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Alex DeCoteau

Alexander (Alex) Wuttunee DeCoteau (également Decouteau), athlète, policier, soldat (né le 19 novembre 1887, dans la Première Nation Red Pheasant, près de North Battleford, en Saskatchewan; décédé le 30 octobre 1917, près de Passchendaele, en Belgique). Alex DeCoteau était coureur de fond (voir Coureurs de fond autochtones remarquables au Canada) et est devenu le premier policier autochtone au Canada. Il a rejoint le Corps expéditionnaire canadien (CEC) et a servi sur le front de l’Ouest, avant d’être tué au combat lors de la bataille de Passchendaele.

Alex Decoteau

Jeunesse

Le père d’Alex DeCoteau, Peter, est Métis, tandis que sa mère, Dora, est Crie. Peter est assassiné lorsqu’Alex est âgé de trois ans, sa mère se retrouvant dans l’impossibilité de subvenir aux besoins de sa famille. Alors que Peter DeCoteau travaillait pour le ministère des Affaires indiennes (voir Ministères fédéraux des Affaires autochtones et du Nord), il avait approuvé la demande de Dora d’inscrire Alex et deux de ses quatre autres enfants à la Battleford Industrial School voisine (voir aussi Pensionnats indiens au Canada).

À l’école, le jeune Alex se montre bon élève et s’avère être un athlète polyvalent exceptionnel. Après avoir trouvé un emploi local comme ouvrier agricole, il déménage à Edmonton, en Alberta, où il travaille dans l’atelier d’usinage de son beau‑frère, en tant que forgeron. En 1909, il intègre la police municipale d’Edmonton à titre de constable, devenant ainsi le premier policier autochtone au Canada. En 1914, il est promu sergent et se voit attribuer son propre poste de police.

Carrière de coureur

La carrière d’Alex DeCoteau en tant que coureur de moyenne et longue distance commence en mai 1909, lorsqu’il se classe deuxième à l’occasion de sa première course en compétition sur un mille, à Fort‑Saskatchewan, en Alberta. Le mois suivant, il sort vainqueur de la course de cinq milles à l’exposition d’Edmonton. En juillet, il remporte la Coupe Mayberry, à Lloydminster, à la frontière entre l’Alberta et la Saskatchewan, établissant un nouveau record de l’Ouest canadien sur cinq milles en 27 min et 45,2 s.

En 1910, aux championnats provinciaux de l’Alberta, à Lethbridge, Alex DeCoteau termine en tête de toutes les épreuves auxquelles il participe sur un demi‑mille, un mille, deux milles et cinq milles. Il gagne également la course sur route du jour de Noël du Calgary Daily Herald (aujourd’hui le Calgary Herald) à trois reprises, remportant également cinq fois le Honourable C.W. Cross Challenge d’Edmonton et terminant premier, par trois fois, de la course annuelle sur dix milles de Fort Saskatchewan.

Alex DeCoteau représente le Canada aux Jeux olympiques de 1912, à Stockholm, en Suède, sur 5 000 m (voir aussi Canada aux Jeux olympiques d’été). Après avoir terminé deuxième de sa manche qualificative, il souffre de crampes aux jambes, lors de la dernière course, et finit au‑delà des trois premières places. Bien qu’il n’ait pas remporté de médaille, il est accueilli en héros à son retour à Edmonton, avec notamment un défilé organisé en son honneur au centre‑ville. De retour au Canada, il continue de pratiquer la course.

Alex DeCoteau remporte la course d’un mille lors du rassemblement des Orangemen à Edmonton en juillet 1913, battant à cette occasion le record provincial sur la distance d’un cinquième de seconde. En septembre 1913, il représente la police d’Edmonton aux championnats canadiens d’athlétisme, à Vancouver, au cours desquels il se classe deuxième sur le mille. En décembre 1915, il remporte la course du jour de Noël de Calgary, pour la deuxième année consécutive.

Première Guerre mondiale

Le 24 avril 1916, Alex DeCoteau intègre le 202e Bataillon (Sportsmen) nouvellement formé du Corps expéditionnaire canadien (CEC), qui s’entraîne à Sarcee Camp, près de Calgary. Son unité quitte Halifax, en novembre, sur le Mauretania, pour arriver en Angleterre une semaine plus tard. Pendant son entraînement en Angleterre, il continue à courir. Après avoir remporté une course sur cinq milles devant le roi George V, ce dernier lui remet sa montre de poche en or personnelle.

Comme la plupart des autres bataillons du CEC, le 202e est démantelé pour fournir des renforts au Corps canadien au front. Le 28 mai 1917, Alex DeCoteau est transféré au 49e Bataillon (Régiment d’Edmonton) en France.

En raison de ses capacités à la course, Alex DeCoteau devient estafette au sein de son unité. Il porte des messages manuscrits dans l’un des emplois les plus dangereux au front. Il doit souvent traverser les champs de bataille, en dehors de la sécurité des tranchées, puis revenir pour confirmer que les messages ont bien été livrés.

La bataille de Passchendaele (également connue sous le nom de troisième bataille d’Ypres) commence le 31 juillet 1917. Les combats, qui se déroulent sur le saillant d’Ypres, en Belgique, dans certaines des conditions les plus terribles de toute la guerre, font 15 654 victimes canadiennes, dont plus de 4 000 tués, parmi lesquels Alex DeCoteau, abattu par la balle d’un tireur d’élite, le 30 octobre 1917, quelques jours avant la fin de la bataille, le 10 novembre.

Alex DeCoteau est enterré dans le nouveau cimetière britannique de Passchendaele à proximité. En 1985, sa famille et ses amis célèbrent une cérémonie crie spéciale, à Edmonton, pour enfin ramener son esprit à la maison, cérémonie à laquelle participent également des anciens combattants autochtones et une garde d’honneur de la police.

Postérité

Alex Decoteau Park

Il y a plusieurs façons dans lesquelles le nom d’Alex DeCoteau reste gravé dans les mémoires. À Edmonton, il y a un parc Alex‑DeCoteau et un chemin DeCoteau. Le prix d’honneur Alex‑DeCoteau offre des bourses d’études postsecondaires, en Alberta, à des soldats atteints d’une invalidité permanente ou à des membres de leur famille. Alex DeCoteau a été intronisé aux temples de la renommée sportive du Canada, de l’Alberta, de la Saskatchewan et d’Edmonton. Des courses portent également son nom, notamment une épreuve annuelle de cinq kilomètres pour les écoliers d’Edmonton et une autre course de cinq kilomètres sur le champ de bataille de Passchendaele.