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Achat du canton de Sombra (Traité nº 7)

L’Achat du canton de Sombra de 1796 (également connu sous le nom de Traité nº 7 dans le système de numérotation du Haut‑Canada) a été l’une des premières ententes territoriales conclues entre les peuples autochtones et les autorités britanniques au Haut‑Canada (qui deviendra plus tard l’Ontario). Faisant partie d’une série de cessions de terres du Haut‑Canada, il porte sur une bande de terre de 12 mi2 (environ 31 km2), le long de la rivière Sainte‑Claire, dans le sud‑ouest de la colonie. Les Britanniques avaient acheté ce territoire, à l’origine, pour l’offrir à leurs alliés autochtones qui avaient combattu, à leurs côtés, lors de la récente Révolution américaine, mais qui vivaient toujours sur le territoire des États‑Unis nouvellement constitués.

Contexte historique

Après la Révolution américaine (1775‑1783), de nombreux alliés autochtones des Britanniques vivent encore sur ce qui est désormais devenu un territoire américain, au sud et à l’est des Grands Lacs. Ils espèrent toujours qu’un territoire « tampon », susceptible d’être occupé par des peuples autochtones, sera créé entre les terres britanniques et américaines. Toutefois, ce rêve ne se concrétise pas et les Américains sont impatients de pouvoir coloniser les terres autochtones du Territoire Nord‑Ouest, comme on appelait alors la région au nord‑ouest de la rivière Ohio.

En dépit des espoirs suscités, l’aide britannique ne viendra jamais. Malgré le manque de soutien militaire de la Grande‑Bretagne, les peuples autochtones de la région remportent, tout d’abord, un certain nombre de victoires contre des expéditions militaires américaines, en 1790 et en 1791, dirigées respectivement par le brigadier‑général Josiah Harmar et par le major‑général Arthur St. Clair. En réponse, le président George Washington nomme le major‑général Anthony Wayne à la tête d’une nouvelle armée professionnelle américaine, la Legion of the United States.

En 1794, Anthony Wayne mène une expédition contre la Confédération du Nord‑Ouest, une coalition de guerriers dirigée par les chefs des Premières Nations Miami, Shawnee et Lenape (sur le territoire actuel du Delaware), le gouvernement colonial britannique ordonnant à ses propres troupes, stationnées dans la région, de ne pas interférer dans la bataille entre les Américains et les Autochtones. En effet, aux termes du Traité de Paris signé en 1783, la rivière Detroit forme désormais la nouvelle frontière internationale entre les États‑Unis et les colonies britanniques restantes en Amérique du Nord. Le 20 août, les deux parties se rencontrent à la rivière Maumee, près de l’actuelle Toledo, en Ohio. Lors de la bataille de Fallen Timbers, les Américains infligent une défaite décisive aux guerriers autochtones. Par le traité de Greenville, signé en août 1795, les peuples autochtones cèdent aux États‑Unis une grande partie de l’Ohio actuel, ainsi que des parties de l’Indiana, de l’Illinois et du Michigan.

Après la bataille de Fallen Timbers, les Britanniques offrent aux peuples autochtones de la région un refuge dans le Haut‑Canada, de l’autre côté de la nouvelle frontière internationale de la rivière Detroit, qui a été confirmée par le traité de Jay, ratifié en 1795. La plus grande partie des terres situées dans la zone prévue avaient cependant été acquises, en 1790, dans le cadre de l’achat McKee et, en 1796, elles étaient majoritairement occupées par des colons blancs. Un nouvel achat s’avère donc nécessaire pour fournir des terres aux peuples autochtones restés fidèles à la Grande-Bretagne. La région autour de la rivière Chenail Écarté, un affluent de la rivière Sainte‑Claire, est proposée à cette fin. La rivière Sainte‑Claire, qui s’écoule vers le sud, relie le lac Huron et le lac Sainte‑Claire.

Négociations

Dans ce contexte, le gouverneur en chef lord Dorchester envoie l’agent adjoint des Affaires indiennes, le colonel Alexander McKee, pour aboutir à l’entente requise avec les Ojibwés de la rivière Chenail Écarté. Ce dernier, né vers 1735, dans ce qui est aujourd’hui la Pennsylvanie, d’une mère shawnee, a été élevé dans le désert lointain, à la manière du peuple de sa mère. Négociant en fourrures et agent des Indiens dans la région de la rivière Ohio, il prend fait et cause pour les Britanniques pendant la Révolution américaine et s’installe à Detroit après la guerre. Il soutient les alliés autochtones de la Grande‑Bretagne dans leur tentative, finalement infructueuse, de mener bataille contre les empiétements américains sur leurs terres. Il s’agit d’une personnalité connue et respectée par les peuples autochtones de la région, qui a joué un rôle déterminant dans la rédaction des termes du traité 116, en 1786, ainsi que de l’achat qui porte son nom, en 1790.

Selon Alexander McKee, quelque 2 000 à 3 000 alliés autochtones pourraient accepter une offre de terre, notamment des membres les Odawa de la rivière Raisin et Potawatomi de Swan Creek, ainsi que les Shawnee et les Odawas de la rivière Miami. Ce chiffre représenterait une bonne nouvelle pour la Grande‑Bretagne, car il signifie qu’elle pourrait disposer d’un plus grand nombre de guerriers loyaux vivant en territoire britannique.

Alexander McKee rapporte à lord Dorchester qu’il a conclu une entente provisoire avec les Ojibwés pour la cession d’une parcelle de terrain d’environ 31 km² du côté oriental de la rivière Sainte‑Claire, au nord du lac Sainte‑Claire, à la suite de quoi il est informé qu’il peut aller de l’avant et conclure un traité officiel.

Le 30 août 1796, Alexander McKee rencontre, en conseil, des représentants ojibwés, à la rivière Chenail Écarté. Il indique que le roi ne souhaite que quatre lieues carrées ou environ 123 km² « pour l’usage de ses enfants indiens », précisant « vous‑mêmes êtes les bienvenus, comme tous les autres, pour venir y vivre ». Les Ojibwés acceptent l’offre et le traité est signé le 7 septembre. Il se peut que les chefs aient été d’accord, car, en dépit de leurs revendications sur les terres en question, les membres de leurs peuples sont alors peu nombreux à y vivre. Il est également possible qu’ils espèrent le soutien britannique en prévision d’une invasion américaine de leurs terres.

En échange de la signature du Traité, les Ojibwés reçoivent des marchandises d’une valeur de 800 livres, notamment 882 couvertures; des centaines de mètres de tissus divers, ainsi que du fil et du ruban; 48 paires de ciseaux; 24 mouchoirs; 44 chapeaux; 80 peignes en ivoire et 100 en corne; 156 miroirs; 36 malles; 45 houes; 906 hameçons et un nombre égal de silex; 2 304 pipes; 330 livres de tabac; 100 briquets; des bouilloires en laiton, en cuivre et en étain; 10 fusils pour les chefs; 7 carabines et 1 400 livres de plomb et de balles. Comme à l’habitude, le dépôt de ravitaillement fournit un bouvillon et du rhum pour célébrer l’événement.

Suites

Malheureusement pour les Britanniques, l’estimation d’Alexander McKee s’avère très optimiste et l’afflux attendu d’Autochtones des États‑Unis ne se produira jamais. Le territoire cédé en vertu du traité est arpenté sous le nom de canton de Shawnee, rebaptisé plus tard canton de Sombra, et est ouvert à la colonisation blanche. Aujourd’hui, une grande partie du canton de St. Clair est situé sur cette bande de terre.