Après deux ans de guerre en Ukraine, la fatigue de l'opinion publique russe

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Après deux ans de guerre en Ukraine, la fatigue de l'opinion publique russe

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Un couple marche dans les rues de Moscou décorées de drapeaux russes, le 20 février 2024.
Un couple marche dans les rues de Moscou décorées de drapeaux russes, le 20 février 2024.
© AFP - Vera Savina

Après deux ans de guerre en Ukraine, la contestation est aujourd'hui inexistante en Russie du fait de sanctions lourdes pour qui critique le pouvoir. Mais la population russe souhaite majoritairement que la guerre se termine.

Si l'on en croit les sondages du dernier institut indépendant en Russie, près de la moitié des Russes ne s'intéressent pas vraiment au conflit en Ukraine. Et si, officiellement, la majorité de la population soutient l'armée, de plus en plus de Russes - entre 50 % et 60 % - se disent favorables à une ouverture des négociations avec l'Ukraine en vue d'en finir avec la guerre. "Quand cela va-t-il se terminer ?", s'interroge une femme dans les rues de Moscou. "En dehors de l’horreur que peut-on attendre ? Nous sommes dans une telle impasse maintenant, c’est le désespoir total", conclut-elle.

Preuve que la guerre affecte le peuple russe, la consommation d'antidépresseurs a augmenté dans le pays. "Dans une telle situation, les citoyens ne peuvent pas faire grand-chose, tout le monde autour de moi est déprimé et la plupart ne soutiennent pas la guerre", va jusqu'à affirmer une autre Moscovite. D'autres passants se montrent, à contrario, plus va-t-en guerre. "J’aimerais que ça se termine vite mais par une victoire et rien d’autre. Si, comme on nous le dit à la télé, ils ont déjà essayé de discuter mais qu'ils nous ont trompé, alors il n’y a que la force", confie un homme. "J'attends que tout ça se termine, mais ça va prendre du temps", ajoute un autre.

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Un mouvement de colère de femmes de soldats

Dans un pays où les opposants au régime sont en exil, en prison ou morts, comme Alexeï Navalny, le mouvement "Pout Domoï" (Le chemin de la maison), lancé en décembre dernier par des femmes de soldats mobilisés pour obtenir le retour de leurs maris, fait figure d'exception. Chaque samedi, elles vont déposer des fleurs sur la tombe du soldat inconnu, à Moscou, ainsi que dans d'autres villes de Russie. "Nous organisons cette action pour ouvrir les yeux des gens, cette fois cela fera deux ans que cette tragédie a commencé, par conséquent les hommes doivent rentrer à la maison", explique Antonina, 42 ans, dont le compagnon, mobilisé depuis 16 mois, est actuellement blessé et soigné dans un hôpital de campagne.

Depuis des semaines, ces quelques centaines de femmes marchent sur un fil, ne contestant pas ouvertement la guerre mais réclamant que leurs compagnons soient remplacés, comme l'avait un temps évoquée le ministère de la Défense russe. Elles se savent identifiées par les forces de sécurité. "J’ai reçu des appels de la police locale et du FSB me demandant de ne pas participer aux actions", indique Antonina. "Pour certaines filles, ils ont fait pression sur les maris pour qu’ils calment leur femme". Certaines participantes du mouvement "Pout Domoï" ont été interpellées puis relâchées, tout comme des journalistes qui couvraient leurs manifestations, mais pour l'instant le pouvoir russe laisse faire, bien qu'embarrassé.

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