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Frank McKenna

Frank Joseph McKenna, C.P., O.C., O.N.-B., avocat, homme politique, homme d’affaires, diplomate, premier ministre du Nouveau-Brunswick de 1987 à 1997 (né le 19 janvier 1948 à Apohaqui, au Nouveau-Brunswick). Frank McKenna devient premier ministre à l’issue du deuxième raz de marée électoral provincial de l’histoire du Canada. Surnommé un temps le « tiny, perfect premier » (le petit premier ministre parfait), ses dix années au pouvoir sont marquées par une volonté marquée de créer des emplois. Malgré sa popularité au sein des cercles du Parti libéral, il refuse de se présenter pour la direction du parti fédéral et préfère l’administration d’entreprise.
McKenna, Frank
Frank McKenna, premier ministre du Nouveau-Brunswick (avec la permission du Cabinet du Premier ministre, gouvernement du Nouveau-Brunswick).

Jeunesse et formation

Frank McKenna naît dans la communauté rurale d’Apohaqui, au Nouveau-Brunswick, au sein d’une fratrie de huit enfants mis au monde par Olive et Joseph McKenna, fermiers de profession. À partir de ses cinq ans, Frank ne vit plus avec sa famille mais dans la maison voisine, avec ses grands-parents paternels, Mary et Durward. Il est particulièrement proche de sa grand-mère, qui aura une influence profonde sur sa vie, l’encourageant à travailler fort et à viser haut.

Frank McKenna poursuit sa scolarité à Apohaqui et à Sussex, au Nouveau-Brunswick. Il étudie les sciences politiques et l’économie à l’Université St. Francis Xavier, puis obtient un diplôme de troisième cycle en sciences politiques à l’Université Queen’s. En 1971, il travaille brièvement comme assistant d’Allan MacEachen, député libéral de la Nouvelle-Écosse et membre du Cabinet fédéral. Il suit ensuite les cours de la faculté de droit de l’Université du Nouveau-Brunswick et est admis au barreau en 1974.

Il épouse Julie Friel en 1972, alors qu’il est à la faculté de droit. Ils auront trois enfants.

Droit criminel et politique

Frank McKenna se joint à l’équipe d’un cabinet d’avocats à Chatham, au Nouveau-Brunswick, une petite ville sur la rivière Miramichi. Il se crée une réputation dans la province lorsqu’en 1977, il défend le légendaire boxeur Yvon Durelle, qui comparaît pour meurtre devant les tribunaux après avoir tiré sur un homme dans un bar. Yvon Durelle sera acquitté au motif de la légitime défense et Frank McKenna est alors acclamé comme un héros par les admirateurs d’Yvon Durelle, en particulier au sein de l’importante communauté acadienne du Nouveau-Brunswick.

Dans les années 1970, Frank McKenna est actif au sein des cercles du Parti libéral de Chatham, ville où il participe également à plusieurs associations juridiques et commerciales locales. En 1982, il est élu député libéral à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick, représentant Chatham sur les bancs de l’opposition. Il devient chef du Parti libéral du Nouveau-Brunswick en 1985.

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Le 13 octobre 1987, il offre aux libéraux une victoire renversante en raflant les 58 sièges, mettant ainsi fin au règne de 17 ans de Richard Hatfield, du Parti conservateur. C’est seulement la deuxième fois de l’histoire du Canada qu’un tel raz de marée électoral permet à un parti de rafler tous les sièges dans une élection provinciale (la première fois remonte à 1935, dans l’Île-du-Prince-Édouard).

Premier ministre

L’année 1987 marque le début d’une décennie politique au Nouveau-Brunswick qui va être verrouillée par les Libéraux dirigés par Frank McKenna. Il va offrir à son parti deux nouvelles victoires écrasantes : en 1991 (46 sièges sur 58) et en 1995 (48 sièges sur 55). La seule menace qu’il doit affronter est la soudaine remontée au Nouveau-Brunswick des idées anti-francophones dans l’arrière-pays rural, à majorité anglophone. Cette mouvance est représentée par le nouveau Confederation of Regions Party. Ce parti remporte huit sièges lors des élections de 1991 et devient ainsi le parti d’opposition officiel. Il sera néanmoins balayé lors des élections de 1995.

Premier ministre, Frank McKenna lance une série d’initiatives visant à moderniser le Nouveau-Brunswick, restructurer l’administration gouvernementale pour la rendre plus efficace, et rehausser la confiance des Néo-Brunswickois dans le cadre d’un vaste plan de croissance économique. La province est longtemps restée dépendante des industries d’extraction des ressources telles que la foresterie, au sein de laquelle les emplois diminuent avec l’arrivée des machines et d’autres technologies. Le gouvernement de Frank McKenna se concentre sur la création d’emplois par l’intermédiaire d’incitatifs fiscaux offerts aux sociétés qui acceptent de déménager leurs installations au Nouveau-Brunswick. La plupart des succès engrangés dans ce domaine proviennent néanmoins de la création d’emplois industriels faiblement rémunérés liés à l’arrivée de centres d’appel.

Le nom de McKenna devient si étroitement associé au concept de création d’emplois que son gouvernement crée un numéro d’appel gratuit, le 1-800-MCKENNA, à l’attention des propriétaires d’entreprise nord-américains qui s’intéressent au Nouveau-Brunswick.

Frank McKenna se fait aussi le champion de la promotion de l’anglais et du français comme langues officielles du Nouveau-Brunswick, parvient à équilibrer ses budgets et, à l’échelle nationale, défend l’Accord de libre-échange nord-américain entre le Canada et les États-Unis. Son gouvernement ne parvient pas à résoudre tous les problèmes économiques structuraux de la province, mais après une décennie au pouvoir, Frank McKenna reste populaire dans l’ensemble de la province où on le surnomme le « petit premier ministre parfait » et où on le voit de plus en plus comme un potentiel premier ministre au niveau fédéral.

Tenant sa promesse de se retirer du pouvoir après 10 ans, Frank McKenna démissionne de son poste de premier ministre le 7 octobre 1997. « Il n’y a pas de nombre magique, mais j’ai observé suffisamment de chefs politiques qui sont restés trop longtemps à leur poste alors que leur carrière se dégradait. Ils n’ont pas fait honneur à leurs administrés et ils ne sont pas partis la tête haute, explique-t-il. Je me suis dit qu’en me fixant une limite dans le temps, je ferai un sprint plutôt qu’un marathon. C’est en ce sens que cette limite a été, au moins pour moi, très motivante. »

Ambassadeur

Frank McKenna est alors considéré comme un candidat de premier plan pour remplacer le premier ministre Paul Martin au poste de chef du Parti libéral. Il refuse cependant de poser sa candidature, expliquant qu’après dix années au poste de premier ministre de la province, il a besoin d’une pause politique. « Ayant échappé au piège, je n’allais pas revenir pour le fromage », raconte-t-il. Il se replie sur la pratique du droit, devient dirigeant d’entreprise et déménage dans le village côtier de Cap-Pélé (Nouveau-Brunswick), où il achète une entreprise de fabrication artisanale d’armoires avec d’autres membres de sa famille.

En 2005, il est à nouveau aspiré sur la scène politique à la suite de sa nomination par Paul Martin au poste d’ambassadeur du Canada aux États-Unis. Frank McKenna sera plus franc sur les questions transfrontalières que la plupart des diplomates. Un an plus tard, il présente sa démission à la suite de l’élection à Ottawa du premier ministre conservateur Stephen Harper.

Après la politique

Après avoir quitté Washington, D.C., Frank McKenna est nommé président suppléant du Conseil du Groupe Banque TD. Il y est responsable de soutenir la stratégie de recrutement de clients pour les services bancaires de gros et les services bancaires commerciaux. Il siège également, à l’occasion, au sein de divers conseils d’administration d’entreprises telles que CanWest Global, Noranda, Shoppers Drug Mart, General Motors et Canadian Natural Resources.

Frank McKenna est nommé Officier de l’Ordre du Canada en 2008.

Dans le privé, il continue à soutenir le renouveau économique des provinces de l’Atlantique. À l’occasion d’un discours prononcé en 2014, il explique que la région doit accueillir l’industrie basée sur l’exploitation des gaz de schistes, malgré ses pratiques controversées de fracturation hydraulique. « On ne peut pas tout avoir, avertit-il. Nous sommes un peu dans une spirale dangereuse engendrée par une population vieillissante et en déclin et des déficits élevés. »

Dans une chronique publiée en 2016, il demande aux gouvernements de la côte est de remédier au déclin et au vieillissement de la population en ayant recours à l’immigration. Il explique qu’un programme doit être mis en place pour exiger des immigrants qu’ils viennent vivre trois à cinq ans dans les provinces de l’Atlantique avant de pouvoir prétendre à la citoyenneté. « Les immigrants vont là où des immigrants sont déjà installés. Ils vont tous à Montréal, Toronto et Vancouver. Il faut sortir de ces automatismes et cela va nécessiter d’employer les grands moyens. »

En 2016, le magazine Canadian Business nomme Frank McKenna 28e homme d’affaires le plus puissant du Canada pour son carnet d’adresses et ses liens directs avec de nombreux dirigeants de société et de gouvernement.