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Infirmières de la Croix-Noire au Canada

Les infirmières de la Croix-Noire est un groupe auxiliaire destiné aux membres féminins de la Universal Negro Improvement Association (UNIA). Ce groupe est calqué sur les infirmières de la Croix-Rouge. Le premier chapitre est lancé à Philadelphie en mai 1920. Sous la direction de Henrietta Vinton Davis, les infirmières de la Croix-Noire deviennent rapidement l’un des groupes auxiliaires les plus populaires et les plus emblématiques de la UNIA. Puisqu’ils offrent un espace sécuritaire et invitant pour la communauté noire, les locaux de la UNIA deviennent d’importants lieux culturels dans plusieurs villes partout au Canada, où des divisions des infirmières de la Croix-Noire sont mises sur pied. Même si elles n’ont pas suivi de formation professionnelle, les infirmières de la Croix-Noire doivent offrir des soins et des conseils en matière de santé et d’hygiène.

Infirmières de la Croix-Noire

Origines et objectif de l’UNIA

En 1914, à Kingston, en Jamaïque, Marcus Garvey fonde la Universal Negro Improvement Association and African Communities League (UNIA-ACL), une organisation nationaliste afro-américaine. En 1916, Marcus Garvey déménage à Harlem, dans la ville de New York, et deux ans plus tard, il met sur pied le nouveau siège social de la UNIA-ACL. Il choisit Harlem, car le quartier est l’épicentre d’un mouvement politique et culturel afro-américain en pleine croissance connu sous le nom Harlem Renaissance. La UNIA constitue le volet de l’organisation qui prône la fraternité et la charité, et dont les objectifs sont d’unifier les gens de descendance africaine de partout dans le monde et de susciter chez eux une prise de conscience quant aux iniquités raciales.

L’ACL est la faction responsable de la concrétisation de l’objectif ultime de la UNIA qu’est le « Retour en Afrique » pour fonder une nation entièrement noire qui octroierait à ses communautés les équités économiques, politiques et sociales qu’on leur refuse dans les sociétés dominées par les Blancs. Le message inspirant de Marcus Garvey d’une « Afrique pour les Africains » recueille le soutien de millions de partisans principalement constitués d’hommes et de femmes de la classe ouvrière connus sous le nom de Garveyites. L’organisation devient l’un des mouvements civiques les plus importants du 20e siècle.

Black Cross Nurses

Marcus Garvey encourage ses partisans à fonder des divisions de la UNIA dans leur ville et de mettre sur pied une base des opérations (louée ou achetée) baptisée Liberty ou UNIA Hall. Calquées sur la Liberty Hall de Harlem, les divisions locales tiennent des assemblées dominicales régulières en plus d’organiser des événements ainsi que des activités pour la communauté. Puisqu’ils offrent un espace sécuritaire et invitant pour la communauté noire, les locaux de la UNIA deviennent d’importants lieux culturels dans plusieurs villes partout au Canada. Les premiers à ouvrir leurs portes sont ceux de Montréal et de Toronto en 1919.

En son sein, la UNIA met sur pied de nombreux groupes auxiliaires visant à stimuler la participation de ses membres et à éduquer ces derniers sur les philosophies de l’organisation. Les groupes auxiliaires sont créés de façon à plaire à des gens de tous âges et d’intérêts diversifiés. Ils offrent également à leurs membres des occasions de leadership à l’intérieur de l’Association, stimulant leur sens du devoir et leur estime de soi. La Universal African Legion (UAL), par exemple, est un groupe auxiliaire militaire pour hommes qui met l’accent sur la discipline et la protection. Les chorales et les groupes de musique de la UNIA offrent un exutoire pour les artistes afro-américains et du divertissement pour les communautés locales. La branche juvénile vise à former la prochaine génération de leaders, et les infirmières de la Croix-Noire offrent aux femmes la chance de mettre en avant leurs talents de soignantes et d’éducatrices.

UNIA au Canada

À son apogée, la UNIA rejoint près d’un quart de la population canadienne noire, surtout constituée d’immigrants des Antilles et des États-Unis. Les premières divisions canadiennes de la UNIA ouvrent leurs portes à Montréal et à Toronto en 1919. L’organisation fait des petits partout au pays avec un total de 32 divisions qui s’installent tant dans des communautés urbaines que rurales. Les Garveyites canadiens s’investissent dans leurs divisions locales en organisant des événements, des assemblées et des excursions pour construire des communautés plus solides. Les Canadiens sont également actifs dans les affaires et les projets internationaux de la UNIA. Par exemple, les membres canadiens envoient souvent des délégués à la convention annuelle internationale de la UNIA. Ils donnent également régulièrement des nouvelles de leurs divisions locales à The Negro World, le journal officiel de la UNIA, qui compte des lecteurs garveyites partout dans le monde. Plusieurs Garveyites canadiens montrent leur engagement envers la UNIA en rejoignant ses groupes auxiliaires, comme les infirmières de la Croix-Noire.

Infirmières de la Croix-Noire au Canada

Les membres canadiens de la UNIA joignent les rangs des infirmières de la Croix-Noire avec enthousiasme. Même si elles n’ont pas suivi une formation professionnelle, les infirmières de la Croix-Noire doivent offrir des soins et des conseils en matière de santé et d’hygiène. Dans de grandes villes comme Toronto, les infirmières de la Croix-Noire suivent la formation en secourisme de l’Ambulance Saint-Jean afin de parfaire leur éducation en la matière. Ensuite, elles partagent leur savoir sur divers sujets, comme les premiers soins et la sécurité publique, dans des dépliants et des bulletins d’information. Les infirmières de la Croix-Noire offrent également du réconfort aux malades et aux souffrants en leur envoyant des fleurs et en leur rendant des visites à domicile ou à l’hôpital. En 1921, la UNIA rapporte que les infirmières de la Croix-Noire d’Edmonton ont répondu à 250 appels de membres malades dans la communauté en plus de « six cas de maternité ». À Sydney, en Nouvelle-Écosse, les infirmières de la Croix-Noire ont aidé de nouvelles mères à prendre soin de leurs enfants et à tenir maison. Durant la seconde guerre italo-éthiopienne (1935-1936), les infirmières de la Croix-Noire de Toronto confectionnent des pansements qui sont ensuite expédiés aux forces armées éthiopiennes, démontrant que leur désir de prendre soin des malades et des blessés dépasse les frontières de leurs communautés locales.

Les infirmières de la Croix-Noire du Canada organisent aussi des réceptions et des levées de fonds pour la UNIA et ses membres dans le but d’encourager l’unité et l’amitié. Partout au Canada, dans des villes telles que Vancouver, Toronto, Edmonton, Glace Bay et Junkins, les infirmières de la Croix-Noire organisent des fêtes champêtres, des kermesses, des ventes de gâteaux et des soupers pour le plus grand plaisir des communautés noires locales. Ces événements offrent également aux membres de la UNIA l’occasion de célébrer leur héritage culturel commun et de se régaler de la nourriture et de la musique traditionnelles des Antilles et du sud des États-Unis.

Importance

Au début du 20e siècle, la profession d’infirmière est au nombre des carrières les plus respectables qui sont offertes aux femmes instruites de la classe moyenne. À l’époque, cette profession représente les plus grands idéaux féminins, comme la pureté, la moralité, l’éducation et les soins maternels. Les membres de la Croix-Noire n’étaient pas des infirmières professionnelles, mais le groupe auxiliaire leur permettait d’assumer un rôle similaire et, par conséquent, d’incarner ces vertus féminines estimées. L’uniforme des infirmières de la Croix-Noire, une robe et un bonnet blanc orné d’une croix noire, sert de démonstration publique de ces saines qualités féminines.