Project Mémoire

Al Trotter (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Al Trotter (1923-2011) a servi dans l’Aviation royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale, sous l’égide du Bomber Command de la Royal Air Force (RAF). Il a effectué 44 opérations avant que son avion ne soit abattu en août 1944 et a passé le reste de la guerre en Europe, dans des camps de prisonniers de guerre allemands. Dans cet extrait, il parle de la mission de bombardement du 2 décembre 1943 contre Berlin alors qu’il était dans le 101e escadron de la RAF, stationné à Ludford Magna, dans le Lincolnshire, en Angleterre. Pour en savoir plus sur l’histoire d’Al Trotter, voir Leslie Trotter Zwingli et le lieutenant-colonel Elmer John (Al) Trotter, DFC, DFM, CD, CM (retraité), Against the Odds, Bloomington (Indiana), AuthorHouse (2009).

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Leslie Zwingli. Against the Odds.
Leslie Zwingli. Against the Odds.
Leslie Zwingli. Against the Odds.
Leslie Zwingli
Leslie Zwingli
Leslie Zwingli
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Leslie Zwingli
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Leslie Zwingli. Against the Odds.
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Leslie Zwingli. Against the Odds.
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Leslie Zwingli
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Leslie Zwingli. Against the Odds.
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Leslie Zwingli. Against the Odds.
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Leslie Zwingli
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Leslie Zwingli
Leslie Zwingli
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La transcription en français n'est pas disponible en ce moment. Veuillez consulter la transcription en anglais.

Transcription

Nous étions en route vers la cible et juste avant de l’atteindre, Archie a annoncé qu’il y avait un Messerschmitt 110 qui nous suivait. J’ai répondu de le surveiller vu que j’étais occupé à préparer le bombardement. Puis il m’a fait savoir qu’il avait disparu. J’ai rétorqué en disant de bien le surveiller étant donné qu’il cherchait peut-être seulement à s’éloigner de la cible. Nous étions sur le point d’atteindre la cible quand le viseur de lance-bombes nous a dit que des bombes arrivaient. L’avion a fait une embardée, et vlan! Nous avons été touchés par un tir antiaérien et nous l’avons échappé belle, je peux vous le dire. L’obus a percé le canot pneumatique à tribord (et nous l’ignorions pour encore un certain temps), juste à l’extérieur du fuselage. Notre canot pneumatique était détruit. Nous n’avions plus de canot. Mais nous ne le savions pas encore. L’avion s’est rempli de cordite brûlante et nous avons perdu la maîtrise de l’engin. L’avion ne répondait plus et a commencé à plonger vers la cible.

J’ai crié de mettre les parachutes, mais certains n’en avaient pas, comme le mitrailleur dorsal, le navigateur à l’avant (qui en avait déjà beaucoup sur lui lorsqu’il était en poste) et le viseur de lance-bombes. Le mécanicien [de bord] a également mis le sien à ce stade. Je ne sais pas comment j’ai pu reprendre les commandes, mais j’ai réussi; ce n’était toutefois vraiment pas sécuritaire parce que j’avais la colonne de direction à presque 90 degrés et elle vibrait d’un bout à l’autre comme si elle allait se désintégrer. Et puis ils étaient tous les cinq […]. Nous avons perdu environ 2 100 à 2 400 mètres d’altitude, je pense, au cours de la plongée, et nous ne pouvions rien y faire. Tout à coup, Archie a dit que le Messerschmitt était de retour. Je lui ai répondu de le surveiller parce que j’avais beaucoup de mal à maintenir l’avion à l’horizontale.

Tout d’un coup, le chaos. L’avion allemand nous pourchassait. J’ai dit à Archie que s’il nous tirait dessus, j’allais riposter. Le Messerschmitt 110 est équipé de six mitrailleuses et de quatre canons, et toutes ces armes sont munies de balles traçantes, ce qui aide le pilote à viser sa cible. Archie avait quatre canons et ripostait avec des balles traçantes. C’était donc un véritable feu d’artifice à l’arrière de l’avion. J’étais vraiment dans l’incapacité de fuir à cause de l’état de l’avion. Je n’allais que dans la partie haute de l’avion, car je n’osais pas m’approcher des fenêtres en bas de peur de faire faire des tonneaux à l’avion. Bref, il a dit qu’il l’avait eu. Trois fois plutôt qu’une! Il était tout content! Puis, tout est devenu calme dans l’avion. L’ennemi avait anéanti nos bonbonnes d’oxygène ou du moins certaines d’entre elles dans son attaque. Elles ont explosé dans l’avion. Une balle de mitrailleuse est passée entre mes jambes, ici, et a heurté la colonne de direction et ricoché sur le pare-brise. Il y avait des balles de mitrailleuse qui passaient entre le mécanicien et moi alors que nous n’étions assis qu’à 25 centimètres l’un de l’autre.

La première chose à faire lorsque la situation est revenue plus ou moins à la normale a été de demander un rapport à toutes les stations. Et là, j’ai donc fait le point avec tout le monde à partir de l’avant. Le mécanicien, le viseur de lance-bombes, le navigateur, l’opérateur radio, tout le monde m’a dit bien aller. Mais est venu le tour de l’opérateur de la tourelle supérieure, et je suis resté sans réponse. Je suis passé à l’opérateur de la tourelle arrière, pas de réponse non plus. J’ai tout de suite imaginé qu’ils avaient été touchés ou qu’ils étaient grièvement blessés ou morts. J’ai donc dit au mécanicien de mettre la bonbonne d’oxygène de secours qui devenait ainsi libre pour ramener l’oxygène dans l’avion. Le mitrailleur dorsal était mort et pendait de sa tourelle, mais Archie allait bien à l’arrière. Je ne m’en suis pas rendu compte avant le retour à la base. C’était d’ailleurs la priorité que j’avais à ce moment-là, retourner à la base. Nous nous sommes donc battus sur le chemin du retour et, à ce moment-là, je commençais à être terriblement fatigué. Le mécanicien a essayé de m’aider à tenir le manche. Le manche d’un bombardier est une roue, une demi-roue. Nous sommes donc revenus et j’ai appelé pour annoncer que j’avais été légèrement touché.

La contrôleuse m’a donc demandé d’opter pour une approche directe. Je ne le sentais pas bien et j’ai donc décidé d’avorter l’atterrissage, dans un contexte où j’avais été touché et j’avais des problèmes à piloter l’avion. J’ai donc essayé une deuxième fois sans aller trop haut et j’ai essayé de m’aligner avec la piste, ce qui n’était pas une mince tâche vu que l’appareil ne répondait presque pas à mes commandes. J’étais arrivé et prêt à réduire le régime et à couper l’alimentation. Je me suis souvenu que j’avais deux moteurs et demi à ce stade parce que l’un d’entre eux s’était emballé et que l’autre fonctionnait déjà mal avant les tirs. La contrôleuse m’a alors soudainement indiqué que mes feux de navigation étaient éteints. C’était la goutte qui a fait déborder le vase : je n’avais pas besoin de distractions extérieures et je ne pouvais malheureusement pas compter sur les messages préenregistrés. Je lui ai sèchement dit ma façon de penser et lui ai réitéré que j’avais été légèrement touché. J’ai réussi à déposer l’avion, mais les freins ne fonctionnaient pas, probablement parce que l’hydraulique avait aussi été touchée. J’ai fait contact avec le sol à la toute fin de la piste et l’appareil s’est arrêté. Bien entendu, les camions de pompiers sont arrivés en quelques secondes; tout le monde était sur les lieux, y compris l’ambulance pour le mitrailleur dorsal. Nous avons été ramenés dans les salles de compte rendu. Entre-temps, nous sommes sortis et avons vu un peu les dégâts. Il manquait plus d’un mètre à la pointe de l’aile bâbord. C’est pour cette raison que la contrôleuse ne pouvait pas voir les feux de navigation : ils avaient tout simplement disparu. L’explosion avait aussi emporté 4,5 mètres carrés de métal sous l’aile tribord et il y avait un trou à travers, là où se trouvait notre canot pneumatique. C’est par là que le coup était passé.