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Château Lake Louise

Château Lake Louise est un centre de villégiature de renommée internationale et un site du patrimoine mondial des Nations Unies situé dans le parc national de Banff, en Alberta. Connu comme le « diamant en terre sauvage », le Château a été construit à la fin des années 1800 et exploité à titre d’établissement du réseau d’hôtels du Canadien Pacifique (CP). Il s’inscrit parfaitement dans la lignée de l’hôtel Banff Springs, du Château Frontenac, à Québec, et de l’hôtel Empress, à Victoria. En raison de son emplacement isolé et de son envergure, le Château Lake Louise a largement contribué au développement de l’Ouest canadien.

Géographie

À l’origine, les Stoneys-Nakodas nomment le lac Louise « Ho-run-num-nay », qui signifie « lac de petits poissons ». Le lac, dont les eaux sont d’un turquoise opaque au printemps, et claires et miroitantes à l’automne, est situé dans un décor idyllique où montagnes et glaciers servent de cadre naturel. La région est exceptionnellement pittoresque et photogénique.

L’hôtel est situé sur la rive est du lac Louise et fait face au glacier Victoria. Les montagnes avoisinantes incluent le mont Victoria, le mont Lefroy, le mont Aberdeen, le mont Temple, le mont Beehive, le mont Whyte et le mont Saint Piran. Les lacs O’Hara et Moraine sont à proximité.

Lac Louise
Véritable joyau encadré de montagnes bleues et de champs de neige étincelants, le lac est un des paysages de montagnes les plus cél\u00e8bres du continent (Corel Professional Photos).

Développement initial : Chalet Lake Louise

Un guide Stoney-Nakoda conduit Tom Wilson, un employé du CP, au lac en 1882. Ce dernier le nommera le lac Emerald et en fera la promotion à titre d’opportunité de développement. En 1886, des ouvriers du CP construisent une cabane de rondins sur le rivage. On y offre deux lits et y sert des repas aux excursionnistes dans la région. En 1893, un incendie détruit la cabine originale. L’année suivante, on construit le Chalet Lake Louise, un nouveau bâtiment d’un seul étage. Cette deuxième version de l’hôtel est sise à une distance du rivage, améliorant les conditions du site qui posaient problème à la cabine originale.

Croissance, 1896-1912

On peut suivre le développement de l’hôtel au fil des années en retraçant les transitions distinctes de son style architectural (voir Architecture canadienne : 1867-1914). Chacun des architectes qui a contribué à la création de l’hôtel actuel a opté pour le style qui reflétait les conditions culturelles de son époque.

En 1896, l’architecte T. C. Sorby ajoute un deuxième étage au Chalet afin qu’il puisse accueillir 15 personnes. À la structure initiale du Chalet, il ajoute de chaque côté des ailes avec des chambres, ainsi que des détails architecturaux comme des lucarnes (fenêtres projetant de façon verticale à partir du toit) et des arches encadrant la véranda qui longe le côté du Chalet faisant face au lac. Le Chalet est conçu pour accueillir l’influx grandissant de visiteurs dans la région et continuer de servir les amateurs de plein air, contribuant à la popularité des services naturels avoisinants.

Chateau Lake Louise

La période suivante de croissance a lieu entre 1900 et 1912. L’architecte Francis M. Rattenbury, adepte des styles victorien et néo-Tudor – typiques de l’architecture canadienne de l’époque –, ajoute une aile à trois étages comprenant 500 lits. Les caractéristiques du style victorien de l’hôtel incluent l’ajout de garnitures ornementales à l’extérieur et de tourelles aux coins du bâtiment, et ceux du style néo-Tudor, de la charpente en bois massif à découvert avec remplissage en stuc. Le mélange des styles assure un esthétisme audacieux pour l’hôtel.

En 1912, la modernisation de l’hôtel s’attaque aux problèmes croissants du Château. W. S. Painter, l’un des architectes de l’hôtel Banff Springs, ajoute une aile en béton dans le style villa italienne qui crée un nouvel esthétisme. Il s’éloigne des styles précédents, proposant une façade lisse, sans artifice de couleur crème, un toit plat et des tours à chaque extrémité d’un bâtiment long et rectangulaire. La véranda typique est remplacée par des balcons privés et des arches plates qui encadrent les espaces publics au rez-de-chaussée.

Carte postale de 1915 pour Chateau Lake Louise, montrant l'ajout de Rattenbury au premier plan et la structure Barott et Blackader en arri\u00e8re-plan.

Croissance, 1924-aujourd’hui : Château Lake Louise

La croissance de la population locale, le développement fructueux de l’industrie touristique dans la région et les conséquences d’un autre incendie dévastateur influencent les ajouts, les améliorations et les rénovations faits à l’hôtel. De plus, la modernisation des transports – notamment une ligne de tram (en 1913), l’automobile et l’avion – influence l’afflux de visiteurs qui croît de façon exponentielle, suscitant donc la croissance du Château.

Un second incendie, celui-ci en 1924, détruit les ajouts apportés par Francis M. Rattenbury. Le personnel réussit à sauver l’aile conçue par W. S. Painter en abaissant un pare-étincelle, isolant du même coup le feu. L’hôtel subit de graves dommages et doit augmenter sa capacité d’accueil. En 1925, on engage une dernière équipe d’architectes, Barott & Blackader, qui contribue à la pérennité de l’hôtel. Le nouvel ajout en brique de neuf étages comprend 400 chambres, dont la majorité fait face au lac, et la deuxième plus grande piscine au Canada (construite en 1926), qui mesure 30 m par 12 m.

L’approche de Barott & Blackader respecte le style italien de W. S. Painter. On installe des lucarnes sous la ligne de toit et des arcades couvertes du côté du lac. Cependant, Barott & Blackader s’affairent principalement à créer un style château, donnant à l’hôtel son apparence actuelle. À la fin des travaux, l’hôtel adopte le nom dûment approprié Château Lake Louise. Durant cette période, on ajoute d’autres infrastructures, comme des maisons de thé et des huttes de repos, dans la région pour accommoder les randonneurs sur les circuits populaires.

Chateau Lake Louise, intérieur salle \u00e0 manger.

Durant la période suivante de rénovations, de 1983 à 1986, on a fait pour 65 millions de dollars d’améliorations, incluant l’ajout de l’aile Glacier, qui compte 125 chambres. En 2004, on construit l’aile mont Temple, bâtiment de sept étages situé le long de Lake Louise Drive, qui offre plus de chambres d’hôtel, de salles à manger, et de salles de conférence et de réunion. Plusieurs salles à manger et salles de conférence sont nommées en l’honneur de montagnes et de sentiers pédestres locaux, faisant ainsi référence au cadre naturel de l’hôtel.

Évaluation architecturale

Les transitions architecturales se concluent par un style traditionnel remarquable qui est reconnu à l’échelle internationale. Certaines critiques relèvent l’extérieur austère de l’hôtel, et pourtant, ses ouvertures répétées et harmonieuses ainsi que ses pierres à surface lisse représentent intrinsèquement l’environnement qui l’entoure. Comparativement, l’intérieur est douillet et romantique, mettant en évidence des détails décoratifs et artisanaux, de grands espaces, des matériaux luxueux et une vue sur le lac et les montagnes à travers d’immenses fenêtres cintrées. Le Château fait office de porte d’entrée sur ce paysage naturel, invitant ses clients à profiter de la beauté naturelle des Rocheuses.

Accès quatre saisons

Grâce au Château, les Rocheuses sont plus facilement accessibles à un large public avec ses guides, le développement de 160 km de sentiers, deux salons de thé (soutenant les destinations de randonnée populaires) et la hutte Abbot Pass (construite en 1922, aujourd’hui site historique, c’est la deuxième structure habitable la plus élevée du Canada). L’hôtel se fait un devoir de sensibiliser ses clients à la protection de la nature et de donner accès à la beauté naturelle environnante. D’abord ouvert qu’en période estivale, le Château est accessible en hiver depuis les années 1980, accueillant ainsi sa clientèle à l’année.

Services et réputation

Château Lake Louise a répondu aux besoins d’une large clientèle au fil des ans, dont des personnes influentes et célèbres. Jean Mollison, un genre de célébrité locale, a géré le Chalet durant les premières années et a contribué à son succès, attirant des alpinistes respectés et faisant la promotion de l’éventuel statut de l’hôtel à titre de « destination principale » pour les amateurs de plein air. Une part unique de la culture du Chalet de l’époque est le troupeau de vaches que Jean Mollison garde à proximité du lac pour offrir du lait frais et de la crème aux invités.

À la suite du décès du célèbre alpiniste Philip Stanley Abbot sur le mont Lefroy en 1896, le Chalet commence à offrir des excursions alpines guidées pour assurer une ascension sécuritaire aux novices comme aux experts. Les premiers guides consignés en 1899 sont les grimpeurs suisses Edward Feuz, père, et Christian Hasler, père. L’opportunité d’avoir un endroit où loger et de parfaire ses connaissances sur les montagnes devient une caractéristique unique dans l’ouest et marque les débuts de l’alpinisme canadien.

Les années 1920 et 1930 s’avèrent fondamentales au développement de l’hôtel. Durant cette période, on surnomme le Château « Hollywood du nord ». Plusieurs célébrités visitent le Château, et de nombreux films y sont tournés, comme Eternal Love (v.f. L’Abîme) (1929), avec John Barrymore, et Springtime in the Rockies (v.f. Ivresse de printemps) (1942), avec Betty Grable. Les célèbres visiteurs incluent Ernst Lubitsch, Alfred Hitchcock, MarilynMonroe, HenryFord, Mary Astor et Teddy Roosevelt. Les visites de la reine Elizabeth II, du prince Phillip et de la reine Noor de Jordanie sont également notoires.

Chateau Lake Louise
Chateau Lake Louise \u00e0 Lake Louise en Alberta (photo de John Dean; avec la permission de Take Stock Photography Inc).

L’hôtel s’est taillé une place en créant une culture montagnarde incontestablement canadienne avec son architecture et ses offres culturelles. Tous ces éléments combinés ont su satisfaire une clientèle diversifiée, solidifiant une importante croissance en tourisme au cours des diverses phases que l’hôtel a traversées depuis la fin du 19e siècle.

Complexe contemporain

Après l’acquisition des hôtels Fairmont, en 1999, Canadian Pacific Hotels change le nom officiel du Château pour Fairmont Château Lake Louise. Le complexe hôtelier offre maintenant 554 chambres, des aventures extérieures, et de nombreuses salles de conférence, de réunion et de fête. Les activités offertes à l’année incluent le ski de calibre mondial, l’alpinisme, la randonnée pédestre, la navigation de plaisance, le canotage, la photographie, la peinture, les camps pour enfants, l’équitation, la balnéothérapie, la pêche et la gastronomie.