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Désastres

Les accidents catastrophiques et les désastres naturels peuvent être spectaculaires ou tragiques, mais ils revêtent rarement une grande importance historique.
Edmonton, tornade d
(avec la permission de l'Office national du film)
Regina, tornade de
La tornade qui frappe le coeur de Regina le 30 juin 1912 fait 28 victimes et cause 6 millions de dollars en dommages (avec la permission du Saskatchewan Archives Board).
Hillcrest, explosion de la mine de
Le pire désastre de l'histoire canadienne à survenir dans une mine de charbon s'est produit le 19 juin 1914 à Hillcrest, en Alberta. En tout, 189 hommes ont péri (avec la permission des Provincial Archives of Alberta).
Un incendie détruit Saint-Jean
L'incendie a commencé sur les quais et répnadré au centre-ville.
Springhill, désastre minier de
Tempête de verglas, 1998
Tempête de verglas, 1998 (avec la permission de CBC).
Catastrophe ferroviaire
Le 12 mars 1857, un train de voyageurs fait s'écrouler le pont du grand Chemin de fer Occidental au-dessus du canal Desjardins, faisant 59 victimes (avec la permission de la Metropolitan Toronto Reference Library/T14996).
Halifax, explosion de
Scène de dévastation, le long de la route Campbell, en 1917 (avec la permission des Nova Scotia Archives and Records Management/P-1776.91.83).
Tornade de Regina, centre-ville
Le centre-ville de Regina après le passage de la tornade en 1912. Douze îlots furent détruits (avec la permission du Saskatchewan Archives Board).
Accident du métro de Toronto
(avec la permission de Maclean's)
Pont Second Narrows de Vancouver
Le 17 juin 1958 à Vancouver, pendant la construction de l'actuel pont Second Narrows Bridge, une travée s'effondre dans le passage Burrard, faisant 18 victimes.
L
L'incendie qui éclata à St John's, Terre-Neuve, en 1892, détruisit près des deux tiers de la ville; 12 000 personnes se retrouvèrent sans abri (avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada).
Rivière rouge, inondation de la (1997)
Inondation de Ste. Agathe, au Manitoba. Dans le Sud du Manitoba, les eaux des rivières s'écoulent dans des canaux étroits semblables à des fossés, dans la prairie sans relief (avec la permission de Maclean's).
Catastrophe à la mine Westray
Vingt-six mineurs meurent à Plymouth, en Nouvelle-Écosse, dans une explosion déclenchée par l'inflammation de méthane.
Cinéma Laurier Palace
Pendant qu'une foule prise de panique se rue vers les sorties, de nombreux enfants s'entassent au pied des escaliers. Douze d'entre eux sont piétinés à mort et 64 périssent asphyxiés.
Pont de Québec, désastre au
Les débris après le décrochage de la travée sud, qui a provoqué la mort de 75 personnes en 1907 (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/PA-109498).
 Pont de Point Ellice, catastrophe
Le pont de Point Ellice, à Victoria, s'effondra lorsque un tramway bondé plongea dans l'eau, tuant 55 passagers (avec la permission de British Columbia Archives).\r\n \r\n
Déraillement à Saint-Hilaire
Le train bondé d'immigrants était déjà engagé sur le pont lorsque le conducteur s'aperçut que le tablier du pont tournant était levé. L'accident provoqua la mort de 99 personnes; ce fut le pire déraillement de l'histoire du Canada (avec la permission des Archives nationales du Canada).\r\n \r\n

Les accidents catastrophiques et les désastres naturels peuvent être spectaculaires ou tragiques, mais ils revêtent rarement une grande importance historique. Au printemps 1914, les pires calamités maritimes et minières du Canada et les pires tragédies liées à la chasse aux phoques à Terre-Neuve ne touchent pas le monde autant qu'un assassinat commis à Sarajevo. Néanmoins, des événements catastrophiques, même comportant peu de morts, peuvent avoir des répercussions qui vont bien au-delà des bouleversements qu'ils entraînent dans la vie des victimes, de la famille et de la collectivité.

Trois hommes sont ensevelis dans une mine d'or à Moose River, en Nouvelle-Écosse, du 12 au 23 avril 1936. Deux d'entre eux survivent. Des témoignages reçus de première main par le réseau anglais de Radio-Canada ouvrent une voie nouvelle dans la radiodiffusion de reportages. Par ailleurs, les leçons tirées de nombreux grands accidents entraînent l'amélioration de la sécurité des équipements et des pratiques de travail. En revanche, la dépendance accrue de la société envers les technologies rend certains événements plus dévastateurs qu'ils ne l'étaient par le passé. La tempête de verglas qui sévit dans l'Est de l'Ontario et l'Ouest du Québec du 5 au 11 janvier 1998 cause plus de ravages que celles du passé parce qu'elle touche les réseaux électriques dont même les populations rurales finissent par dépendre.

La taille et la diversité géographique du Canada font du pays le théâtre potentiel d'innombrables catastrophes. Au cours de la première moitié de 1986, par exemple, une collision ferroviaire près de Hinton fait 23 morts, un blizzard immobilise la majeure partie de l'Alberta, des incendies de forêt font rage dans les provinces de l'Atlantique et les retombées nucléaires de Tchernobyl commencent à se déplacer au-dessus du Canada. Les sinistres sont très intéressants non pour leurs aspects morbides, mais pour leurs causes et pour les réactions qu'ils provoquent dans la société.

Au Canada, l'organisme chargé de coordonner les mesures d'urgence s'appelle Protection civile Canada, établi en 1974. Son nom actuel date de 1986, mais l'organisme a porté différentes appellations depuis 1948, date à laquelle le gouvernement fédéral établit un organisme de protection civile visant à contrer la menace d'une attaque nucléaire. L'énumération qui suit regroupe par genre les pires catastrophes survenues au Canada.

Avalanches et éboulements

La Basse-Ville de Québec a été le théâtre d'éboulements majeurs. Le 17 mai 1841, des pierres se détachent du cap Diamant, démolissent 8 maisons et tuent 32 personnes. Malgré cet événement, la construction se poursuit sur les sites dangereux. Le 19 septembre 1889, une importante avalanche de pierres détruit une bonne partie de la rue Champlain, tuant 45 personnes. Le désastre aurait été pire si de nombreuses familles n'étaient pas allées à deux veillées mortuaires ce soir-là. Le pire éboulement de toute l'histoire du Canada est celui de l'avalanche de pierres de Frank, le 29 avril 1903, dans les Territoires du Nord-Ouest (aujourd'hui en Alberta), qui coûtent la vie à 70 personnes.

Dans les Rocheuses, les avalanches de neige ont toujours constitué une menace. Le 5 mars 1910, juste avant minuit, une avalanche à Bear Creek, dans le col Rogers, ensevelit une équipe de travailleurs qui dégage la voie principale du chemin de fer du Canadien Pacifique bloquée à la suite d'une avalanche survenue plus tôt. Un homme survit, 62 sont tués.

Le 4 mai 1971, au cours d'un orage, un trou de 213 m se forme dans la boue et l'argile à Saint-Jean-Vianney, au Québec. Le cratère avale 36 maisons, plusieurs voitures et un autobus, et fait 31 victimes.

Aviation

Le premier accident aérien mortel au Canada survient à Victoria, en Colombie-Britannique, le 6 août 1913, quand l'Américain John M. Bryant, aviateur de fête foraine, se tue dans l'écrasement de son hydravion Curtiss. Par la suite, la faible capacité de chargement des appareils réduit le nombre de morts, mais à mesure que les avions grossissent et que leur usage commercial se répand, les accidents prennent des proportions épouvantables. Le premier accident aérien majeur au Canada se produit le 25 août 1928, quand un trimoteur Ford s'écrase dans le détroit Puget par mauvais temps : sept personnes sont tuées.

Le pire accident du Canada mettant en cause un avion de ligne, un appareil canadien de surcroît, a lieu à Sainte-Thérèse-de-Blainville, au Québec, le 29 novembre 1963. Un DC-8F de la ligne aérienne Trans-Canada s'écrase quatre minutes après le décollage de l'aéroport international de Montréal (Dorval), tuant les 118 personnes à bord. Aucune explication ne permet de déterminer la cause de l'accident. À Toronto, le 5 juillet 1970, un DC-8 d'Air Canada, après un violent atterrissage, rebondit et perd un moteur de droite. Tandis que le pilote tente de décoller pour atterrir à nouveau, l'autre moteur de droite tombe et l'avion s'écrase, tuant les 109 personnes à bord.

La troisième catastrophe aérienne en importance survenue au Canada est l'explosion du vol 182 d'Air India en partance de Toronto le 23 juin 1985, probablement attribuable à un attentat terroriste. L'avion s'écrase dans l'Atlantique du Nord au large des côtes irlandaises, tuant les 329 personnes à bord, dont 280 Canadiens. L'incident donne lieu à des resserrements importants de la sécurité dans les aéroports. Plus tard la même année, un DC-8 nolisé transportant 256 passagers, dont 248 soldats américains, s'écrase au décollage à Gander (Terre-Neuve). Toutes les personnes à bord sont tuées, ce qui fait de cet accident la catastrophe aérienne la plus meurtrière en territoire canadien. Des rumeurs alarmistes au sujet des difficultés mécaniques antérieures de l'avion circulent après l'écrasement.

D'autres accidents de lignes commerciales surviennent, dont plusieurs coûtent la vie à des dizaines de personnes. Ils sont attribuables à des avions défectueux, à des collisions entre appareils, à des collisions avec des véhicules au sol et parfois à des causes indéterminées. Toutefois, les progrès réalisés dans la conception de dispositifs d'enregistrement automatique, les « boîtes noires », permettent de mener des enquêtes de plus en plus sophistiquées sur les accidents d'avion.

Certaines catastrophes retiennent l'attention même si le nombre des victimes est moins impressionnant. L'accident le plus grave impliquant un avion privé est celui d'un Lockheed Electra de la compagnie Pan-Arctic Oils (Rea Point, T.N.-O., 30 octobre 1974); 32 des 34 personnes à bord sont tuées. Le 9 septembre 1949, à Saint-Joachim, au Québec, 23 personnes trouvent la mort à bord d'un DC-3 de Québec Aviation. L'avion contient une bombe qui explose en plein vol. J.A. Guay et deux complices sont jugés et pendus.

Le pire accident de l'histoire de la défense aérienne moderne survient le 30 octobre 1991 au cours de la mission de ravitaillement Boxtop quand un avion de transport Hercules C-130 du 435e Escadron s'écrase près de la Station des Forces canadiennes Alert, dans les Territoires du Nord-Ouest (aujourd'hui le Nunavut). Cinq personnes perdent la vie. La mission de sauvetage menée au crépuscule et dans des conditions météorologiques terribles qui sont celles de l'Arctique est une épopée héroïque des Temps modernes et permet de sauver 13 personnes.

Ponts

Deux accidents importants surviennent au cours de la construction du pont de Québec. Celui du 29 août 1907 entraîne la mort de 75 travailleurs, et celui du 11 septembre 1916 fait 13 victimes.

Parmi les différents ponts construits pour traverser le port de Victoria, en Colombie-Britannique, celui dont la structure à quatre travées est faite de bois et de métal, construit à Point Ellice en 1885, est trop faible pour les lignes de tramways qu'on y installe quelques années plus tard. La mauvaise qualité des travaux d'entretien du pont n'arrange rien. Le 26 mai 1896, au cours des célébrations de l'anniversaire de la reine, une travée tombe, emportant avec elle un tramway bondé. Cinquante-cinq personnes meurent dans cet accident, le plus meurtrier des accidents de tramway de l'histoire de l'Amérique du Nord. Le 17 juin 1958, pendant la construction de l'actuel pont Second Narrows de Vancouver, une travée s'effondre dans la baie Burrard, emportant 18 hommes, dont les deux ingénieurs responsables des erreurs de conception.

Catastrophes minières

L'extraction du charbon suppose des galeries profondes, des roches friables, de la poussière, l'utilisation d'explosifs et des systèmes de ventilation vulnérables. Des catastrophes majeures dans les mines de charbon se sont produites au cours des années dans différentes régions du pays. La première est probablement celle de Westville, dans le comté de Pictou en Nouvelle-Écosse, le 13 mai 1873, lorsqu'un incendie éclate dans une galerie. Lorsque les travailleurs quittent les lieux et qu'une équipe de pompiers y pénètre, une première explosion retentit, puis d'autres, emprisonnant de nombreux sauveteurs. La mine est scellée pour priver le feu d'oxygène. Deux années s'écoulent avant que les derniers corps des 60 disparus ne soient retrouvés. Ces hommes laissent dans le seuil 31 femmes et 80 enfants.

On signale de 1866 à 1987 un total de 1321 décès dans les mines du Cap-Breton, dont 65 victimes à la suite d'une explosion à New Waterford (25 juillet 1917) et 16 à Sydney Mines (6 décembre 1938), à cause du bris d'un câble de classificateur à râteau. L'explosion la plus récente (Glace Bay, 24 février 1979) fait 12 morts.

Le gisement houiller du comté de Pictou est particulièrement dangereux en raison des épaisses veines grisouteuses qui peuvent s'enflammer ou exploser spontanément. Les explosions sont la cause de 246 des 650 décès recensés dans les mines. Après Drummond, la mine Foord de Stellarton explose le 12 novembre 1880, tuant 44 personnes. L'explosion de la mine MacGregor, le 14 janvier 1952, entraîne la mort de 19 personnes.

Les spécialistes considèrent le puits Allan comme la mine de charbon la plus dangereuse du monde. L'explosion du 23 janvier 1918 tue 88 personnes, touchant la quasi-totalité des familles de la collectivité.

Les tragédies dans les mines de charbon se traduisent non seulement en pertes humaines, mais aussi en familles démunies devant subvenir à leurs propres besoins dans une société qui n'offre pour ainsi dire aucun programme de sécurité du revenu. En effet, bon nombre de mineurs deviennent invalides à la suite de ces accidents et ne peuvent plus travailler. De plus, la destruction d'une mine met l'ensemble des travailleurs au chômage. En 1929, une puissante explosion détruit le puits de la mine Allan, mais heureusement ne fait aucune victime. Il n'est remis en activité que deux ans plus tard.

Le pire accident survenu dans une mine de charbon au Canada se produit le 19 juin 1914 à Hillcrest, en Alberta. Un éboulement aurait provoqué une étincelle, entraînant des explosions de poussière qui paralysent les ventilateurs et brûlent la moitié de l'oxygène dans la mine. Au total, 189 hommes perdent la vie, laissant dans le deuil 130 épouses et environ 400 enfants.

À elles seules, les mines de Springhill, en Nouvelle-Écosse, font 424 victimes de 1881 à 1969. Une explosion, le 21 février 1891, fait périr 125 mineurs. Le 1er novembre 1956, 39 hommes trouvent la mort dans un accident mais, fait remarquable, on réussit à sauver 88 personnes emprisonnées dans la mine. Le 23 octobre 1958, après l'effondrement d'un tunnel dans lequel 74 hommes périssent, 18 hommes sont sauvés à des profondeurs atteignant 3960 m, fait sans précédent au Canada. Les 185 autres meurent dans 167 accidents différents.

L'automatisation réduit le nombre de travailleurs employés dans les mines. L'explosion survenue le 9 mai 1992 dans la mine de Westray, près de Plymouth, en Nouvelle-Écosse, tue 26 personnes, soit tous les hommes présents dans la mine lors de ce quart de travail. L'incident de Westray met en évidence la complexité de l'application actuelle des lois dans ce domaine. Les poursuites au criminel, les diverses enquêtes et celle menée par une Commission royale se font obstacle et ralentissent le déroulement de l'investigation. La Commission royale ne publie son rapport que cinq ans après l'incident.

Des équipes de sauvetage sont formées pour sauver les mineurs bloqués dans des conditions dangereuses (gaz, incendie, explosion, inondation). En 1906, les houillères de Glace Bay obtiennent le premier appareil respiratoire autonome en Amérique du Nord pour le sauvetage dans les mines. Les équipes de sauvetage sauvent quantité de vies à la suite de catastrophes dans les mines de charbon, travaillant souvent dans des conditions précaires au péril de leur propre vie. Après les évènements entourant l'explosion de Westray, 186 sauveteurs reçoivent la Médaille de la bravoure.

Voir aussi Santé et sécurité dans les mines.

Tremblements de terre

Bien que certaines régions de l'intérieur du Canada et des provinces de l'Atlantique ainsi que le littoral du Pacifique soient secouées par des tremblements de terre, le seul (7,2 de magnitude) qui fait beaucoup de victimes est celui qui frappe le golfe du Saint-Laurent le 18 novembre 1929. Un tsunami de 5 m de hauteur balaie des maisons, des bateaux et des bancs de poissons de la péninsule de Burin, à Terre-Neuve. Les dommages sont évalués à un million de dollars, et 27 personnes perdent la vie. En Colombie-Britannique, les basses terres continentales et Victoria sont les régions canadiennes qui courent le plus grand risque d'être secouées par des tremblements de terre dévastateurs et meurtriers, mais de mémoire d'hommes, ces régions ont été épargnées. Des preuves tangibles font état d'un tsunami déclenché par un séisme de forte amplitude qui frappe toute la côte Ouest le 26 janvier 1700.

Épidémies

Avant que les programmes modernes d'immunisation et les vaccins n'éliminent presque toutes les épidémies au Canada, des manifestations de variole, de choléra, de typhus, de grippe et d'autres maladies contagieuses font des milliers de victimes. En 1953, la poliomyélite frappe plus de 8000 Canadiens et en tue 481. L'année suivante, grâce au vaccin Salk, le bilan mortel tombe à 157. Les progrès sont parfois difficiles. La vaccination obligatoire contre la variole rencontre une opposition farouche à Montréal jusqu'à ce que, en 1885, une épidémie fasse 5864 victimes et prouve l'utilité de la vaccination.

Incendies et explosions

L'incendie le plus meurtrier survenu au pays détruit la salle des Chevaliers de Colomb à St. John's, à Terre-Neuve (qui ne fait alors pas encore partie du Canada), le 12 décembre 1942. Un pyromane met le feu au bâtiment bondé de militaires et de civils. La salle est un véritable nid à feu : les portes s'ouvrent vers l'intérieur, les sorties sont peu nombreuses et l'éclairage d'urgence est inexistant. En l'espace de 5 minutes, 99 personnes sont brûlées vives et 100 gravement blessées. Le poste d'incendie principal n'est qu'à 180 m de là, mais l'immeuble brûle avant l'arrivée des pompiers.

L'incendie du navire de croisière Noronic, dans le port de Toronto, dans la nuit du 17 septembre 1949, coûte la vie à 118 personnes. Le feu, qui semble avoir pris spontanément dans un placard, éclate à 2 h 30 du matin, lorsque les passagers sont endormis et que moins de 20 hommes d'équipage se trouvent à bord. Les ravages sont déjà importants au moment où l'incendie est découvert. On impute la catastrophe à l'absence d'alarmes automatiques, à un manque d'organisation de la part des officiers et à la panique qui s'empare des passagers.

Le 9 janvier 1927, un incendie mineur éclate au cinéma Laurier Palace, à Montréal. Les pompiers arrivent sur les lieux en moins de deux minutes et circonscrivent les flammes en dix minutes. Toutefois, pendant qu'une foule prise de panique se rue vers les sorties, de nombreux enfants s'entassent au pied des escaliers. Douze d'entre eux sont piétinés à mort et 64 périssent asphyxiés. L'incendie le plus meurtrier de ces dernières années a lieu dans un club de service social de Chapais, au Québec, le 31 décembre 1979. L'incendie, qui fait 44 victimes, est déclenché par un individu s'amusant avec un briquet.

Plusieurs incendies de forêt détruisent de grandes quantités de bois et font de nombreuses victimes. L'incendie de Miramichi, au Nouveau-Brunswick, qui éclate le 5 octobre 1825 après un été sec, ravage quelque 15 500 km2 de territoire au nord de la rivière Miramichi, détruisant les villes de Douglastown et de Newcastle et causant la mort de 200 à 500 personnes. Le commerce local du bois d'œuvre (voir Histoire du commerce du bois) s'en trouve paralysé pendant de nombreuses années. Cette situation accélère le développement forestier ailleurs en Amérique du Nord britannique.

Le Nord de l'Ontario connaît plusieurs incendies de forêt désastreux. Le plus dévastateur, celui de Matheson, est le résultat de nombreux petits brasiers provoqués par la foudre et par les étincelles des roues de locomotives. Le 29 juillet 1916, ces feux minuscules se conjuguent pour devenir un gigantesque incendie qui rase les villes de Cochrane et de Matheson ainsi que les régions environnantes, causant au moins 228 victimes. D'importants incendies ravagent les forêts canadiennes de nos jours, mais tout porte à croire que les techniques modernes de détection et de lutte contre les incendies ainsi que les interventions d'évacuation par air, comme celle menée dans le Nord manitobain en mai 1980, permettent d'éviter qu'ils prennent de l'ampleur et soient aussi meurtriers qu'autrefois.

Au XIXe siècle, plusieurs incendies tragiques surviennent dans les villes en raison de la concentration d'immeubles surpeuplés et facilement inflammables, de l'absence d'aqueducs appropriés, de pompes et de pompiers professionnels. À St. John's (Terre-Neuve), trois incendies (12 février 1816, 7 et 21 novembre 1817) privent 2600 personnes (sur une population de 10 000 habitants) de leur domicile. Un autre, le 9 juin 1846, ravage la plus grande partie de ce qui n'était pas fait pour résister au feu. On reconstruit la ville avec davantage de pierre et on la dote de coupe-feu. Néanmoins, un nouvel incendie alimenté par le vent rase la ville les 8 et 9 juillet 1892.

Québec connaît deux incendies, le 28 mai et le 28 juin 1845. Vingt-trois personnes périssent, et de 15 000 à 18 000 personnes se retrouvent sans abri. La Basse-Ville et la partie fortifiée, par contre, sont épargnées. Toutefois, après l'incendie, Québec est moins étendue que lorsque James Wolfe la conquit 86 ans auparavant. Les maisons sont reconstruites en pierre et les rues, élargies. Cependant, pour des raisons d'économie, les appareils de lutte contre l'incendie sont limités et, en 1866, le nombre de pompiers est réduit. Malheureusement, le 14 octobre 1866, un incendie poussé par des vents violents détruit complètement plus de 2000 foyers, faisant 5 morts et laissant de 18 000 à 20 000 personnes sur le pavé. La Basse-Ville et la partie fortifiée sont de nouveau épargnées.

La ville de Saint John (Nouveau-Brunswick) connaît aussi des incendies importants en 1837 et en 1839. Malgré des normes de construction plus sévères, un incendie détruit les deux tiers de la ville, le 20 juin 1877, privant 15 000 personnes de domicile.

L'explosion d'Halifax, le 6 décembre 1917, figure probablement parmi les catastrophes les plus connues du Canada et constitue, à l'exclusion des épidémies, la pire tragédie de notre histoire. Les dégâts matériels dépassent les 35 millions de dollars et plus de 1600 personnes y trouvent la mort.

Tragédies routières

Le pire accident routier mettant en cause un seul véhicule au Canada survient à Saint-Joseph-de-la-Rive, au Québec, le 13 octobre 1997. L'autocar, dont les freins ne répondent plus dans une pente abrupte, manque un virage et plonge dans un ravin, tuant 43 personnes et en blessant 5. Treize autres personnes étaient mortes au même endroit dans un accident similaire en 1974. Avant cet accident, le pire accident routier au Canada survient près d'Eastman, au Québec, le 4 août 1978. Les freins d'un autocar ne répondent plus et il plonge dans les eaux du lac d'Argent, causant la mort de 41 personnes handicapées physiquement et mentalement. Le nombre de victimes est deux fois plus élevé que pour la catastrophe précédente, survenue le 31 juillet 1953, lorsqu'un autocar plonge dans un canal près de Morrisburg (Ontario), et que 20 personnes s'y noient.

La route fait de plus en plus de victimes à mesure que le nombre de gros camions, d'autocars et de minibus augmente. Le 28 mai 1980, un autocar entre en collision avec un camion-citerne près de Swift Current, en Saskatchewan, tuant 23 travailleurs sur un chantier du CFCP. Le 16 juillet 1993, une camionnette remorquant une citerne de carburant entre en collision avec un minibus près du Lac-Bouchette, au Québec. La collision et l'incendie qui en résulte font 19 victimes.

Tragédies maritimes

Le premier naufrage compte peut-être parmi ses victimes le navigateur Jean Cabot, disparu en 1498 lors de son second voyage, ou Gaspar Corte-Real, disparu en 1501 en route vers Terre-Neuve, ou encore un baleinier Basque inconnu. Le naufrage du Delight, l'un des vaisseaux de sir Humphrey Gilbert, près de l'île de Sable, le 29 août 1583, au cours duquel pas moins de 85 hommes se noient, est la première tragédie maritime connue.

Le 23 août 1711, la flotte britannique, sous les ordres du sous-amiral sir Hovenden Walker, en route pour attaquer Québec, échoue sur les récifs de l'île aux Œufs. Sur les 19 navires de guerre et les 41 autres vaisseaux qui ont à leur bord plus de 11 000 hommes, 7 navires et un vaisseau de ravitaillement sombrent, entraînant la perte de 950 hommes. De mauvaises cartes géographiques, un littoral accidenté et peu peuplé, de même que des moyens de signalisation inadéquats (absence de signalisation en cas de brouillard, de phares et de postes de sauvetage) causent la perte d'un nombre considérable de navires dotés d'un équipement de sauvetage inadéquat. Comme pour les tragédies aériennes, les victimes sont souvent peu nombreuses, les places à bord étant restreintes.

Au Canada, trois tragédies maritimes attirent particulièrement l'attention. Le 29 mai 1914, l'Empress of Ireland, paquebot de la Canadian Pacific Steamship, entreprend son premier voyage à partir de Québec. Durant la nuit, il navigue dans la brume près de Pointe-au-Père (Rimouski, Québec) lorsque le charbonnier norvégien Storstad le percute de flanc et lui fait une énorme brèche. Le paquebot sombre avec ses passagers en 14 minutes. Des 1057 passagers et 420 hommes d'équipage, 1014 perdent la vie.

Le 20 mars 1873, l'Atlantic, propriété de la White Star Line, quitte Liverpool en direction de New York avec, à son bord, 811 passagers, 4 officiers et 141 membres d'équipage. Manquant de charbon, le capitaine décide, le 31 mars, de mettre le cap sur Halifax. Dans la nuit du 1er avril, à 3 h 15, le navire percute le récif de Meagher (Prospect, Nouvelle-Écosse). Sous la violence de l'impact, il donne brusquement de la bande, et les passagers sont emprisonnés dans les cabines. Beaucoup de ceux qui parviennent sur les ponts sont précipités par-dessus bord. Malgré les tentatives héroïques de sauvetage par l'équipage et des habitants de Prospect, environ 550 des passagers périssent. Parmi eux se trouvent toutes les femmes et les enfants à bord, excepté un garçon.

Le 23 octobre 1918, naviguant en pleine tempête de neige entre Skagway, en Alaska, et Vancouver, le Princess Sophia, de la Canadian Pacific Steamship, échoue sur le récif Vanderbilt, dans le canal Lynn. Des navires plus petits réussissent à s'approcher, mais une mer houleuse les empêche de porter secours aux passagers. Essuyant les vagues durant deux jours, le navire finit par céder. Le 25 octobre, il sombre, entraînant avec lui ses 343 passagers.

Certains naufrages sont demeurés tristement célèbres par leur côté spectaculaire, tragique ou inhabituel. Le Montréal, un bateau à aubes de 715 tonnes, brûle près de Québec le 26 juin 1857, faisant 253 victimes. La lenteur de l'équipage à combattre l'incendie est scandaleuse. Le navire a déjà pris feu auparavant à trois occasions.

Le 24 mai 1881, le Victoria, un bateau à aubes de 27 tonnes, alors surchargé, chavire dans la rivière Thames, près de London, en Ontario : 182 personnes périssent, malgré les eaux peu profondes. Le naufrage tragique de la plate-forme de forage Ocean Ranger, à 265 km à l'est de Terre-Neuve, le 15 février 1982, est la première catastrophe de ce genre au Canada. Elle fait 84 victimes.

La pêche et la chasse aux phoques sur la côte de l'Atlantique font, depuis des années, de nombreuses victimes. Ainsi, le 20 juin 1959, la flotte de pêche d'Escuminac (Nouveau-Brunswick) essuie une formidable tempête qui coule 22 bateaux et entraîne la mort de 35 hommes. On évalue en outre que, entre 1810 et 1870, les chasseurs de phoques perdent 400 navires et 1000 hommes dans les glaces. Bien que la plupart de ces accidents comportent un nombre relativement peu élevé de victimes, celui du Newfoundland, qui ne peut récupérer ses hommes durant la tempête du 31 mars au 2 avril 1914, entraîne la mort de 77 personnes. De même, le Southern Cross disparaît en mer avec ses 173 passagers.

Tragédies ferroviaires

Les accidents ferroviaires illustrent les causes multiples des catastrophes. Surtout dans les débuts, une plate-forme mal conçue, la fatigue du métal, un incendie, des rails défectueux, l'erreur humaine, un pont fragile sont autant de causes d'accident.

Un mois après la mise en service de la Great Western Railway en 1854, six passagers sont tués près de London et sept autres près de Thorold, en Ontario. Le 27 octobre 1854 à Baptiste Creek (Ontario), à 24 km à l'ouest de Chatham, un train de gravier entre en collision avec un express qui a 7 heures de retard. L'accident fait 52 morts et 48 blessés. C'est jusqu'alors la pire tragédie ferroviaire en Amérique du Nord.

L'accident le plus mortel a lieu à Saint-Hilaire, au Québec, à 1 h 10 du matin, le 29 juin 1864. Un train du Grand Trunk, avec à son bord 458 passagers, la plupart étant de nouveaux immigrants allemands et polonais, ne parvient pas à s'arrêter devant un pont tournant sur la rivière Richelieu. Le train plonge, et les wagons s'entassent les uns sur les autres. On dénombre 99 morts et 100 blessés. Un rail brisé cause le déraillement d'un train de passagers du Canadien Pacifique à l'ouest de Sudbury, en Ontario, le 21 janvier 1910, tuant 43 personnes.

Un acte de sabotage est peut-être à l'origine d'un accident près de Yamaska, au Québec, le 28 septembre 1875, lorsqu'un train déraille à cause de lourdes billes encombrant la voie : 10 personnes sont tuées. Plusieurs accidents surviennent parce que l'équipe du train ne prend pas la voie d'évitement pour laisser passer un train dans la direction contraire. Le 1er septembre 1947, 31 personnes trouvent la mort à Dugald, au Manitoba, et, le 21 novembre 1950, 21 personnes perdent la vie à Canoe River, en Colombie-Britannique, à la suite d'erreurs de ce genre. La collision frontale entre un train de marchandises et un train de passagers de Via Rail près de Hinton, en Alberta (le 8 février 1986), où 23 personnes trouvent la mort, est aussi causée par des opérateurs qui ne prennent pas en compte les dispositifs de sécurité automatiques.

Tempêtes et inondations

La rivière Rouge dans le Sud du Manitoba connaît régulièrement des périodes de crues. En mai 1950, ses eaux envahissent de nombreuses villes de la vallée et un sixième de la ville de Winnipeg. Plus de 100 000 personnes sont évacuées. On tente d'atténuer les risques d'inondation grâce à la construction de canaux de dérivation qui dévient les crues du printemps. Malgré ces efforts, en mai 1997, une gigantesque inondation se produit recouvrant 1950 km2 de terres dans le sud du Manitoba, ce qui entraîne l'évacuation de 30 000 Manitobains. Près de 8600 militaires sont mobilisés pour venir en aide aux autorités civiles.

Des crues soudaines frappent la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean les 20 et 21 juillet 1996, après des pluies particulièrement abondantes pour la saison. Environ 16 000 personnes sont évacuées temporairement, et 10 personnes périssent.

Une tornade balaie le centre de Regina le 30 juin 1912, tuant 28 personnes et causant des pertes évaluées à 6 millions de dollars. L'ouragan Hazel, le plus dévastateur sur le continent, balaie le centre et le Sud de l'Ontario le 15 octobre 1954 et déverse plus de 100 mm de pluie sur Toronto en 12 heures. Il fait 81 morts, surtout dans la région de Toronto, et les dégâts matériels sont considérables.

Le 31 mai 1985, une tornade frappe Barrie, en Ontario. C'est la plus forte tempête à l'intérieur des terres depuis l'ouragan Hazel. Quelque 300 maisons sont détruites, huit personnes perdent la vie et des milliers d'autres sont sans abri.

Le 31 juillet 1987, une tornade balaie certaines régions du Sud-Est et du Nord-Est d'Edmonton, écrasant des résidences et dévastant un parc industriel et un parc de maisons mobiles. Vingt-sept personnes sont tuées, la plupart dans le parc de maisons mobiles. Les compagnies d'assurance estiment qu'elles devront verser plus de 250 millions de dollars en dommages.

La tempête de verglas qui frappe l'Ontario et le Québec en janvier 1998 cause la mort de 25 personnes des suites d'hypothermie, d'asphyxie et d'incendies provoqués par des poêles surchauffés. Les scientifiques se demandent si cette tempête n'est pas le signe de perturbations plus fréquentes dues aux changements climatiques planétaires (voir Réchauffement planétaire).