 : 56,7 % des électeurs ont voté. Le chef progressiste‑conservateur Doug Ford, avec 76 des 124 sièges à l’Assemblée législative et près de 41 % du vote populaire, est en mesure de former un gouvernement majoritaire. Sous la direction d’Andrea Horwath, le NPD devient l’opposition officielle. Avec 40 sièges, il fait mieux que doubler le nombre de ses députés. Après près de quinze années au pouvoir, les libéraux sont en déroute, les sept sièges qu’ils réussissent à préserver ne leur permettant même pas de franchir le seuil de huit députés nécessaire pour obtenir le statut de parti officiel. Dans son discours où elle concède la victoire, Kathleen Wynne démissionne également de son poste de chef du parti. Le chef du Parti vert, Mike Schreiner, remporte le premier siège de l’histoire de ce parti en Ontario, dans la circonscription de Guelph.

Bien que le taux de participation aux élections de 2018 ait été historiquement élevé, celui des élections générales ontariennes de 2022, au contraire, a été le plus bas de l’histoire de la province. En effet, seulement 43,5 % des électeurs admissibles ont voté, soit plusieurs points de pourcentage de moins que le précédent record à la baisse de 48,2 % en 2011. Le Parti progressiste-conservateur de Ford remporte de nouveau la majorité, augmentant son nombre de sièges à 83. Comme en 2018, ils obtiennent près de 41 pour cent du vote populaire. Les autres résultats sont également similaires à ceux de 2018. Le NPD forme de nouveau l’opposition officielle, bien que son nombre de sièges chute à 31 et qu’Andrea Horwath ait démissionné de son poste de chef de parti. Les libéraux remportent huit sièges, tandis que le Parti vert en obtient un et qu’un candidat indépendant, un également. Le chef libéral Steven Del Duca démissionne également, et son parti ne parvient toujours pas à obtenir le statut de parti officiel. (En 2018, la majorité progressiste-conservatrice a modifié le seuil de reconnaissance officielle d’un parti à 10 % des sièges de l’Assemblée législative, faisant passer l’exigence de 8 à 12 sièges).