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James McGill

James McGill, marchand de fourrure, commerçant, homme politique, philanthrope (né le 6 octobre 1744 à Glasgow, en Écosse; mort le 19 décembre 1813 à Montréal, au Bas-Canada). James McGill était un des citoyens les plus en vue de Montréal au 18e siècle et au début du 19e siècle. Parti d’une carrière prospère dans la traite des fourrures, il a établi un empire commercial. James McGill a aussi occupé plusieurs charges publiques, dont trois mandats à la législature du Bas-Canada. Son testament contenait une dotation pour l’Université McGill. Ses réalisations ne peuvent être dissociées du fait qu’il a pratiqué l’esclavage des personnes noires et autochtones et tiré profit de cette pratique. 

Portrait de James McGill (1744-1813)

Huile sur toile de Louis Dulongpré vers 1800-1810. De plus amples renseignements sont disponibles ici : image M970X.106.

Jeunesse et formation

James McGill (III) est le fils aîné de James McGill (II) et de Margaret Gibson. Son père est un métallurgiste qui établit sa fortune pendant l’enfance du jeune James. L’entreprise familiale s’étend ensuite dans l’immobilier. Lorsque James McGill s’inscrit à l’Université de Glasgow en 1756, son père est un marchand, qui vit du commerce plutôt que du travail manuel.

À l’université, James McGill suit un programme d’études classiques basé sur la culture de l’Antiquité gréco-romaine. Il semble qu’il étudie aussi le français. Ses études se déroulent dans le contexte des Lumières écossaises, une période de bouillonnement intellectuel et artistique. Bien qu’il ne complète pas ses études jusqu’au diplôme, James McGill en retient une forte valorisation de l’éducation et de l’échange d’idées.

Carrière commerciale

On ne sait pas exactement quand James McGill quitte l’Écosse pour l’Amérique du Nord. Les sources historiques sont lacunaires sur une dizaine d’années de sa vie. En 1766, il commence à travailler dans la traite des fourrures pour le marchand William Grant de Québec. Il supervise l’entreprise de William Grant dans le sud de la région des Grands Lacs et lance des affaires de traite à son propre compte. James McGill passe la plus grande partie de la décennie suivante dans les régions sauvages.

En 1775, James McGill s’installe à Montréal et se lance dans l’importation de produits britanniques pour approvisionner les négociants des pays d’en haut. Il demeure actif dans la traite des fourrures en finançant des expéditions. L’année de son installation à Montréal, il envoie, avec plusieurs associés, 12 canots à Grand Portage, dans ce qui est aujourd’hui le Minnesota. Selon l’historien Harold Innis, cette mission représente « le début de la traite à grande échelle dans le Nord-Ouest ».

Un an après son installation à Montréal, James McGill épouse Charlotte Trottier Desrivières, une veuve mère de deux garçons. Le fait de se joindre à cette famille vaste et influente lui permet de rehausser son rang social et de bonifier sa carrière.

En 1779, James McGill est l’un des actionnaires fondateurs de la Compagnie du Nord-Ouest. Il se retire peu après la fondation de la compagnie. Avec son associé Isaac Todd, il continue plutôt à investir dans la traite des fourrures au sud des Grands Lacs.

Dans les années 1780, James McGill dirige une vaste entreprise d’import-export de Montréal, pratiquant le commerce de produits variés entre l’Angleterre, New York et les Antilles. Il offre aussi des services bancaires.

James McGill et la pratique de l’esclavage
James McGill a participé au commerce des personnes noires et autochtones réduites en esclavage et a été lui-même esclavagiste. Il a vendu deux personnes noires, réduites en esclavage, nommées Caesar et Flora, en 1784. Trois ans plus tard, il a vendu quatre personnes réduites en esclavage (dont on ignore exactement si elles étaient noires ou autochtones). Les sources historiques indiquent qu’il possédait au moins cinq personnes asservies dans sa propre maison : Marie, Marie-Louise, Jacques, Sarah, Marie-Charles (ou Charlotte) (qui pourrait, selon certains historiens, être la même personne que Sarah) et un garçon autochtone dont nous ne connaissons pas le nom. James McGill a aussi pratiqué le commerce de produits issus du travail des personnes asservies, comme la mélasse, le rhum et le tabac. Des étudiants de l’Université McGill ont exprimé leur frustration devant ce qu’ils considèrent comme le refus de l’Université d’assumer cette part de son héritage. (Voir aussi : Esclavage des Noirs au Canada; Esclavage des Autochtones au Canada.)


Dans les années 1790, les activités commerciales de James McGill s’étendent à la spéculation foncière (l’achat de propriétés dont on croit qu’elles prendront de la valeur) dans le Haut et le Bas-Canada. Vers 1810, la traite des fourrures ne fait plus partie des activités de son entreprise.

Charges publiques et service militaire

James McGill est présent sur la scène publique à Montréal. Il remplit plusieurs mandats dans les affaires municipales et provinciales. En 1776, il est nommé juge de paix. C’est la première d’une dizaine de nominations, dont des rôles dans des commissions et la supervision de projets d’infrastructure locaux.

James McGill est élu à la première session de l’Assemblée législative du Bas-Canada en 1792. Vers la même époque, le gouverneur de la colonie le nomme au Conseil exécutif. Les électeurs le reconduisent à son poste en 1800 et 1804. Dans ses deux premiers mandats, il représente la circonscription montréalaise de West Ward, et dans son troisième mandat, celle d’East Ward. Il est président temporaire du Conseil exécutif en 1813.

En 1810 ou 1811, James McGill devient commandant de la milice de Montréal (voir Forces armées). La milice est une force composée de citoyens de la communauté qui sont soldats à temps partiel. À ce titre, James McGill participe à l’organisation de la défense de la ville durant la guerre de 1812.

Philanthropie

Lorsqu’il meurt en 1813, James McGill est considéré comme le citoyen le plus riche de Montréal. Il lègue des montants à des organismes caritatifs à Montréal et à Glasgow, ainsi que 46 acres de terrain et 10 000 £ pour financer la création d’un collège ou d’une université portant son nom. L’Université McGill, construite sur la propriété de sa résidence d’été (Burnside), ouvre ses portes en 1829.

Université McGill
Complété en 1843, le Pavillon des Arts de l'Université McGill a été dessiné par John Ostell. Il est le plus ancien bâtiment qui a été conservé sur le campus.