Article

54-40

Le groupe rock alternatif 54‑40 est né sur la scène punk de Vancouver à la fin des années 1970 et a connu un grand succès populaire au Canada à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Le groupe compte quatre disques de platine et un disque d’or et a été nominé huit fois pour des prix Juno. Il est particulièrement connu pour ses grands succès comme « I Go Blind », « Baby Ran », « One Day in Your Life », « Nice to Luv You », « She La », « Ocean Pearl », « Since When ». Le groupe a été intronisé dans le BC Entertainment Hall of Fame et le Temple de la renommée de l’industrie de la musique canadienne. Sa chanson « I Go Blind » a été intronisée dans le Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2021.

54-40

Débuts

Brad Merritt (guitare basse) et Neil Osborne (guitare rythmique, chant) font connaissance alors qu’ils étudient ensemble à la South Delta High School en 1978. Après avoir terminé ses études, Neil Osborne étudie un temps au Berklee College of Music à Boston, jusqu’à ce que Brad Merritt le convainque de revenir au pays pour se lancer sur la scène punk en pleine ébullition de Vancouver. Avec Ian Franey (percussions), Neil Osborne et Brad Merritt fondent un groupe qu’ils baptisent 54‑40, une référence à un slogan politique américain des années 1840 (« Fifty-four forty or Fight ! ») préconisant l’annexion par les États-Unis du territoire qui constitue aujourd’hui la Colombie-Britannique. (Voir Traité de l’Oregon.)

Le premier spectacle du groupe se déroule la veille du Nouvel An 1980 au Smilin’ Buddha Cabaret, sur la rue Hasting, devant une centaine de personnes. Maintenant avec le batteur Darryl Neudorf, le trio fait une tournée dans l’Ouest canadien en 1981 et contribue à la compilation Things are Still Coming Ashore, produite par MoDaMu. En 1982, 54‑40 lance son premier EP, Selection.

Années 1980

Phil Comparelli (guitare solo, claviers, trompette, chœurs) se joint au groupe en 1982. En 1984, le batteur Matt Johnson remplace Daryl Neudorf, qui s’est lancé dans une fructueuse carrière de producteur chez Nettwerk Records de Vancouver. Il figure également comme co-auteur de « I go blind ».

Tandis que beaucoup de groupes punks évoluent vers le hardcore ou le new wave, 54‑40 combine des sonorités roots-rock, folk, country, pop et rock alternatif. En 1984, le groupe lance son premier LP, Set the Fire, suivi en 1986 par son album éponyme, d’où sont issus les singles « I Go Blind » et « Baby Ran ». Le groupe effectue de nombreuses tournées sur la côte ouest du Canada et des États-Unis et devient un favori des radios étudiantes. Show Me (1987) produit les singles « One Day in Your Life » et « One Gun ». Fight for Love (1989) produit trois singles très populaires : « Miss You », « Baby Have Some Faith » et « Over My Head ». Ce dernier se retrouve en première position du classement RPM. La même année, le groupe reçoit une nomination aux prix Juno pour le groupe le plus prometteur de l’année.

En 1991, Warner Music Canada regroupe les grands succès du groupe dans Sweeter Things: A Compilation (1991), qui reçoit une certification platine au Canada. Ce disque marque aussi la fin de la relation du groupe avec cette étiquette.

Années 1990

Avec leur nouvelle étiquette, Columbia, 54‑40 tourne le dos à la pop des années 1980 et adopte un son blues-rock et grunge-rock plus axé sur la guitare. Cette période se révélera la plus fructueuse du groupe au plan commercial : les albums Dear Dear (1992), Smilin’ Buddha Cabaret (1994) et Trusted by Millions (1996) obtiennent chacun une certification platine au Canada. « Nice to Luv You », « She-La », « Music Man », « Ocean Pearl » « Love You All », « Lies to Me » et « Crossing A Canyon » figurent tous parmi les 40 meilleurs singles canadiens au classement de Billboard. Le groupe est nominé aux prix Juno pour le groupe de l’année en 1993 et 1997. Smilin’ Buddha Cabaret (une référence à la salle où le groupe a fait ses débuts, qui a fermé ses portes en 1993) est nominé pour meilleur album alternatif en 1995.

Le 13 décembre 1994, 54‑40 devient un des premiers groupes rock du monde à lancer son propre site Internet. Aussi au début des années 1990, Neil Osborne se lance dans un débat public avec son compatriote vancouvérois Bryan Adams au sujet des règlements sur le contenu canadien. Bryan Adams soutient que ces règlements, qui obligent les médias canadiens à consacrer un certain pourcentage de leur programmation à des produits culturels canadiens, encouragent la médiocrité. Au contraire, Neil Osborne affirme qu’ils aident les Canadiens à soutenir la concurrence des artistes américains et britanniques, qui jouissent de plus grandes audiences locales pour établir leurs ventes et leur notoriété. (Dans un interview de 1998, Neil Osborne révèle que tous les membres de 54‑40 ont dû occuper un deuxième emploi pour vivre jusqu’au lancement de Smilin’ Buddha Cabaret en 1994, en dépit de leur popularité et de leurs nombreuses tournées.)

Comme ses contemporains Tragically Hip et Sloan, 54‑40 est connu aux États-Unis surtout parmi le public des radios étudiantes. Au Canada, toutefois, il occupe une place centrale dans les stations de radio pop et rock de même qu’à MuchMusic, où les vidéos du groupe deviennent incontournables à la fin des années 1980 et tout au long des années 1990. Les vidéos de « She La » et « Blame Your Parents » sont nominées aux prix Juno pour meilleure vidéo en 1993 et 1995, respectivement.

En 1994, le groupe américain Hootie and the Blowfish enregistre et publie une reprise de « I Go Blind », qu’il a interprétée en spectacle durant presque dix ans. Cette version est utilisée dans le sitcom Friends de la NBC en 1995 et figure durant 39 semaines dans le Billboard Hot 100, culminant à la 13e position, assurant à 54‑40 une notoriété sans précédent.

En 1998, le groupe lance Since When, qui atteint la 18e position dans le classement des albums canadiens de Billboard, sa meilleure performance à ce jour. Le single de la chanson titre atteint le meilleur classement du groupe (11e position dans le classement des singles canadiens) et le disque est certifié or au Canada. La chanson et la vidéo sont primées l’année suivante aux West Coast Music Awards, où le groupe remporte également le prix du meilleur album rock/pop sous étiquette majeure. Le groupe termine la décennie avec le lancement du double album live Heavy Mellow (1999), où l’on retrouve des versions acoustiques et hard rock de leurs meilleurs succès.

Carrière ultérieure

Le groupe lance Casual Viewin’ en 2000 et Goodbye Flatland en 2003. Durant la tournée de ce dernier album, Phil Comparelli, qui doit prendre congé pour des raisons de santé, est remplacé par Dave Genn, anciennement de Matthew Good Band. Phil Comparelli quitte officiellement le groupe en 2005 et est remplacé à temps plein par Dave Genn.

Également en 2005, 54‑40 signe auprès de True North Records, une étiquette majeure indépendante canadienne. Le groupe lance Yes to Everything en 2005, Northern Soul en 2008 et Lost in the City en 2011. Aussi en 2011, 54‑40 est intronisé dans le Western Canada Music Awards Hall of Fame (qui fait aujourd’hui partie du BC Entertainment Hall of Fame). Toutefois, l’entente du groupe avec True North Records arrive elle aussi à son terme; 54‑40 lance Lost in the City sur sa propre étiquette, Smiling Buddha Entertainment Complex.

En 2017, 54‑40 est le premier à signer avec El Mocambo Records, dont le nom évoque la célèbre salle de concert de Toronto, et qui appartient au banquier négociant Michael Wekerle, vedette de Dragon’s Den. La même année, le groupe est intronisé dans le Temple de la renommée de l’industrie de la musique canadienne. Le groupe lance Keep on Walking en 2018. En 2020, il célèbre son 40e anniversaire en lançant le single « Embassy Supreme », tiré de l’album du même nom. En 2021, « I Go Blind » est intronisée dans le Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens.

Voir aussi Vancouver en vedette : Bouddha sourit sur la scène punk de Vancouver.