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Piikani

Les Piikani (aussi connus sous les noms Piikuni et Peigans) sont l’une des trois nations de la Confédération des Pieds‑Noirs. (Les deux autres sont les Siksikas et les Kainai.) Ils occupaient autrefois un vaste territoire de chasse qui s’étendait le long de contreforts, depuis Rocky Mountain House jusqu’à Heart Butte au Montana et vers l’est sur les Plaines. Selon le gouvernement fédéral, on dénombre 3 884 membres inscrits vivant et travaillant soit dans leur réserve située à proximité de Pincher Creek en Alberta, soit à l’extérieur.

Qui sont les Piikani?

Le terme piikani dont ils tirent leur nom est une déformation du mot apiku’ni, qui signifie « robe mal tannée », les négociants en fourrures les ayant, au départ, appelés les « Indiens de la rivière Muddy ». Au Canada, l’orthographe officielle de leur nom est Piikani (une graphie alternative étant Piikuni), tandis qu’aux États‑Unis, on les appelle Piegans, quoique, de nos jours, ils se fassent plutôt appeler « Blackfeet Indians of Montana ». En raison d’une division géographique historique entre les bandes situées aux États‑Unis et au Canada, les Piikani sont également connus sous les noms d’Aapátohsipikáni ou « Piikani du Nord » et d’Aamsskáápipikani ou « Piikani du Sud ».

Population et territoire

Les Piikani occupaient autrefois un vaste territoire de chasse qui s’étendait le long de contreforts, depuis Rocky Mountain House jusqu’à Heart Butte au Montana et vers l’est sur les Plaines. Ils ont également progressé pour pouvoir chasser en direction du nord et de l’est sur le territoire actuel de l’Alberta. Au milieu du 19e siècle, ils s’étaient déjà déplacés plus au sud dans une région s’étendant autour des rivières Teton et Marias au Montana et de la rivière Milk en Alberta.

Aujourd’hui les Piikani ont deux réserves en Alberta, dont l’une est une réserve de bois et l’autre est l’emplacement du site de la ville. Selon le gouvernement fédéral, il y a 3 884 membres inscrits vivant et travaillant sur et hors réserve. Dans le recensement de 2016, 22 490 personnes se sont identifiées comme ayant des ancêtres pieds-noirs. Ce nombre inclut les Piikani ainsi que les Siksikas et les Kainai.

Vie avant le contact avec les Européens

Durant la période précoloniale, les Piikani, à l’image des autres nations pieds‑noirs, dépendaient du bison (Iinii) pour leur alimentation, pour la confection de vêtements et pour la fabrication d’outils. Leur économie et leur culture traditionnelles étaient centrées sur la chasse au bison. Ils chassaient également d’autres gros gibiers, comme le cerf, et complétaient leur régime alimentaire avec des légumes, des noix et des fruits.

Leur organisation en sociétés guerrières était relativement complexe. Les Crow, les Shoshones, les Nez-Percés, les Dakota et les Assiniboines comptaient parmi leurs ennemis. Après l’introduction par les Européens des fusils et des chevaux, les guerres entre les nations autochtones se sont intensifiées au cours du 18e siècle. Les guerriers étaient dotés d’un statut social élevé au sein de leur communauté en tant que défenseurs des nations pieds‑noirs.

Organisation sociale et culture

Avant la colonisation, les Piikani étaient une vaste communauté comptant environ 3 000 à 5 000 membres. Sans que l’on sache véritablement pourquoi, ils se sont scindés en deux bandes, l’une au nord et l’autre au sud, et ce, avant l’arrivée des négociants blancs. En dépit de cette séparation, les deux groupes voyageaient souvent ensemble et étaient si étroitement mêlés qu’il était impossible de les distinguer véritablement.

Les Piikani ont une culture religieuse et spirituelle solide, transmise de génération en génération grâce à leur tradition orale. Entre autres caractéristiques, cette culture repose sur les sueries, sur la danse du soleil, sur l’utilisation de bourses sacrées et sur d’autres moyens de purification du corps et de l’âme. Même si plusieurs politiques d’assimilation gouvernementales, comme La Loi sur les Indiens et les pensionnats indiens, menacent et interdisent la pratique de certaines cérémonies culturelles, la culture piikani a survécu jusqu’à aujourd’hui.

Langue

Appartenant à la famille linguistique algonquienne, les Piikani parlent la même langue que les Kainai (Gens-du-Sang) et les Siksikas (Pieds-Noirs) avec de légères variations dialectales. Dans le recensement de 2016, 5 565 personnes se sont identifiées comme des locuteurs d’une langue des Pieds-Noirs, dont 98,7 % vivent en Alberta. Cependant, ce nombre n’indique pas le niveau d’aisance des locuteurs. Considérée comme une langue en disparition, les écoles et les programmes de langue cherchent à faire la promotion et à préserver la langue Kainai. (Voir aussi Confédération des Pieds-Noirs et Langues autochtones au Canada.)

Religion et spiritualité

Trousses de guérisseur des Piegans/Piikani, vers 1911

Avant la colonisation, les Piikani ont leur propre système de croyances religieuses et ils pratiquent des cérémonies spirituelles propres à leur culture. La danse du soleil était et demeure l’un des rites culturels et spirituels les plus importants. Alors que l’arrivée des missionnaires chrétiens dans les années 1870 apporte de nombreux changements dans le mode de vie et la spiritualité des Piikani, les histoires orales permettent de garder plusieurs traditions vivantes encore aujourd’hui.

Récits de la création

En dépit de récits de la création qui diffèrent entre les traditions du Sud et du Nord, les Piikani au Canada comme les Piegans aux États-Unis croient généralement que le Créateur, également appelé « Vieil Homme » ou N’api, est l’incarnation de la lumière et le considèrent comme l’origine du jour et de la vie. Dans certains récits des Peigans, le Vieil Homme est associé au soleil et est alors appelé Natos (soleil). Comme dans d’autres religions autochtones, le Créateur n’est ici ni humain ni genré. Le Vieil Homme a créé les humains, les animaux, les plantes et toute forme de vie sur la terre dont il est partie intégrante de toute éternité. (Voir aussi Autochtones : religion et spiritualité.)

Contact avec les Européens

Au 18e siècle, les Piikani entretiennent des relations avec des négociants des États‑Unis et de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Soutenus par les nombreux guerriers des forces des Pieds‑Noirs, les Peigans et leurs alliés constituent alors l’un des groupes autochtones les plus puissants sur les plaines du Nord, empêchant temporairement l’expansion vers l’ouest des colons européens (voir Peuples autochtones des Plaines au Canada).

Toutefois, les contacts avec les négociants blancs et les missionnaires vont avoir des effets considérables sur la vie traditionnelle des Piikani. En effet, l’exposition à des maladies importées du vieux continent et une intensification des guerres entre les peuples autochtones réduisent considérablement leur population après l’épidémie de variole de 1837. En 1870, sept ans avant que les Piikani du nord et du sud ne s’installent dans leur réserve respective, leur nombre va connaître une nouvelle baisse.

Traités

Après avoir signé un traité en 1855, le gouvernement américain octroie à la Confédération des Pieds‑Noirs une vaste réserve située dans l’actuel Montana; toutefois, sa superficie va être réduite lorsque le gouvernement américain utilise la force militaire pour faire pression afin que la Confédération se sépare de terres supplémentaires au profit des colons. Environ 220 Piegans trouvent la mort en 1870 dans le cadre de ce conflit. La plupart des Piegans s’installent dans cette réserve du Montana amputée d’une partie de sa superficie; toutefois, certains rejoignent le groupe du nord au Canada, où ils signent le Traité no 7 avec le gouvernement fédéral en 1877 (Voir aussi Traités numérotés).

Les Piikani demandent que leur territoire propre soit constitué des aires d’hivernages où ils chassent le buffle autour des ruisseaux Crow, de la rivière Oldman et des collines Porcupine. Cependant, la disparition du bison à la fin du 19e siècle rend la vie sur la réserve beaucoup plus difficile. Les historiens se réfèrent généralement à l’hiver de 1883‑1884 comme à « l’hiver de la famine » en raison du manque de nourriture généralisé qui sévit alors dans la Confédération. La fin de la chasse au bison incite les Piikani à se déplacer dans la région autour de Pincher Creek et à pratiquer l’élevage qui constitue, aujourd’hui encore, un élément clé de leur réussite économique (Voir aussi Histoire des ranchs).

Vie contemporaine

En 2015, la nation des Piikani compte environ 3 600 membres inscrits dont près de 40 % vivent, travaillent ou sont scolarisés dans des zones urbaines en dehors de la réserve. Les Piikani résident dans deux réserves dans le sud de l’Alberta représentant une superficie totale de 45 677,80 ha. La réserve 147a, située le long de la route 3 à mi‑chemin entre Fort Macleod et Pincher Creek, est connue sous le nom de site de la localité de Brocket, tandis que l’on appelle la 147 b, située à 13 km au sud‑ouest de Fort Macleod, la réserve Timber. Les Piikani s’adonnent à l’élevage, à l’agriculture et à d’autres activités commerciales dans les réserves. Ils sont également actifs au sein d’associations autochtones, notamment la Société de gestion du Traité 7 et la Confédération des Pieds‑Noirs.

En 2014, les Piikani rejoignent d’autres Premières Nations en signant le Traité Iinii ou Traité du bison, notamment la nation des Blackfeet, la nation des Siksika, la nation des Piikani, les Assiniboines et les tribus des Gros Ventres de la réserve de Fort Belknap, les Assiniboine et les tribus des Dakota (Sioux) de la réserve de Fort Peck, les tribus confédérées des Salish et des Kootenai (voir aussi Salish de la côte et Salish du continent) ainsi que la nation des Tsuut’ina. En 2015, la nation des Stoney‑Nakoda et la nation des Cris de Samson signent également ce traité ouvert à d’autres Premières Nations du Canada et des États‑Unis. Entre autres questions, les signataires conviennent d’unir le pouvoir politique des nations autochtones des plaines du Nord, d’œuvrer pour la protection du bison et de renforcer les relations traditionnelles avec leurs terres.

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection des peuples autochtones