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Éducation non traditionnelle

Les racines philosophiques de l' « éducation non traditionnelle » proviennent de deux traditions pédagogiques à la fois reliées et opposées.

Éducation non traditionnelle

Les racines philosophiques de l' « éducation non traditionnelle » proviennent de deux traditions pédagogiques à la fois reliées et opposées.

Tradition progressiste
La tradition progressiste moderne est représentée aux États-Unis par le philosophe américain John Dewey et ses disciples, en Grande-Bretagne par le mouvement des écoles nouvelles d'après la Première Guerre mondiale, sur le continent européen par les écoles Steiner (Waldorf) et, plus récemment, par les rapports Hall-Dennis (comité sur les buts et les objectifs de l'éducation) et Worth (comité sur la planification scolaire), l'un sur l'Ontario, l'autre sur l'Alberta. Cette tradition insiste à la fois sur la nécessité d'adapter le programme d'études et l'enseignement aux stades de l'épanouissement de l'enfant et sur l'intégration graduelle de ce dernier à la société adulte par une formation planifiée basée sur l'apprentissage par l'expérience. Selon cette tradition, l'éducation est aussi perçue comme un outil de réforme sociale et de diffusion des principes et des pratiques démocratiques.

Tradition libérale

La seconde tradition, très libertaire, met l'accent sur les droits des parents et des enfants de faire leurs propres choix en matière d'éducation et de mode de vie. Les auteurs de cette tradition, tels A.S. Neill en Grande-Bretagne et John Holt aux États-Unis, soutiennent la liberté individuelle et la bonté naturelle de l'enfant contre le conformisme institutionnel et social, et les influences corruptrices de la société moderne. Les écoles « libres » indépendantes qui voient le jour au Canada et aux États-Unis au milieu et à la fin des années 60 (et qui disparaissent rapidement) sont issues de cette tradition libertaire.

Différences et similitudes

Les deux traditions ont des points en commun, comme la prise en compte des besoins et intérêts individuels et l'attitude critique à l'égard de la société moderne. La tradition progressiste tend vers l'intervention et la planification minutieuse des exercices et activités pédagogiques de l'enfant, alors que la tradition libertaire met l'accent sur la non-intervention dans la croissance « naturelle » et dans le processus d'apprentissage ainsi que sur l'importance des choix personnels et de la liberté en matière d'éducation. Au Canada, les deux traditions se confondent dans le mouvement d'éducation ouverte de l'école primaire publique à la fin des années 60 et dans les écoles parallèles publiques (communément appelées « écoles alternatives ») qui apparaissent dans les années 70.

Origines

Au Canada, le terme « école parallèle » est introduit dans le langage courant avec l'établissement, au début des années 70, de plusieurs petites écoles primaires et secondaires sous la juridiction de conseils publics d'éducation. À Toronto, on établit des écoles primaires parallèles, dirigées par des parents et des professeurs et organisées selon le modèle des British Infant Schools, qui regroupent des élèves de différentes années dans une même classe et qui laisse une large place aux activités. Le terme « parallèle » est adopté en partie pour distinguer ces écoles des écoles « libres » indépendantes, dirigées par des comités parents-élèves-enseignants, qui les précèdent (et dont, en fait, certaines d'entre elles sont issues) et pour mettre en valeur l'engagement des conseils envers les options au sein du système public. Avec l'expansion du pluralisme et du choix dans l'éducation au cours des années 70, l'étiquette d'école parallèle est adoptée par plusieurs nouvelles écoles indépendantes privées qui souhaitent s'identifier comme solution de rechange aux écoles publiques.

Types d'écoles

Au début des années 80, l'attention se tourne vers les écoles et les programmes destinés aux élèves doués pour les arts et les études ainsi que vers les programmes rattachant l'école au marché du travail (système coopératif). Dans la plupart des écoles parallèles de niveau secondaire du secteur public, on trouve des programmes d'études indépendants, des programmes destinés à développer des aptitudes de base, des mini-écoles dont le programme est un mélange de cours traditionnels et non traditionnels et des écoles axées sur les arts. Les écoles parallèles offrent aussi des classes moins nombreuses, des relations directes et dénuées de formalité avec les enseignants et une plus grande souplesse dans le choix des cours et des horaires.

Pour répondre aux besoins des élèves du système public dont les résultats sont médiocres ou qui quittent l'école, de plus en plus de programmes parallèles sont instaurés par les commissions scolaires : des programmes de retour aux études, des programmes d'éducation permanente à l'intention de la communauté et des programmes d'études indépendants pour les élèves brillants et motivés du niveau secondaire. Dans les années 90, alors que l'économie canadienne stagne, l'apparition d'écoles publiques parallèles et conservatrices, inspirées du modèle privé, vient modifier la combinaison progressiste-libérale. Ces écoles, en plus d'offrir un programme de base en lettres et sciences humaines et de soumettre les étudiants à de fréquentes évaluations, passent des contrats d'engagement avec les parents, édictent des règles de conduite et imposent même le port d'un uniforme.

En plus de permettre aux parents de choisir la philosophie des programmes, les écoles coopératives parallèles de niveau élémentaire leur permettent de participer de plus près à la scolarisation de leurs enfants. Les parents peuvent aussi siéger au sein de divers comités de gestion internes, aider dans les salles de classe, agir à titre de personnes ressources et maintenir un contact direct avec les enseignants. Ces écoles sont parmi les premières à élargir l'éducation préscolaire en offrant des programmes de maternelle à temps plein et un service de garderie après l'école aux enfants dont les deux parents travaillent (en particulier pour répondre aux besoins des mères célibataires).

Personnel

Si l'on évalue les écoles d'après les programmes, la pédagogie et même d'après la taille dans le cas des écoles parallèles élémentaires, il y a peu de différences entre les écoles parallèles et traditionnelles. Les enseignants des écoles parallèles publiques viennent des mêmes universités et suivent les mêmes programmes de formation que les professeurs des écoles traditionnelles, et la plupart enseignent dans des écoles traditionnelles avant d'enseigner dans des écoles parallèles. Le programme d'étude et le matériel de base sont aussi semblables dans les deux types d'écoles parallèles. Les méthodes varient probablement davantage d'un enseignant à un autre que d'une école à l'autre. En raison de la baisse du nombre d'inscriptions, certaines écoles élémentaires publiques sont maintenant de la même taille que les écoles parallèles. Au niveau secondaire en particulier, des exigences d'admission universitaires plus élevées et une tendance générale vers une normalisation des programmes d'études menacent de réduire encore davantage les différences entre les écoles traditionnelles et les écoles parallèles.

Administration

Le sentiment d'appartenance, d'autonomie et de contrôle des enseignants, des parents et des étudiants envers leur école sont les éléments qui différencient les écoles parallèles des autres écoles. De leur côté, les gouvernements et les commissions scolaires visent à exercer une supervision administrative plus stricte sur ces écoles et à la conserver. Si les tendances actuelles se maintiennent, l'éducation non traditionnelle pourrait bien être intégrée à un réseau élargi d' « éducation spécialisée » à l'intérieur du réseau scolaire. Selon un scénario plus optimiste, les écoles parallèles pourraient être les précurseurs d'un système d'enseignement plus décentralisé, pluraliste et communautaire.

Développements actuels

Ce qu'on appelle le mouvement des écoles à charte aux États-Unis reflète cette orientation. Plusieurs états ont édicté des lois permettant à leurs ministères de l'éducation ou à leurs commissions scolaires locales d'accorder des « chartes » directement aux écoles voulant une administration autonome. Les chartes peuvent aussi être accordées aux universités ou aux entreprises privées qui veulent administrer des écoles. Nées du mouvement « Schools of Choice », les écoles à charte pourraient être financées directement par l'État, assujetties aux modalités de leur charte. Si ce modèle est adopté par les provinces au Canada (l'Alberta l'a déjà fait), il pourrait avoir des répercussions importantes sur l'avenir des commissions scolaires, qui servent actuellement d'intermédaires entre les écoles et les ministères provinciaux de l'Éducation.