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Alison Calder

Alison Calder, poétesse (née le 21 décembre 1969 à Londres en Angleterre).

Alison Calder

Alison Calder, poétesse (née le 21 décembre 1969 à Londres, en Angleterre). Élevée à Saskatoon, en Saskatchewan, Alison Calder obtient un doctorat en littérature anglaise de l’Université Western Ontario après avoir décroché un baccalauréat de l’Université de la Saskatchewan et une maîtrise de l’Université Western Ontario.

Le premier recueil de poésie d’Alison Calder, Wolf Tree, paru en 2007, est imprégné d’un profond respect pour le monde naturel (voir Environnement). Regorgeant d’images de pêche et de randonnée, l’ouvrage ne saurait pourtant se résumer à un simple hommage à la splendeur du monde extérieur. Il va bien au‑delà et surprend son lecteur à chaque page, aussi bien par les sujets originaux qu’il aborde que par les formes sans cesse renouvelées auxquelles Alison Calder a recours, suscitant chez lui un flot ininterrompu d’émotions. Livre de contrastes, Wolf Tree fait se côtoyer monstres de foire et catastrophes naturelles en pagaille avec la sérénité de l’amour familial et l’harmonie des tâches ménagères et se montre capable, d’une page à l’autre, de passer d’une allusion à Heidegger à la mention d’un livre de recettes de cuisine des Prairies.

D’un point de vue écologique, c’est certainement la façon dont Alison Calder désintègre la barrière traditionnelle entre l’humanité et le reste de la nature, nous rappelant sans cesse que nous sommes partie intégrante du monde naturel, qui constitue l’aboutissement le plus marquant de Wolf Tree. Elle ne permet jamais à son lecteur de se réfugier dans une dichotomie confortable entre lui et la nature qu’il placerait à une distance rassurante du genre humain. Dans le premier poème du recueil, on découvre une personne habitée par un oiseau qui fait part de ses sensations. Dans un premier temps, la fusion semble harmonieuse : « Dernièrement, j’ai appris à voir avec des ailes. », dit-elle. Pourtant, même cet être hybride ne parviendra pas à échapper au morcèlement et à l’aliénation ontologique propres à la nature humaine, l’unité profonde des autres êtres vivants avec la nature qui les englobe semblant lui rester inatteignable. Le poème conclut : « Seul le coin de mon œil pourrait me trahir. / Une petite chose palpitante tente d’en sortir. » Le ton de Wolf Tree est souvent sombre. Dans « Imagine », par exemple, la poète évoque les violences quotidiennes que subissent les jeunes femmes de par le monde (voir Mouvement des femmes). Finalement, Wolf Tree met en lumière un triple manque de respect : vis‑à‑vis de nous‑mêmes, vis‑à‑vis des autres et vis‑à‑vis du monde que nous habitons.

En 2008, le recueil est finaliste du Prix commémoratif Pat Lowther récompensant une poète canadienne et du Prix commémoratif Gerald Lampert attribué à un premier ouvrage poétique canadien; cette même année, il remporte également le prix de poésie Aqua Books Lansdowne à l’occasion des Manitoba Writing and Publishing Awards. Alison Calder avait préalablement reçu le prix Bronwen Wallace en 2004.

Alison Calder est également une critique influente de la littérature canadienne en langue anglaise, en particulier autour du thème du régionalisme. En 1996, elle mène à bien une thèse de doctorat intitulée : The Lie of the Land: Regionalism, Environmental Determinism, and the Criticism of Canadian Prairie Writing sous la direction du célèbre poète et critique canadien Frank Davey. Depuis cette date, elle a dirigé, en 2005, la publication d’un recueil d’essais consacrés à la littérature des Prairies History, Literature, and the Writing of the Canadian Prairies. Elle aégalement édité un recueil de la poésie de Tim Lilburn, Desire Never Leaves : The Poetry of Tim Lilburn, et une édition critique du roman de Frederick Philip Grove Settlers of the Marsh. Alison Calder se déclare préoccupée par la mort de la critique professionnelle et par la montée de l’ignorance en la matière : « Pourquoi les auteurs devraient‑ils désormais chercher à atteindre le plus petit dénominateur commun? Ce que pensent les célébrités de mes ouvrages ne m’intéresse pas, ce je souhaite entendre, c’est le point de vue du lecteur, et s’il se trouve qu’il est célèbre par ailleurs, alors, ça me va aussi parfaitement. Finalement, peut‑être est‑ce une bonne chose que la poésie soit, de plus en plus souvent, accueillie dans des lieux secrets à taille humaine. » Professeure agrégée au département d’anglais de l’Université du Manitoba, Alison Calder vit actuellement à Winnipeg avec son mari, Warren Cariou.