Éditorial

La catastrophe de la Compagnie du grand Chemin de fer Occidental

L'article suivant est un éditorial rédigé par le personnel de l'Encyclopédie canadienne. Ces articles ne sont pas généralement mis à jour.

Le train de Toronto (Canada Ouest) était attendu à Hamilton à 6 h 15 du soir le jeudi 12 mars. Il arriva de Toronto comme d'habitude et avançait à une vitesse modérée pour traverser le pont suspendu en bois d'œuvre au-dessus du canal Des Jardins. ... Au moment où le train atteignit le pont, son poids élevé passa à travers les poutres; la structure entière céda et, dans un écrasement choc, la locomotive, le tender, le wagon à bagages et deux des wagons-passagers de 1ère classe passèrent à travers la charpente fracassée et plongèrent à pic dans l'abîme béant.

Illustrated Newspaper de Frank Leslie le 4 avril 1857

Le 12 mars 1857, l'écrasement du train passager de la Compagnie du grand Chemin de fer Occidental au canal Desjardins tout près de Hamilton était le pire accident ferroviaire connu au Canada jusqu'à ce moment-là. Il y avait environ 100 passagers à bord : 59 furent tués et 18 blessés.

La Compagnie du grand Chemin de fer Occidental, nouveau nom donné à la Great Western Rail Road Co. en 1853, avait vu le jour en 1834 en tant que la London and Gore Railroad Co. En 1854, sa ligne principale s'ouvrit, allant de Niagara Falls à Hamilton, à London et à Windsor. En 1882, la compagnie exploitait 1 280 km de voie ferrée dans le sud-ouest de l'Ontario et 288 km au Michigan. À ce moment-là, la concurrence entre les compagnies ferroviaires était féroce; la Compagnie du grand Chemin de fer Occidental se fusionna donc à sa plus importante rivale, la Grand Trunk Railway.

Au moment de l'écrasement désastreux de 1857, la construction des chemins de fer en Amérique du Nord se faisait à un rythme frénétique. La province du Canada était immense, et le transport était difficile sur les routes de piètre qualité ainsi que sur les cours d'eau qui demeuraient gelés pendant cinq mois chaque année. Le développement des locomotives à vapeur et la faible friction de roulement occasionnée par les roues à boudin en fer contre les chemins de fer révolutionnèrent le transport. Les chemins de fer ont été une partie intégrale du développement du Canada : aide précieuse au processus d'industrialisation, ils créèrent de nouveaux marchés ce qui amena les colons dans l'Ouest. Le service de chemin de fer sur lequel les gens pouvaient compter servit à relier les communautés entre elles, à augmenter les échanges commerciaux et à simplifier les communications.

Le 12 mars 1857, un train de voyageurs fait s'écrouler le pont du grand Chemin de fer Occidental au-dessus du canal Desjardins, faisant 59 victimes (avec la permission de la Metropolitan Toronto Reference Library/T14996).

La route Great Western près de Hamilton traversait le canal Desjardins qui passait par un gouffre de presque 20 mètres de profondeur et dont les extrémités les plus éloignées étaient reliées par un pont suspendu en bois d'œuvre. Au moment où le train, tiré par une locomotive appelée Oxford, se mettait à traverser le pont, un employé du chemin de fer à la gare de Hamilton, à un peu plus d'un kilomètre de là, surveillait son approche. Il « vit la vapeur s'arrêter soudainement et la montée d'un genre de poussière. Une seconde plus tard, on ne voyait plus aucune trace du train. » Il sonna l'alarme et des sauveteurs se précipitèrent sur les lieux.

L'écrasement fut causé par un essieu de locomotive cassé, ce qui causa le déraillement du train et l'envoya atterrir sur le tablier du pont avant de plonger à nouveau pour aboutir finalement sur la glace de 45 cm d'épaisseur qui recouvrait le canal. La locomotive et le tender passèrent à travers la glace; le wagon à bagages percuta le tender, ce qui le poussa de travers, le faisant glisser sur la glace sans qu'il ne renverse. Le premier wagon de voyageurs se renversa en tombant et atterrit sur son toit en traversant la glace - « il fut écrasé en mille miettes ». Le dernier wagon se planta à la verticale sur la glace et resta dans cette position.

Les pentes abruptes de chaque côté du gouffre étaient en roche solide. Elles étaient recouvertes de neige et glissantes. Ce ne fut pas chose facile de se rendre jusqu'aux blessés. Des câbles et des échelles furent descendus et les sauveteurs durent défoncer le fond du wagon renversé, dans l'eau glaciale, pour se rendre jusqu'aux victimes. Au fur et à mesure que les survivants étaient amenés à la gare, une foule se réunit autour d'eux cherchant à savoir qui avait été tué.

Parmi les victimes, 17 des morts et 5 des blessés provenaient de Hamilton. Parmi ces victimes, les journaux locaux rapportaient des gens d'importance : « le fils aîné du premier maire de la ville, le capitaine du premier bateau à vapeur à naviguer les eaux intérieures de l'Amérique du Nord, le pasteur de la Park Street Baptist Church, le beau-frère du gérant de direction du chemin de fer, le vicaire de la Christ's Church et un ancien échevin municipal. » Du point de vue de la presse, la victime la plus importante de cet écrasement était Samuel Zimmerman, l'entrepreneur des chemins de fer et investisseur en immobilier de Niagara Falls, que l'on croyait être l'homme le plus riche du Canada.

L'écrasement Desjardins causa tout un émoi. L'on peut seulement s'imaginer le coup porté au moral public lorsqu'un train à vapeur, une merveille de génie, s'écrasa en faisant autant de victimes. La réaction des gens d'alors était semblable à la nôtre vis à vis d'un écrasement d'avion de nos jours. Des études, une enquête et des rapports officiels s'ensuivirent, et les journaux rapportèrent tous les détails scabreux. Des obsèques publiques eurent lieu et 10 000 personnes y assistèrent. La ville de Hamilton déclara le 16 mars 1857 une journée officielle de deuil.

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