Depuis le 2 mai 2023, environ 11 500 membres de la Writers Guild of America (WGA), qui rassemble deux principaux syndicats de scénaristes américains, ont planté le piquet d'une grève illimitée historique pour réclamer, entre autres, une plus juste rémunération de leur travail. Ils s'opposent à l'Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP) qui, elle, représente de grands studios hollywoodiens comme Netflix, Disney, Apple, Amazon, Paramount, ou encore Warner Bros...
Ces dernier sont mis en cause dans la précarisation du métier de scénariste et auteur, qui se verraient obliger de se tourner davantage vers des contrat en freelance plutôt que fixes pour répondre à la demande des grands opérateurs de streaming. Aussi, les grévistes réclament des droits d'auteurs sur les shows rediffusés par ces plateformes de streaming, et demandent un encadrement de l'utilisation de l'Intelligence artificielle qui menace leur savoir-faire.
Résultat, l'industrie du cinéma, des séries et du divertissement est fortement paralysé et peine à produire dans les temps.
Jennifer Coolidge, Florence Pugh et d'autres stars soutiennent les scénaristes
Les grévistes ont été rejoints le 14 juillet dernier par les acteurs du syndicat SAG-AFTRA, qui pèsent encore plus lourd dans la balance des négociations. Directives du syndicat, ces stars ont pour interdiction d'apparaître dans les futures productions ou bien d'en faire la promotion que ce soit dans les médias, lors de festivals ou bien sur les tapis rouges. C'est la première fois depuis les années 60 qu'Hollywood connaît une telle grève conjointe.
Florence Pugh, Susan Sarandon, Colin Farrell, Elizabeth Banks, Amy Adams, Tommy Dorfman, Kerry Washington, ou encore Jesse Eisenberg... Plusieurs célébrités, acteur.rices et cinéastes, ont par ailleurs été aperçu.es brandissant des pancartes en manifestation. D'autres ont montré des signes de soutien sur les réseaux sociaux, comme Pedro Pascal ou bien Jennifer Coolidge.
À la veille du début officiel de la grève entamée par la SAG-AFTRA, le cast d'Oppenheimer (Cillian Murphy, Emily Blunt, Matt Damon, Florence Pugh et Robert Downey Jr)avait quitté la salle de cinéma londonienne dans laquelle était projeté le film en avant-première. Les stars avaient invoqué l'urgence de préparer leurs pancartes pour manifester, avait déclaré le réalisateur du blockbuster Christopher Nolan, selon un extrait du magazine spécialisé Deadline.
En France, l'acteur Louis Garrel a appelé ses homologues à rejoindre le mouvement et s'investir dans cette grève hollywoodienne.
Une autre grève historique en 2007
L'histoire se répète et l'industrie n'apprend pas. Il y a presque 20 ans, déjà, une autre grève des scénaristes avait bousculé Hollywood et le monde du petit écran. Les grévistes réclamaient alors une augmentation de leurs droits d'auteur sur les supports numériques alors émergents, comme les sites de téléchargement, de streaming ou même les jeux vidéos inspirés de l'univers de leur production.
Des super-productions de l'époque, comme les séries cultes Lost, Dr House, Breaking Bad, Desperate Housewives, The Office, Prison Break ou encore Grey's Anatomy avaient été drastiquement raccourcies. Par endroits, les showrunners demandent mêmes à leurs acteurs d'écrire eux-mêmes les scripts des épisodes manquants. Certaines saisons correspondant à cette période de disette comptent par ailleurs parmi les moins appréciées des spectateurs car décousues ou comptant un scénario abruptement résolu.
Au terme de 100 jours de protestation, qui a coûté 1,9 million de dollars aux chaînes américaines et 1,5 milliard de dollars à l'économie de Los Angeles, comptabilisait le magazine Variety, la WGA a accepté le contrat de l'AMPTP. Ces longues négociations avaient fini par déboucher sur une augmentation de 3,5 % de la rémunération des scénaristes et des réalisateurs.