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Capitalisme au Canada

Le capitalisme est un système économique dans lequel des propriétaires privés contrôlent le secteur des affaires et du commerce d’un pays pour leur gain personnel. Ce système s’oppose au communisme, selon lequel tout appartient à l’État (voir aussi Marxisme). Le Canada possède une économie « mixte » qui se situe entre ces deux extrêmes. Les trois paliers de gouvernement décident de la distribution de la richesse du pays grâce à l’imposition et aux dépenses gouvernementales.

Bande dessinée intitulée « La nouvelle ère des chemins de fer »

Dans une bande dessinée non signée publiée le 29 juillet 1880, le premier ministre sir John A. Macdonald (1815-1891) tient la main d’un autre homme, probablement le premier ministre du Québec sir Joseph-Adolphe Chapleau (1840-1898). Tous deux tiennent des locomotives miniatures dans leur main, représentant ainsi le Chemin de fer du Canadien Pacifique, en phase de planification à l’époque. L’image a été publiée dans le Canadian Illustrated News et dans son équivalent français, L’Opinion Publique. Pour plus d’informations sur l’image M993X.5.794.

(© McCord Museum)

Origines du capitalisme

Les termes français capitaliste et capitalisme entrent dans l’usage lors de l’industrialisation de la France dans le 19e siècle. Il est toutefois possible d’affirmer que les origines du capitalisme remontent à bien plus loin : les outils et les biens produits par les humains d’autrefois étaient considérés comme une richesse et il était possible de les utiliser ou de les échanger pour son propre bénéfice.

Le type de capitalisme selon lequel le gouvernement n’intervient pas dans le secteur économique est parfois appelé le laissez-faire. Toutefois, la réglementation gouvernementale, l’imposition et les politiques monétaires adoptées tout au long de l’histoire font du laissez-faire un concept purement théorique.

Histoire du capitalisme au Canada

À ses débuts, le Canada est une colonie qui échange des ressources naturelles, ce qui relève partiellement du capitalisme marchand (voir Mercantilisme). Avec ce système économique, les colonisateurs français puis britanniques font des profits en exportant du poisson, du bois, de la fourrure et d’autres biens. Ces marchandises sont surtout destinées aux marchés européens, les échanges avec les nations autres que la mère patrie étant alors restreints. Pendant le régime seigneurial de la Nouvelle-France, les biens appartiennent à une petite classe de propriétaires. Le Canada décide toutefois d’abandonner ce système lorsque sa population augmente. Des activités privées plus importantes, comme les scieries, les chantiers navals et les usines, commencent alors à faire leur apparition.

Le capitalisme s’implante fermement au Canada au 19e siècle. De grands industriels comme John Molson jouent un rôle important dans la création des premiers chemins de fer et navires à vapeur du pays. Ces innovations dans le transport de marchandises permettent la croissance de la fabrication industrielle. Les Canadiens commencent ainsi à produire et à vendre leurs propres biens plutôt qu’à envoyer leurs matières premières à la Grande-Bretagne. Grâce à cette nouvelle réalité, le secteur privé connaît une certaine croissance. Avec le temps, l’industrialisation permet au réseau ferroviaire canadien d’atteindre la côte ouest, ce qui joue un rôle essentiel dans la formation de la Confédération. (Voir aussi Histoire du chemin de fer au Canada.)

Le dernier crampon
Donald Smith plantant le dernier crampon en guise d’achèvement du Chemin de fer Canadien Pacifique le 7 novembre 1885.
Construction du chemin de fer de Canadien Pacifique
Une ouvrière d'usine lime une pièce de machine pendant que des hauts-parleurs diffusent de la musique, novembre 1943.

La crise des années 1930 transforme la vision de plusieurs économistes et décideurs politiques, qui commencent à constater un besoin pour une plus grande intervention dans les cycles économiques capitalistes. Au Canada, comme dans plusieurs autres pays, le haut taux de chômage qui sévit pendant la décennie cause de grandes difficultés. La crise mène ainsi à une augmentation du rôle de l’État dans la réglementation de l’économie et à l’adoption de programmes sociaux. Le rôle joué par le gouvernement prend encore plus d’ampleur après la Deuxième Guerre mondiale (voir État providence).

L’évolution du capitalisme au Canada et dans la plus grande partie de l’Occident depuis un demi-siècle coïncide avec la croissance des gouvernements, qui font concurrence au secteur privé pour les ressources. Selon le Fraser Institute, les Canadiens ont passé près de la moitié de l’an 2019 à travailler pour payer leurs impôts, ce qui suggère un certain équilibre entre les secteurs public et privé.

Arguments en faveur du capitalisme

Les défenseurs du capitalisme affirment que le système fonctionne bien pour plusieurs raisons.

Un des principaux arguments en faveur du capitalisme est la présence de structures incitatives positives. L’« appât du gain » en est un excellent exemple. Chaque personne profite directement des fruits de son labeur, de la bonne gestion de son argent et de sa créativité. À l’opposé, des organisations d’agriculture collective partout dans le monde sont un bon exemple de système n’offrant pas de tels incitatifs puisqu’elles valorisent l’égalité sociale plutôt que le gain personnel. Des études sur ces organisations laissent croire que l’agriculture collective est souvent moins efficace que l’agriculture privée.

Un autre argument en faveur du capitalisme est le processus que l’économiste Joseph Schumpeter appelle la « destruction créatrice ». Selon cette théorie, la faillite des entreprises non rentables correspond à un effet positif net. La destruction est dite « créatrice » puisqu’elle oblige les entrepreneurs et les travailleurs qui ont un mauvais rendement à réévaluer leurs stratégies.

Les défenseurs du capitalisme soulignent également une faille dans les autres systèmes économiques. L’économiste Ludwig von Mises avance notamment que les économies socialistes sont vouées à l’échec, ce qu’il explique par le problème du calcul économique. Selon sa théorie, un marché libre des monnaies donne au gouvernement une référence stable. Par exemple, un changement des prix indique la rareté ou l’abondance des biens et services. Ludwig Von Mises affirme que les gouvernements socialistes ne peuvent pas distribuer efficacement les ressources sans un tel indicateur. Ceux qui partagent son point de vue donnent en exemple les résultats économiques des pays d’Europe de l’Est sous la tutelle de l’Union soviétique durant la Guerre froide, dont l’économie planifiée n’a pas eu autant de succès que les économies plus ouvertes de l’Europe de l’Ouest.

Par le passé, l’intégration d’éléments capitalistes dans une économie, comme l’amélioration des droits de propriété et la libéralisation des marchés, a coïncidé avec de nettes augmentations de la richesse collective. Cette tendance se remarque notamment dans l’ère industrielle de la Grande-Bretagne, l’ouverture des pays du bloc soviétique dans les années 1990 et les dernières décennies en Chine.

Problèmes du capitalisme

Des critiques comme John Maynard Keynes avancent que le capitalisme favorise des cycles d’expansion et de ralentissement. Pendant leurs creux, ces cycles causent d’importants taux de chômage, ainsi que la souffrance humaine. La plupart des économistes et décideurs politiques contemporains partagent la vision de John Maynard Keynes. (Voir Économie keynésienne au Canada.)

Les critiques reprochent également au capitalisme excessif de favoriser la croissance des inégalités dans le monde. Un rapport de 2018 du Centre canadien de politiques alternatives s’est penché sur la croissance de l’écart économique au Canada. Les auteurs ont constaté que les 87 familles les plus riches du pays possédaient une richesse aussi grande que les 12 millions de Canadiens ayant le revenu le plus faible. Le rapport souligne d’ailleurs que les gains en capital (la richesse gagnée grâce aux actifs) sont deux fois moins imposés que le revenu issu du travail. Une telle politique permet de concentrer la richesse chez les plus riches.   

Les liens unissant le capitalisme et la destruction de l’environnement sont une autre source de critique. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies met l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre sur le compte de la consommation de matériaux dérivés de combustibles fossiles et de la modification des modes de vie. Certains critiques affirment plus précisément que les changements climatiques sont dus à une croissance économique non restreinte. Une importante porte-parole de ce point de vue est la journaliste canadienne Naomi Klein, qui exprime son opinion dans le livre Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique (2014).

Au cours des dernières années, les politiques monétaires gouvernementales ont constitué les principaux obstacles au capitalisme. En effet, elles altèrent le prix des biens et des actifs de toutes les sphères de l’économie, ce qui rend difficiles la quantification et l’étude approfondie des transferts de richesse.